Iñigo Urkullu est arrivé à l’heure depuis Saint-Sébastien, par le topo. Puis d’un pas s’est dirigé vers la gare SNCF d’Hendaye. Chaque année, ce sont un million d’usagers qui, comme le lehendakari de la Communauté autonome basque, arpentent cet espace commun entre nord et sud de la frontière basque.
En dix-huit mois, le parvis de la gare a fait sa mue pour devenir le Pôle d’échange multimodal Elgarrekin(ensemble), inauguré lundi 27 juin 2022. Un projet qui a mobilisé toutes les collectivités organisatrices des transports, réunies autour d’une…
En dix-huit mois, le parvis de la gare a fait sa mue pour devenir le Pôle d’échange multimodal Elgarrekin (ensemble), inauguré lundi 27 juin 2022. Un projet qui a mobilisé toutes les collectivités organisatrices des transports, réunies autour d’une même priorité qui irrigue aujourd’hui les politiques publiques : la transition écologique, en l’occurrence par la réduction de la place de la voiture dans les déplacements, au profit d’une intermodalité entre transports en commun et autres moyens de mobilité douce.
« Chaque jour, ce sont 45 000 véhicules en hiver, le double en été qui franchissent la frontière, résume le maire d’Hendaye, Kotte Ecenarro. En face, on ne compte aujourd’hui que 2 000 voyageurs ferroviaires. » Ne reste qu’à comparer aux 10 000 actifs qui travaillent de part et d’autre de la Bidassoa et se dessinent déjà les objectifs à atteindre, pas éloignés de ceux envisagés par l’agglomération Pays basque, d’une augmentation de 50 % du trafic ferroviaire à horizon 2030, en parallèle d’une grosse contraction de la part de la voiture.
Sur le territoire transfrontalier, où les usagers « n’ont cure des frontières administratives », comme le rappelle le président du Conseil départemental 64, Jean-Jacques Lasserre, cela passe par une concrétisation de l’intermodalité. Le PEM d’Hendaye conjugue ainsi transport ferroviaire, bus, taxi, vélo (avec une liaison en piste cyclable vers la Vélodyssée) pour une offre qui intègre les déplacements à échelle locale et extra-locale : « Pour le train, ce sont cinq allers-retours en TGV entre Paris et Hendaye, mais aussi une augmentation de 8,1 % des TER en service annuel », illustre Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares et connexions.
La ligne 31 du réseau Txik Txak met, quant à elle, la gare d’Hendaye à sept minutes du centre-ville d’Irún : « C’est cette centralité transfrontalière, qui fait de ce PEM un exemple », poursuit Marlène Dolveck.
« Il faut maintenant que les usagers s’emparent de cette offre et j’espère que les jeunes montreront l’exemple », souhaite Kotte Ecenarro. Parce que, comme l’ont souligné tous les intervenants, Elgarrekin n’est pas une fin en soi.
La suite, c’est la poursuite du déploiement du principe même de Pôle d’échange multimodal. Celui de Bayonne a été parmi les premiers. Doivent suivre Saint-Jean-de-Luz et Biarritz. Souffrant d’une image peu reluisante, les quartiers de gare apparaissent désormais comme centraux en ville. Tous les invités lors de cette inauguration ont souligné la réussite de la requalification de celui d’Hendaye, qui a accompagné le projet Elgarrekin. Y emmener habitants et usagers est un premier pas. Leur proposer une réelle offre intermodale, c’est en cours, même si les décideurs seraient parfois inspirés d’aller voir ce qui se fait ailleurs.
Reste l’essentiel : le train, articulé entre usages du quotidien et plus exceptionnel. Il fut ainsi question de cadencement, de RER basque, de troisième rail que l’on voit poindre en Espagne… et de LGV, par le biais d’une seconde ligne. « Ici, nous n’en voulons pas » a asséné le maire d’Hendaye Kotte Ecenarro en direction du président de la région Nouvelle-Aquitaine et fervent défenseur du projet : « C’est pourtant indispensable si nous voulons assurer le report modal de la voiture et des camions vers le rail », assume ce dernier.