Alors que la perspective d'un nouveau confinement "serré" semble se rapprocher, les Toulousains oscillent entre l'abattement, la résignation et pour certains, la désespérance.
En France, le nombre d’hospitalisations liées au virus est monté à 27 169 personnes mercredi 27 janvier (+128 par rapport à mardi) et le ministre de la Santé Olivier Véran et le directeur général de la santé Jérôme Salomon vont prendre la parole, ce jeudi, en début d’après-midi, quatre heures plus tôt que d’habitude. Le nouveau confinement dont il est fortement question depuis plusieurs jours sera-t-il annoncé, ou évoqué ? Nul ne le sait mais à Toulouse, c’est avec anxiété mais aussi une certaine résignation que l’on attend de nouvelles mesures.
Comme beaucoup, cette Toulousaine interrogée dans la rue, ce jeudi matin, dit faire confiance au gouvernement. “S’ils prennent cette décision, malheureusement, c’est qu’ils n’ont pas le choix. J’espère seulement que ça ne sera pas trop strict, qu’il y ait un peu d’économie qui marche”, explique-t-elle.
Cet artisan ne dit pas autre chose : “J’essaie de faire confiance, parce que ce n’est pas rien, le Covid…“. 
Les jeunes gens rencontrés sont plus partagés : “Un confinement supplémentaire, non merci. Même si ça ne changerait pas grand-chose, je suis en distanciel depuis septembre“, confie cette étudiante. “La santé de tous, c’est important mais c’est difficile pour les étudiants, les restaurateurs…“, ajoute un autre étudiant.
Cela va faire du mal aux commerçants mais s’il faut le faire pour sortir de tout ça, ce sera une bonne chose.
Une Toulousaine
Un nouveau confinement – s’il est décidé – concernera-t-il les écoles, les collèges et les lycées ? Au SNES-FSU, syndicat d’enseignants, il n’est pas question de nier la réalité. “Dans les établissements, le virus circule de plus en plus“, explique Pierre Priouret, secrétaire départemental SNES-FSU. “Dans l’académie de Toulouse, plusieurs établissements sont actuellement fermés car rien n’a été renforcé. On est peu ou prou sur les dispositions qui découlaient du mois de novembre. Il y a des dédoublements dans certains lycées mais pas tous et nous avons la problématique des collèges qui reste entière, tout comme celle des cantines pour lesquelles rien n’a été réglé“.
Rien n’a bougé depuis novembre.
Pierre Priouret, SNES-FSU
L’enseignant le reconnaît : l’angoisse, l’inquiétude sont palpables chez les élèves qui ont du mal à rentrer dans les apprentissages, après une année chaotique. “On ne souhaite pas pénaliser les élèves et on est d’accord qu’il faut scolariser le plus possible mais dans les meilleures conditions. On avait demandé des moyens supplémentaires qu’on n’a pas eus“. 
La perspective d’un reconfinement serait un nouveau coup très dur porté aux entreprises. Pour Samuel Cette, président de la CPME (confédération des petites et moyennes entreprises) de Haute-Garonne et d’Occitanie, le moral est déjà au plus bas. “L’ensemble des entreprises avec lesquelles nous sommes en contact fait référence à une forme d’abattement et dans pareille situation, il s’agit de ne pas confondre l’abattement avec l’acquiescement, c’est-à-dire que chaque entrepreneur essaie autant que faire se peut de maintenir son activité“.
On sait que ces “Stop and Go” sont susceptibles d’attenter gravement à la pérennité de nos entreprises puisqu’il s’agit de relancer à chaque fois et que la clientèle, pour des raisons qu’on peut largement comprendre, n’est pas forcément au rendez-vous.
Samuel Cette, président CPME 31
Pour Samuel Cette, et d’après une étude réalisée récemment par la CPME, “50 % des prêts garantis par l’Etat qui ont été utilisés ne seront probablement pas remboursés par les entreprises qui ont pu s’endetter grâce à des moyens considérables développés par l’Etat et qui ne sont pas contestables, mais qui ont eu pour effet d’endetter fortement nos entreprises, sans que ces dernières ne puissent créer de la richesse“. 
Qu’est-ce que peut faire une entreprise qui n’est pas en capacité de rembourser ses crédits ? C’est simplement le droit de mourir un peu plus tard.
Samuel Cette, président CPME 31
Un troisième confinement détériorerait définitivement la situation de ceux qui arrivent un peu à perdurer, à sortir la tête de l’eau, alerte le président de la CPME 31. “Chaque confinement est une atteinte à l’environnement économique“.
Il faut arriver à donner de la perspective dans un environnement qui, lui, ne le permet pas.
Samuel Cette, président CPME 31
Et Samuel Cette d’évoquer la désespérance de certains chefs d’entreprise : “La désespérance, c’est quand on ne voit pas d’issue positive à très court terme“, explique-t-il. 
Ce jeudi 28 janvier, Pierre Goguet, le président des chambres de commerce et d’industrie de France, a lui aussi alerté les pouvoirs publics : “On est arrivé à un seuil de résistance psychologique de nos commerçants. Personne ne le supportera. On a des détresses morales extrêmement graves“.
 

source

Catégorisé: