Publié
le 17/04/2021 à 19h48
Mis à jourMis à jour
le 01/06/2021 à 17h53
Daniel Lauret
Aux yeux de la centaine de personnes (*) réunies ce samedi 17 avril à Truffy, sur la commune de Faux-la-Montagne, le spectacle est « désolant ». Sur une parcelle de plus de 5 hectares, en pente et donnant sur une zone humide, les arbres ont été quasiment tous coupés, la terre lourdement retournée. Ici, il faudra des années avant de récréer une forêt digne de ce nom. 
« Ce sont des pratiques de coupes rases qui sont d’un autre temps, dénonce Laurent, un membre du syndicat de la montagne limousine. L’industrie pousse à ce genre de pratiques et nous, au syndicat, on essaie de proposer d’autres façons de récolter le bois. » De manière moins industrielle, plus sélective.
« En étalant la coupe, on peut avoir un rendement économique bien meilleur pour le propriétaire, mais aussi pour l’exploitant. » 
Pierre Hoezelle (élu à Faux-la-Montagne)
Pierre Hoezelle, élu à Faux-la-Montagne, abonde : « Tout le monde est perdant dans l’histoire, à part le le fait qu’on récupère assez vite un petit paquet d’argent. Sinon, en étalant la coupe, on peut avoir un rendement économique bien meilleur pour le propriétaire, mais aussi pour l’exploitant parce que là, maintenant qu’il est venu une fois, il peut faire un trait sur cette parcelle pour les 150 ans à venir. » 
Ce qui gêne davantage la plupart des manifestants, au-delà de la coupe, ce sont les essences victimes de l’opération : des feuillus. Ceux qui ont été coupés forment une pile impressionnante de 5 mètres de haut sur une longueur de plus de 50 mètres. « Depuis qu’il y a une intensification de la coupe de feuillus pour le bois énergie, les forêts disparaissent à toute vitesse », constate encore Pierre Hoezelle. De quoi provoquer la colère chez certains manifestants qui n’ont pas hésité pas à déployer une banderole ironique : « La filière bois, la forêt trinque ».
Celle-ci est toutefois essentielle aux habitants du plateau de Millevaches. « Bien sûr qu’il faut que la filière bois continue, reconnaît Laurent, du syndicat de la montagne limousine. La forêt, elle est aussi pour l’homme. Mais elle est aussi pour le vivant en règle générale. Il faut conserver nos forêts anciennes qui sont de véritables puits de carbone. On a besoin de l’oxygène de nos forêts, que l’eau soit filtrée par nos forêts… » 
Comment faire évoluer les pratiques alors ? Par le dialogue, en prenant attache avec les propriétaires des parcelles. 
« Le problème, c’est que beaucoup des propriétaires de ces forêts n’habitent plus dans la région et ne sont plus tout à fait au courant de ce qui se passe »
Laurent (Syndicat de la montagne limousine)
 
Didier, retraité de 64 ans membre de la Ligues de protection des oiseaux, se montre assez remonté : « Vous savez où on est ici ? En ZPS, en zone de protection spéciale natura 2000. On dépense des k euros (sic, des milliers d’euros) sur le PNR (Parc naturel régional) et on protège rien ! »  
La maire de Faux-la-Montagne, Catherine Moulin embraye : « D’un côté on nous parle biodiversité, de l’importance pour la planète de garder des arbres par rapport au changement climatique, pour la faune, la flore. Et d’un autre côté, on donne des aides pour raser les peuplements qu’on appelle pauvres et pour réadapter des plantations : on marche sur la tête. »
Pourquoi les Creusois sont-ils autant attachés à leur paysage ?
