Sans doute l’un des emplacements commerciaux les plus intéressants dans l’hyper centre de Quimper. La lourde bâtisse à colombages, parée d’un sobre manteau d’ardoise, accueillait jusqu’au début de l’année dernière un magasin de prêt-à-porter à l’enseigne Armand Thierry. Reloué il y a peu, le bâtiment situé face aux halles, au 17, de la rue Saint-François, devrait accueillir l’un des nouveaux centres dentaires du groupe Dentego. Son ouverture est, pour le moment, programmée mi-septembre. Les 120 m2 du rez-de-chaussée et les espaces situés aux étages sont actuellement en travaux.
« Profil recherché : la perle rare. Vous êtes chirurgien-dentiste désireux de travailler dans les meilleures conditions avec une rémunération attractive. Envie de renouveau dans votre activité sans avoir à gérer la partie administrative. Un exercice dédié aux soins à 100 % ! ». Les premières lignes de la petite annonce diffusée sur le site internet spécialisé de la société Dentego, depuis quelques semaines. Car si le navire est bel et bien en cours de construction, il est aussi question de l’armer. « Nous lançons toujours nos centres de soins dentaires de façon progressive », explique Dentego qui table dans un premier temps sur le recrutement d’un ou deux chirurgiens-dentistes. Assistantes dentaires et secrétaire médicale devraient suivre.
Mais dans un panorama cornouaillais qui se distingue par un sévère défaut de chirurgiens-dentistes et une fac dentaire de Brest au maximum de ses capacités, le projet relève tout de même un peu de la gageure.
Le groupe priorise, pour le moment, le recrutement d’un « manager de centre » qui sera chargé de la gestion de l’établissement. Et pose la date d’ouverture du 13 septembre 2022 comme un repère.
En revendiquant « une santé bucco-dentaire accessible pour tous au prix le plus juste », le groupe Dentego surfe sur cette dynamique de désertification médicale. Car, dans ce contexte de tension et sur le papier, le projet apporte évidemment une nouvelle offre de soins contribuant à résorber les files d’attente devant les cabinets dentaires quimpérois. Ici, l’urgence est indiscutable.
Si l’on met de côté l’intérêt immobilier de l’opération, le choix d’implantation en hypercentre viserait donc logiquement à plutôt répondre à une demande de ville.
Pour attirer les chirurgiens-dentistes, Dentego assure un « laboratoire de prothèse dédié, des équipements modernes, un parcours d’intégration pour les praticiens juniors avec les dentistes coachs des formations internes ; un réseau de confrères experts pour partager vos connaissances au quotidien, un binôme avec des assistantes dentaires dédiées diplômées, un secrétariat médical, un planning optimisé et patientèle garantie ». Sans oublier la « rémunération attractive de 27 % à 32 % selon expérience et spécialité ».
Outre les difficultés à recruter des chirurgiens-dentistes, le concept même du centre dentaire soulève quelques questions chez des dentistes cornouaillais : « Les dentistes de ces centres ne sont pas soumis aux mêmes règles que les dentistes libéraux », assure un praticien quimpérois, évoquant une différence majeure sur la traçabilité du soin et donc dans la nature du rapport à la patientèle. Ou encore sur l’application du code de déontologie*, pour la publicité de l’activité, par exemple.
Mais ces interrogations n’expriment pas toutes une défense du statut libéral. Non plus qu’elles ne mettent tous les centres dentaires dans le même sac. Ainsi, par exemple, l’interrogation du modèle économique de ces établissements, souvent constitué en association loi 1901, revient en boucle. De même que celle du véritable objectif, ravivée par le souvenir de l’édifiante affaire Dentexia ayant révélé de dangereuses dérives (soins mal faits ou non réalisés, plaintes de patients en cascade, fermetures pour défaut d’hygiène).
Reste que l’enseigne Dentego ouvrira à Quimper son 76e centre français. Peut-être un gage suffisant de fiabilité.
* Sollicité à plusieurs reprises sur ce dossier, le Conseil de l’ordre des dentistes du Finistère n’a pas donné suite.

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