Parce qu’il veut être un citoyen et non plus un élu qu’il promet cependant « ni muet, ni inactif », l’ancien maire n’occupe plus de place au conseil municipal, ni au communautaire, depuis ce mercredi matin.
« M. le maire, je vous informe que j’ai décidé de démissionner de mes mandats de conseiller municipal et, de fait, de conseiller communautaire, à compter du 19 janvier 2022. » La lettre est laconique. Elle est parvenue en mairie ce mercredi matin et est signée Alain Fauconnier. L’expéditeur terminait hier sa lecture qu’il donnait à nos confrères de Midi Libre avec un commentaire adressé à son destinataire : « Il fallait qu’elle soit simple. »
L’ancien maire explique : « J’arrête la vie politique. Je retrouve ma liberté complète. Je n’ai pas le caractère, comme d’autres ont fait parfois, de partir au lendemain d’une défaite. J’ai voulu que les choses se passent bien, malgré le peu d’estime que j’ai pour celui qui a été élu. Mais il l’a été démocratiquement, donc j’ai fait le job correctement, même s’il n’a pas eu la même correction à mon égard. » Et commente sur la question du tempo : « Les activités qu’ils ont eues jusqu’à aujourd’hui ne sont que de l’héritage, dont certains dossiers qu’ils avaient combattus, et il fallait que je sois présent. Désormais, c’est à eux et je n’ai plus à être là. » Alain Fauconnier en est sûr : « Je serai plus utile, plus libre, à l’extérieur du conseil, comme citoyen engagé, plutôt que comme élu de la minorité. » Pour autant, n’est-ce pas une révérence inélégante pour ses 1 432 électeurs de juin 2020 ? « Je serais allé au bout si j’avais été élu, mais il s’est passé ce qu’il s’est passé. Les conditions ont changé. Entre-temps, je me suis appliqué à faire que la relève soit là. Nous avons un conseiller régional de la majorité très jeune qui va faire le job ; aux dernières cantonales, un duo plus connu s’est lancé et a fait un très bon score. » Une “place aux jeunes” claire qu’il résume ainsi : « Il ne faut plus qu’il y ait l’ombre portée d’Alain Fauconnier. Il fallait que ça cesse. »
Mais que l’homme qui aspire à désormais moins de lumière ne fasse pas croire qu’il va abandonner la politique. Il répond à cette question : « Jamais. J’abandonnerai quand on dévissera les poignées du cercueil avant de rentrer dans la flamme. Je resterai ni muet, ni inactif, mais comme militant socialiste. »
Élu depuis plus de 40 ans, Alain Fauconnier franchit « cette autre étape » désirée et réfléchie. « Maintenant, c’est terminé », réaffirme-t-il, tout en portant « un regard différent » sur les dossiers qu’il suivra bien entendu.
Mais, est-ce que, avec le recul, cela a été dur pour lui cette défaite de 170 voix d’écart ? « Quand je me suis représenté, je savais que ce serait un combat. J’avais dit à Pierre Chevalier (médecin anesthésiste réanimateur au centre hospitalier Émile-Borel durant 32 ans, NDLR) qu’il valait mieux que ce soit moi qui y aille. “Si je perds, ça ne gênera personne, on aurait dit, il est vieux, c’était le coup de trop… En revanche, si c’est un jeune qui perd face à un pseudo-jeune, cela aurait été la première bataille perdue” lui avais-je confié. Il m’avait répondu que, politiquement, j’avais raison, mais que je me trompais quand j’avais ajouté “Je m’en fous de perdre. En 42 ans, j’ai eu autant de défaites que de victoires”… Il m’a dit que cela faisait partie de mon quotidien et que je serais plus bousculé que ce que je le pensais. Il avait raison. »
En effet, Alain Fauconnier avoue que si « cela ne m’a trop rien fait au début, ça m’a ensuite manqué. Et puis, ce p… de Covid fait que tu ne peux pas bouger. Si j’avais pu partir quinze jours à la pêche en Irlande ou trois semaines au Maroc, cela aurait pu être différent. » Car les jours passent, mais rien ne change : « Même aujourd’hui, quand je vais en ville ou sur le marché, les gens me demandent encore comment va M. le maire… »
Encore plus libre dans sa parole de désormais citoyen, Alain Fauconnier lâche encore : « Même en respectant le choix des citoyens et sans enlever le jugement que je porte sur celui qui m’a succédé, j’ai du mal à saisir sa colonne vertébrale, ses convictions. Comme dirait Edgar Faure : “Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent” et il y a des sujets qui ont besoin d’une conviction, d’une ligne. Quand il n’y en a pas, c’est compliqué. »
Et de conclure : « Là, je lâche, point barre. À l’âge que j’ai maintenant, ça me surprendrait que cela soit apocalyptique. »

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