Son homologue Thierry Letellier, de la commune voisine de La Villedieu, dénonce  le « court-termisme » des exploitants forestiers : « Ils pensent seulement à amortir le matériel et payer les salariés. Nous on a envie de garder des paysages avec de la forêt naturelle. La planète n’a jamais eu autant besoin d’écosystèmes forestiers. Le douglas, c’est pas un écosystème forestier. Pour moi, c’est pas de la forêt. » Comme Catherine Moulin, il met en exergue le paradoxe des politiques publiques actuelles. « Aujourd’hui, on demande aux agriculteurs de faire des ponts sur les ruisseaux, de parquer les vaches pour ne pas qu’elle aillent boire, il y a des mesures environnementales pour maintenir la biodiversité. »
« Dans les mêmes politiques, on demande à des gens de protéger la nature et de prendre des engagements, et sur le verso de la feuille, on subventionne la filière bois, du matériel pour écraser tout ça et détruire cette biodiversité. »
Thierry Letellier (agriculteur et maire de La Villedieu)
Pierre Hoezelle résume par une métaphore : « On met beaucoup d’argent pour faire les pansements, et à côté de ça, on laisse faire les grosses blessures. »
(*) Des gendarmes postés à Royère de Vassivière ont pu vérifier que les manifestants habitaient bien dans le rayon de 10 kilomètres actuellement en vigueur pour les déplacements.
 
Daniel Lauret
8 commentaires
Christian Colombier a posté le 18 avril 2021 à 20h05
Avant de faire les beaux ,ils feraient mieux de respecter les protections covid. Pas un extrémistes avec un masque .Stop aux donneurs de leçons
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grimmy a posté le 18 avril 2021 à 18h51
Ils ont envie de garder des paysages… constitués des propriétés des autres ! En gros aux propriétaires de payer l’impôt foncier sans retirer de revenus mais en permettant à ces branleurs d’avoir le paysage qui leur plaît. Ils vivent de quoi d’ailleurs ces donneurs de leçons ? Pauvre pays où on se préoccupe plus de dicter à l’autre ce qu’il doit faire plutôt que de s’occuper de soi.
joe doe a répondu le 21 avril 2021 à 23h13 toi tu ne comprends rien à rien…il y a des biens communs et il devrait y avoir des lois pour encadrer, notamment la forêt, les paysages… Ils ne disent pas de ne pas exploiter…ils disent d’exploiter raisonnablement…mais avec des arriérés comme toi…ça va être dur d’avancer. “ils vivent de quoi ??” mais ça te regarde ?? ou est le rapport ?? et toi tu vis de quoi ??
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Claude Petiot a posté le 18 avril 2021 à 09h29
D’un “autre temps” aussi, et tout aussi “désolant” : le non-port du masque !
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phil a posté le 18 avril 2021 à 07h29
On contrôle les manifestants et Monsieur Mélanchon part tranquillement en Amérique du sud ! Peut etre pour replanter des arbres ? Aucun article sur ce déplacement de plus de 10 km
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LaVigie2 a posté le 17 avril 2021 à 21h33
La superficie de forêt ne cesse d’augmenter en France. Il n’y a aucun problème !
joe doe a répondu le 19 avril 2021 à 12h44 Vous n’y connaissez malheureusement rien…et vous parlez, c’est le mal de ce début de siècle…. Il y a forêt et plantation de résineux ou de feuillus exogènes ( chêne rouge,…) Les plantations augmentent mais la forêt meurt . La forêt (locale et gérée durablement) rend de nombreux services écosystémiques et abrite une biodiversité trés importante. Je vous engage à utiliser un dictionnaire afin de comprendre les mots qui vous sont inconnus. Et je travaille dans l’environnement…renseignez vous avant de vous exprimer.
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MonAvis a posté le 17 avril 2021 à 21h21
Il serait temps de faire quelque chose contre ces coupes rases. Mathilde Panot a posé la question récemment à l’assemblée nationale… apparemment, on va encore attendre longtemps avant que quelque chose soit fait. Encore une fois, c’est des asso ou des citoyens qui doivent agir face à un pouvoir sourd, aveugle et-ou manipulé par les lobbies.
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