l’essentiel Entre Lafenasse et Montredon-Labessonnié, une nouvelle usine d’enrobés pourrait voir le jour. Pour les agriculteurs du secteur et les riverains, il en est hors de question.
Sur la route détrempée qui lie Réalmont à Montredon-Labessonnié, apparaît le panneau, « Parc naturel du Haut Languedoc. » À quelques mètres de là, capuches sur la tête, les membres du collectif Stopenrobé81 veulent médiatiser leur colère, face à un projet industriel qui pourrait voir le jour, à quelques pas de chez eux.
« Vous imaginez, on est dans un parc protégé. On apprend que l’usine d’enrobés située en contrebas, à quelques kilomètres de là, à « Peyrebrune » , veut déménager et se développer plus haut, à quelques centaines de mètres, de mon exploitation agricole. » L’entreprise qui gère le site est Tarn enrobés, filiale de SPIE Batignolles, Eurovia et Eiffage. Elle n’a pas voulu répondre à nos questions.

L'usine actuel de l'entreprise Tarn enrobés
L'usine actuel de l'entreprise Tarn enrobés Photo DDM, Marie-Pierre Volle.

Elle travaille à produire du bitume, pour aménager et rénover les routes tarnaises. Anne Viarouge ne décolère pas. « Ici, on fait tout pour être aux normes environnementales pour le bien-être de notre bétail et de nos terres. Je fais partie de la marque « les éleveurs du Sud-ouest ». Là, je vais faire face à une usine d’enrobés, avec toutes les pollutions qu’elle génère. Je me sens en porte-à-faux, démunie. »
Même tempo du côté d’Aline Coutarel, associée en Gaec, sur une exploitation bio. « Nous sommes tous de jeunes agriculteurs. En apprenant ce projet, on a proposé d’acheter ces terres à la Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural.) Il nous semble que l’on était prioritaire. Ce sont des terres agricoles. Et bien non. Elle a préféré les vendre à Tarn enrobés. »
Elle ajoute : « Nous sommes une ferme pédagogique. On accueille des groupes d’enfants pour leur apprendre la nature, la production bio. Avec une telle usine à côté, il y a un problème éthique. Sans oublier qu’ils veulent créer un rond-point pour faire sortir les camions. Un rond-point en pleine nature. C’est du délire. »
Le nœud du problème est le déplacement de l’usine existante de production d’enrobés. « Là où elle se situe, l’entreprise ne peut plus se développer. C’est pour ça qu’ils ont acheté d’autres terrains en contre-haut de la carrière de Bessac. Les granulats (graviers et déchets de routes) pourront arriver sur le nouveau site par tapis roulants », décrit Noël Lassalle.

Le collectif Stop enrobé 81 devant le champs où pourrait être construite la nouvelle usine.
Le collectif Stop enrobé 81 devant le champs où pourrait être construite la nouvelle usine. Photo DDM, Marie-Pierre Volle.

« On ne veut pas de ça. Déjà cet été, il était impossible de respirer convenablement, avec cette brume noirâtre qui enveloppe notre vallée. Je suis asthmatique. Je vous promets que j’étais obligé de fermer les fenêtres tous les soirs, pour pouvoir dormir normalement. Avec ce nouveau site plus grand et plus proche, je n’imagine même pas mon quotidien », renchérit Jean-Luc Honoré. « On sait très bien que ces usines balancent dans l’air des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) volatiles, très dangereux pour l’homme », s’énerve Noël Lassalle.
L’usine existante date de 1993. « Tout se passait convenablement avec eux, sauf depuis deux ans, où la pollution est devenue plus marquée. Mais là, en pleines terres agricoles, c’est n’importe quoi », s’énerve Anne Viarouge
« C’est pareil pour l’immobilier. Qui va venir s’installer ici », reprend Jean-luc Honoré. Aujourd’hui, le collectif a réuni plus de 21500 signatures de soutien pour leur pétition. Le 2 décembre, une réunion sera organisée avec l’entreprise et les élus de la communauté de communes. « J’espère que l’on en saura plus à ce moment-là. Quoi qu’il arrive, on restera mobilisé jusqu’au bout. »
Jean-Paul Chamayou, maire de Montredon-Labessonié, ne se montre pas hostile face à ce projet, mais se remet aux services de l’Etat, pour connaître l’impact environnemental.« Nous sommes depuis quelques mois dans la période de l’enquête environnementale gérée par les services de l’Etat. On connaît leur pointillisme sur ces dossiers. Je leur fais entièrement confiance », reconnaît le maire de Montredon-Labessionnié, Jean-Paul Chamayou. L’édile est aussi responsable de l’économie au sein de la communauté de communes Centre Tarn. Il avoue ne pas être contre ce projet. « Ce n’est pas la création d’une nouvelle usine. Elle déménage simplement d’un site à un autre. Quand on regarde le dossier, on s’aperçoit qu’il sera en contre-haut de la gravière existante, qui apporte la matière première. Grâce à un système de tapis roulant qui fera monter les granulats, on arrêtera une grande partie du trafic des camions. C’est une très bonne chose. »

Il ajoute : « N’oublions pas que l’usine actuelle est en zone inondable » et rappelle qu’économiquement, « ce projet va permettre de conserver de l’emploi sur la gravière. » L’élu se veut pragmatique. « Pour l’instant, rien n’est acté. Passons les étapes les unes après les autres. Puis, on verra. De toute façon, rien de concret ne se fera avant 2024. »
 
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21500 signatures c'est 3 fois plus que le canton n'a d'habitants, ça a du faire signer jusqu'au fin fond des ZAD bretonnes ou poitevines. Rappelons qu'un parc régional, c'est une structure juridique qui n'a pas pour but de sanctuariser le territoire, ce n'est pas un parc national. Ainsi le Sidobre si proche est aussi dans le parc régional avec son industrie prospère de la roche granitique, dont précisément les sous produits peuvent être valorisés par cette usine. (voir la Dépêche du 19/08/2017)
Tout le monde veut de belles routes en France mais ne veut pas d'usines a enrobé
Comment sont ces français qui ne savent pas ce qu'ils veulent pauvre France
Auriez-vous le même avis si une entreprise polluante venait à s'implanter près de votre habitation et de vos terres.
Défigurer et polluer un Parc Naturel n'est pas dans l'air du temps, une autre solution est peut-être possible.

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