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Èze est l’un des villages les plus célèbres de la Côte d’Azur par son esthétique, sa situation géographique et son histoire. Mais il est un quartier peu connu, qui véhicule une autre histoire…
Au pied d’Èze-Village, ancien bourg médiéval fortifié situé à plus de 400 mètres d’altitude, le quartier Saint Laurent d’Èze est un bijou du littoral.
“Aujourd’hui, c’est un quartier plutôt résidentiel, explique Patrick Le Tiec, responsable du bureau d’information touristique d’Èze. Mais si l’on se penche sur l’histoire du quartier, il y a beaucoup à découvrir.” Et de nombreux textes confirment cette affirmation. Notamment celui de l’historien G. Casalis, qui mentionne qu’“il y avait dans les environs d’Èze une grotte dite ‘alle saline’ parce que se trouvant à proximité du port où, autrefois, on déchargeait le sel. Elle servait de dépôt au sel que, par diverses routes de montagne, on transportait vers le Piémont et la Lombardie”.
Et Patrick Le Tiec de reprendre: “D’autre part, dans cette région fertile de Saint-Laurent, il y avait autrefois un monastère de Bénédictins dont la partie qui existe encore sert aujourd’hui de chapelle publique”.
Depuis le Moyen Âge, dans le Comté de Nice, le commerce du sel, extrait des salins d’Hyères, était le monopole du pouvoir, d’abord des comtes de Provence, puis des Ducs de Savoie. Bien que la Banque du sel établie à Nice assurait sa conservation et sa distribution, la précieuse denrée était répartie en plusieurs entrepôts.
L’histoire raconte qu’en 1419, les Ducs de Savoie ont établi l’entrepôt général des sels pour les États du Piémont et de Lombardie dans une cavité naturelle sise à Saint-Laurent d’Èze, communément appelée la grotte des salines.
On peut imaginer que ce dépôt servait plutôt à la distribution locale… En effet, ce point de départ supposé vers le Piémont paraît curieux étant donné la configuration des lieux, la difficulté des chemins et la modestie de la grotte. Mais, les Archives départementales conservent un acte signé le 22 février 1742 entre Pietro Antonio Fighiera de Nice et le Révérend Don Jean-Michel Fighiera d’Èze relatif à la vente d’une grotte et d’une partie du passage, libres de toutes charges, servitudes et services spéciaux à l’exception des services royaux et locaux du lieu d’Èze pour une somme de 100 lires.
Ce qui pourrait expliquer la thèse selon laquelle le sel était destiné à l’Italie… Pour avoir une idée des quantités de sel fixées annuellement pour Èze, on peut se référer à l’ouvrage Èze de Charles-Alexandre Fighiera qui mentionne par exemple que pour l’année 1815, Èze a reçu 170 rups de sel et 335 rups en 1817 – le rup valant 7,79kg.
Cette grotte qui se trouve maintenant au pied du remblai de la voie ferrée sur la rive droite à une trentaine de mètres du vallon, couvre une surface de 80m2 environ. De forme rectangulaire de 6mètres sur 12mètres, avec une hauteur sous la voûte d’environ 6mètres, elle est séparée en deux sur toute la longueur par un mur de 3mètres de haut et 40 centimètres d’épaisseur qui devait probablement supporter un plancher.
De fait, les lieux ont été très modifiés par un important remblai lors de la création de la voie ferrée, car initialement la grotte devait être en vue directe de la plage. Cependant, la proximité de la mer et l’humidité qui pouvait en résulter ont dû être un réel obstacle à la conservation de stocks importants de sel à cet endroit. Bien qu’aujourd’hui il ne soit pas possible d’y entrer car elle est murée, on peut apercevoir l’intérieur par les deux petites fenêtres rectangulaires situées en hauteur et constater qu’elle est bien conservée.
Remerciements à Patrick Le Tiec, responsable du bureau d’information touristique d’Èze.
Au XVIIIe siècle, à Eze, on appliquait la gabelle du sel, qui avait été décrétée par le Roi de Sardaigne Victor Amédée II. C’était le gabellot – du mot gabelle – qui était chargé de la vente du sel et d’établir les papiers timbrés. D’après des textes conservés à la Bibliothèque de Cessole de la Villa Masséna de Nice, vers 1837, les Fighiera auraient vendu la grotte et le prieuré de Saint-Laurent, ainsi que plusieurs parcelles, aux comtes de Falicon, vers 1847.
Mais, il semble qu’au fil du temps, bien que les Falicon l’aient fermée à clef, un certain Sieur Rossetti et d’autres voisins n’hésitaient pas à se servir abusivement de la grotte pour entreposer divers produits, en plus du sel. Aussi, le 6 avril 1864, la comtesse Berthe de Falicon a fait une déclaration écrite destinée à justifier la propriété de la grotte.
En effet, Berthe Renaud de Falicon (1809 – 1869) avait, pour 100 000 francs, acheté la propriété de Saint-Laurent d’Èze à son beau-frère le général Frédéric Lovera de Maria. Celui-ci en avait la jouissance par contrat de mariage avec la comtesse Octavie, sœur de Berthe. Outre la grotte, la comtesse avait acquis le prieuré construit au XIe siècle. La chapelle a été restaurée au XVIIe siècle.
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