Comme un air de début d’automne. Le ciel et l’océan imitent le gris sans âme du pont de l’île de Ré (Charente-Maritime), la température tranche violemment avec les 30 degrés atteints il y a seulement quelques jours. Rien d’affriolant pour ce premier jour du long week-end de l’Ascension, ce jeudi 26 mai. « Ah là, ça sent. Ça sent la mer ! » s’enchante toutefois une touriste, nez au vent près du phare de Saint-Martin. L’île, véritable aimant à vacanciers dès qu’un congé de plusieurs jours s’installe dans l’agenda des…
Comme un air de début d’automne. Le ciel et l’océan imitent le gris sans âme du pont de l’île de Ré (Charente-Maritime), la température tranche violemment avec les 30 degrés atteints il y a seulement quelques jours. Rien d’affriolant pour ce premier jour du long week-end de l’Ascension, ce jeudi 26 mai. « Ah là, ça sent. Ça sent la mer ! » s’enchante toutefois une touriste, nez au vent près du phare de Saint-Martin. L’île, véritable aimant à vacanciers dès qu’un congé de plusieurs jours s’installe dans l’agenda des Français, peut se permettre de voir le soleil prendre sa journée.
Preuve de l’attraction de Ré la Blanche, beaucoup ne sont pas là pour la première fois. « Je suis venue lorsque j’avais une dizaine d’années, raconte Anne-France, accompagnée de son conjoint, David. À l’époque, on traversait avec le bac ! » Un autre temps, et le couple de Rennais, installé dans un hôtel à La Flotte-en-Ré, n’a pas tardé à le saisir. « On est arrivé aujourd’hui (jeudi, NDLR), en même temps que tout le monde, ironise Anne-France. Il y a vraiment beaucoup de monde, je ne m’attendais pas à ce que ce soit un peu la ville ici. Je suis surprise. » Les commerçants, eux, ne le sont pas. Et pour le seul grand week-end du mois de mai, habituellement plus fourni, ils sont prêts. « On s’est préparé en amont, confirme Marjorie, gérante du loueur de vélos Ré Loc, à Saint-Martin-de-Ré. Nous avons eu beaucoup de réservations, essentiellement des couples et des familles avec jeunes enfants. La plupart, soit environ 80 %, ont réservé pour trois jours : jeudi, vendredi et samedi. »
Et ça se voit. Autour des ports de Saint-Martin et de La Flotte, nombreux sont ceux qui tournent en rond, vélo à la main, attendant de trouver une place pour garer leur monture et aller profiter de l’air marin. Ou faire les boutiques. « Ce matin, la rue était noire de monde, indique Claude, un commerçant de la rue Charles-de-Gaulle à La Flotte. Et on sait que le jeudi, ce n’est jamais la meilleure journée. Je ne me fais aucun souci, on va bien bosser. » La grisaille, persistante tout au long de la journée, n’a pas plus entamé la confiance de José, barman chez Madame Sardine, à Saint-Martin. « Le téléphone n’a pas arrêté de sonner, nous avons beaucoup de réservations pour ce midi et ce soir. Souvent, c’est pour deux personnes et on sait que dans ce cas-là, les gens se lâchent plus que quand ils viennent en famille, à six ou sept. Avec des tables à deux ou trois, on fait grimper le ticket moyen. »
Sans être équivalente à une grosse journée de juillet, la fréquentation de l’île – avec bouchons à partir de la mi-journée sur le pont et ralentissement aux abords de Saint-Martin pour accéder au parking Vauban – en a sans doute découragé certains. D’autres ont leur méthode pour profiter des roses trémières en évitant le stress de la foule. « On est venu en décalé », glissent Régis et Ludivine, des trentenaires arrivés mardi, ravis par les possibilités qu’offre l’île en termes de pistes cyclables. Isabelle et Bertrand, habitants de l’agglo rochelaise depuis peu, ont eux choisi la moto pour venir passer la journée. « C’est un paradis sur terre, les gens auraient tort de se priver », sourit Isabelle, pas rabat-joie au moment de constater la belle affluence sur le port flottais.
Rochelais, Stéphane pourrait lui presque passer pour un fou en ville au moment d’avouer qu’il a choisi de profiter de l’île voisine pour l’Ascension. Mais il ne le fait pas comme tout le monde : « deux fois par an, je pose ma voiture avant le pont et je vais à pied jusqu’au phare des Baleines. Je passe la nuit dans le coin et je reviens le lendemain. Je croise rarement du monde sur le chemin, même en cette période. »
Des rues déjà bien garnies, le soleil attendu pour le reste du week-end, comment imaginer autre chose que des terrasses bondées jusqu’à dimanche soir ? La réponse hante les restaurateurs de tout le pays : le manque de bras. « Je ne peux pas ouvrir la salle intérieure et j’ai dix tables dehors que je ne peux pas exploiter, se désole Guillaume, propriétaire du restaurant A la plancha, à La Flotte. Aujourd’hui, nous étions neuf parce que j’ai réussi à aller chercher deux extras, mais nous aurions eu besoin de trois personnes de plus. »
Son établissement, dont la devanture est tapissée d’offres d’emploi, doit fermer un jour et demi par semaine alors que traditionnellement il est ouvert sept jours sur sept. « On perd 20 % minimum de chiffre d’affaires à cause du manque de personnel », peste Guillaume. Avant de retourner au feu, promis de s’entendre jusqu’à dimanche soir.

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