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Nous avions rencontré Régis et Marylène en mars dernier. Ils venaient d’accueillir Anna et ses deux enfants âgés de 3 et 6 ans. Depuis, la petite famille est rentrée à Kiev. En laissant un grand vide mais beaucoup d’espérance.
Les dessins des enfants trônent dans la bibliothèque familiale, auprès des livres de cuisine ukrainienne qui ont peuplé la maisonnée de joyeux moments de partage. Loin des bombardements et des images d’horreur.
Le jour de son arrivée dans cette maison de Saint-Maurice Pellevoisin, David, 6 ans, n’avait qu’une obsession en dévalant les escaliers : trouver une baignoire où se cacher. « Il était étonné que nous n’ayons qu’une baignoire. On a fini par comprendre que Sergueï, le papa, avait récupéré des baignoires comme couvercles pour protéger sa famille des bombardements », explique Régis.

« Si tu as besoin de nous… »

En 1998, par le biais d’une association humanitaire qui accueille des enfants venant de la région de Tchernobyl, Marylène, qui vivait alors en région parisienne, reçoit Sergueï en vacances. Il reviendra chaque été pendant une dizaine d’années, nouant de profonds liens d’affection avec sa famille d’adoption. « Quand la guerre a éclaté, j’ai tout de suite pensé à lui et à sa famille. Je lui ai envoyé un message en lui disant : “Si tu as besoin de nous, nous sommes là”. »
Quelques jours plus tard, alors que la Russie pilonne la capitale ukrainienne, Sergueï dépose Anna et les enfants à la frontière polonaise. La jeune maman de 25 ans, qui ne parle ni anglais ni français, n’a jamais quitté Kiev. Après un long périple en bus, la famille arrive à Paris où l’attend le fils de Marylène pour les déposer à Lille. « C’était un tel soulagement de les savoir sains et saufs », exprime Marylène.
Le couple réaménage la maison, met sa chambre à disposition et laisse la petite famille s’approprier les lieux. « On voulait qu’ils se sentent comme chez eux, qu’ils oublient la guerre », confient Marylène et Régis, submergés par l’élan de solidarité de voisins devenus des amis au fil des événements.

Symbole de la solidarité qui s’est nouée à Lille: pour aider les réfugiés ukrainiens, Cynthia (à droite), une amie du couple, avait créé un imagier pour faciliter les échanges entre réfugiés et les familles d’accueil.
Symbole de la solidarité qui s’est nouée à Lille: pour aider les réfugiés ukrainiens, Cynthia (à droite), une amie du couple, avait créé un imagier pour faciliter les échanges entre réfugiés et les familles d’accueil.

Avec la barrière de la langue, la tribu communique beaucoup par gestes. Par la musique aussi, grâce à Régis. L’essentiel se passe de mots. À l’image de cette journée à Wimereux où les garçons voient la mer pour la première fois. Ou de ce délicieux Paris-Brest réalisé par Anna grâce au cours particulier offert par une créatrice lilloise.
Au quotidien, le couple ne compte ni son temps ni ses dépenses. « Nous pouvions le faire mais ce n’est pas évident pour tout le monde », observe le couple. Très reconnaissant à l’égard de la ville – qui s’est mobilisée en quelques jours pour exfiltrer des familles en créant un élan de solidarité sans précédent –, il estime que l’aide financière de l’État pour les familles d’accueil arrive un peu tard (lire par ailleurs).
Au fil des mois, une autre réalité s’est installée malgré elle. Une forme d’usure, mêlée à l’absence de perspectives… Marylène et Régis ont croisé beaucoup de familles contraintes de se séparer suite à des soucis de cohabitation  : « Il faut beaucoup de souplesse et de tolérance quand on accueille une famille chez soi. C’est d’autant plus compliqué quand ces personnes n’arrivent pas indemnes… »
Pour Régis, c’est une responsabilité : « Je me sens responsable de cette famille désormais. C’est quelque chose qui vous marque à vie. » « Ce que j’ai fait pour Sergueï à l’époque et ce que nous avons fait pour sa famille, c’est une goutte d’eau qui fait rayonner la France », sourit Marylène.
En mai, Anna, « très patriote », a décidé de rentrer à Kiev pour retrouver son mari et ses parents : « Elle a toujours été très digne mais on la sentait inquiète. Elle culpabilisait beaucoup d’être ici et de savoir ses proches menacés. Nous ne l’avons pas influencée, mais au fond de nous, on voulait qu’elle reste. » Organiser le retour de la famille a été un déchirement. Anna et les enfants ont rejoint la frontière polonaise en bus, avant de prendre le train jusqu’à Kiev. « On ne voulait pas qu’ils voyagent seuls. Par chance, nous avons rencontré une dame qui rentrait elle aussi en Ukraine. Mais c’était une telle angoisse. On ne dormait plus. »
Le jour du départ, beaucoup de larmes ont coulé. Anna et les enfants devaient voyager légers. Mais pas question pour Daniel et David de se séparer du cartable offert par la ville lorsqu’ils ont pris le chemin de l’école.

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