Fin 2021, les Hôpitaux Paris-Est Val-de-Marne avaient présenté un ambitieux projet immobilier de 230 millions d'euros, qui prévoit la modernisation des bâtiments. La reconversion d'une partie du site classé Esquirol à Saint-Maurice (Val-de-Marne) suscite à présent des inquiétudes.
Par Marie Delumeau
230 millions d'euros. C'est le montant estimé de l'ambitieux projet immobilier porté par les Hôpitaux Paris-Est Val-de-Marne (HPEVM), groupement hospitalier de territoire (GHT). Ce dernier rassemble les hôpitaux de Saint-Maurice et le centre hospitalier Les Murets, à La Queue-en-Brie. L'opération de recomposition, qui devrait s'étaler sur 10 ans, bénéficie d'une aide de 97,5 millions d'euros, allouée dans le cadre du volet investissement du Ségur de la santé .
Présenté en décembre 2021, le projet prend peu à peu forme : fin novembre, le Conseil national des investissements en santé (CNIS) va commencer à examiner le dossier. « A la suite de cette étape importante, nous lancerons le concours d'architecte », précisent les Hôpitaux Paris-Est Val-de-Marne.
L'opération de grande envergure s'articule autour de quatre axes : la filière psychiatrique, l'offre de soins de suite et de réadaptation, l'extension de la pharmacie à Saint-Maurice et la création d'une nouvelle antenne de pharmacie à La Queue-en-Brie et enfin la création d'une plateforme logistique.
Le projet immobilier permettra ainsi la modernisation des locaux, qui bénéficiera à la fois aux patients et au personnel. A Saint-Maurice, les bâtiments de l'hôpital national de Saint-Maurice et de l'hôpital Esquirol datent en effet du XIXe siècle. Le site Esquirol, avec ses constructions au style néoclassique, est même classé partiellement aux monuments historiques .
Mais ce dernier, consacré à la psychiatrie, correspond plus selon les HPEVM, « aux attendus de confort hôtelier et d'organisation du parcours de soins du XXIe siècle ». Le maire (LR) de Saint-Maurice Igor Semo argue que la conception des bâtiments, avec leurs longs couloirs, n'est « pas adaptée à la psychiatrie contemporaine qui a besoin de réunir les patients ».
Le plan prévoit ainsi notamment la réhabilitation de deux bâtiments du site Esquirol et la construction d'un nouveau avec une capacité de 110 lits. Sur la partie basse du site, 24.270 m2 de locaux sont considérés comme inadaptés aux soins. Le GHT précise avoir lancé avec la ville « une réflexion sur la reconversion de ces surfaces en activités tertiaires (logement, université, bureaux) dans le cadre du développement des usages mixtes ville-hôpital ». Selon le maire, cette reconversion est nécessaire « pour des raisons de santé, pas pour des raisons économiques ».
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Le projet inquiète les élus communistes du Conseil départemental, qui craignent de « futures opérations spéculatives immobilières ». Dans un communiqué, le groupe Val-de-Marne en commun propose à la place d'en faire un « un lieu de valorisation des pratiques de la santé mentale en y associant les deux facultés de médecine du Val-de-Marne et de Santé publique France ». Il souligne l'histoire du site, où Jean-Etienne Esquirol a introduit une nouvelle approche de la psychiatrie, reflétée dans l'architecture.
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Le maire de la commune assure de son côté qu'un précédent scénario de « programme immobilier en accession à la propriété au prix du marché » a été écarté il y a deux ans. La municipalité et les hôpitaux s'orientent plutôt sur un programme avec « de la diversité », c'est-à-dire avec de l'activité économique, de la formation publique ou privée, ainsi que des logements avec une partie de logements sociaux. L'édile évoque également la possibilité d'y créer un musée de la psychiatrie « avec une pratique muséale contemporaine » et des expositions permanentes et temporaires autour de la santé mentale.
Marie Delumeau
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