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L’île, qui compte environ 18.000 personnes l’hiver, a vu débarquer, comme au mois d’août, plusieurs milliers de citadins, venus se réfugier loin du continent pour télétravailler.
Un «déferlement» pour les plus tolérants, une «invasion» pour les plus outrés : l’arrivée en masse des «75» venus passer le confinement contre le coronavirus dans leurs résidences secondaires a alerté les habitants de l’Ile de Ré.
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«Macron a déclaré que nous étions en guerre : nous allons voir si les Rhétais ont l’étoffe de héros de guerre !». Vendredi 13 mars, trois jours avant l’annonce du chef de l’État, Alexandra, mère de 4 enfants, assure avoir senti venir le confinement : «Nous vivons en Autriche, où, à cause du coronavirus, tout était déjà très réglementé. J’ai obligé mes enfants, éparpillés un peu partout dans le monde pour leurs études, à rentrer en France avant que les frontières ne ferment. On s’est tous retrouvés à l’île de Ré, où se trouve notre maison, pour passer le confinement ensemble». Alexandra fait partie des premiers «migrants du coronavirus» à arriver à l’île de Ré : «Alors que nous avons notre maison ici et que nous n’avons pas d’autre logement en France, les Rhétais nous considèrent comme des étrangers. Pire : peu importe d’où nous venons, nous sommes des ”c****** de Parisiens”. Je ne suis pas venue en France me protéger ou fuir quelque chose. Je suis simplement rentrée chez moi. Quoi qu’en disent les Rhétais, je suis ici chez moi, c’est ma maison».
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À peine arrivés, les «secondaires» se seraient précipités sur le magasin Leclerc de la «capitale», Saint-Martin-de-Ré, un des plus grands magasins de l’île. «C’était hallucinant, les gens se sont rués à Leclerc et Intermarché, ils étaient très indisciplinés, il n’y avait plus rien dans les rayons», raconte au Figaro Charlotte, une Rhétaise habitant à Saint-Martin. «Les clients prenaient des produits dans les caddies des autres, on se serait cru en temps de guerre». La tension est telle que la gendarmerie a dû intervenir au sein du supermarché.
Les boulangeries ont également été prises d’assaut. «Plus de pain à 10 heures du matin dans la boulangerie de mon village», a tweeté Thierry, un habitant de l’île. «Les Parisiens sont arrivés cette nuit en masse et ce matin, en terrain conquis, ils ont vidé les rayons de la supérette». Au début du confinement, des Rhétais ont également aperçu des familles entières se promenant à vélo, d’autres pique-niquant sur la plage. «On n’est pas adapté sur île de Ré à recevoir autant de monde avec ce virus !!!!! L’hiver il y a à peine 3 médecins pour l’île !!!!!!», a déclaré Anne-Laure sur sa page Twitter. D’autant plus que l’hôpital le plus proche se trouve de l’autre côté du pont, à La Rochelle, et il n’est pas mieux préparé que les autres.
Lionel Quillet, président de la communauté de communes de l’île de Ré, a alors demandé aux maires d’«interdire les liaisons cyclables de ville à ville et les sports nautiques». «On n’est pas en vacances, on est en confinement», a martelé le maire de la Couarde-sur-Mer, commune de 1100 habitants. De son côté, l’Autorité régionale de santé a validé la réouverture de l’hôpital d’été de Saint-Martin-en-Ré, qui n’est là en général que pour absorber l’afflux massif des estivants. «On ne veut pas revivre un scénario à l’italienne», explique Charlotte, aujourd’hui totalement confiné après avoir contracté le Covid-19, «il faut que les gens adoptent l’attitude “confinement”».
Plus que l’arrivée en masse des Parisiens, c’est en effet leur comportement qui déstabilise le plus les Rhétais. «La société de ménage avec laquelle mon entreprise travaille m’a informé que des femmes de ménages avaient été contactées par des résidents leur demandant de vite venir faire le ménage “pour que la maison soit prête quand on arrive”, alors qu’on est en plein confinement!», s’indigne Charlotte. Tiphaine, employée chez Leclerc, se dit quant à elle «ébahie» de voir les clients lui demander «si nous avons des jouets de plage ou des jouets pour la piscine».
«Vous allez saturer les petits supermarchés ! Vous allez répandre le Virus ! Vous allez saturer les urgences de La Rochelle bande de Guignols ! Bande d’abrutis !», «Il n’y aura pas de place pour autant de cons», «Vous nous emmenez le virus», «Allez passer vos vacances ailleurs», «Vous allez saturer nos hôpitaux», «À cause de vous, on aura plus de quoi manger et plus d’Internet», s’indignent les insulaires sur les réseaux sociaux. «Certes, je ne concède pas le fait que des gens débarquent comme ça et se croient en vacances, mais, à voir tous ces commentaires et ces posts, je suis un peu dépitée. À tel point qu’à un moment donné, on ne voulait plus regarder Facebook avec mon mari», admet Charlotte.
Un groupe Facebook en particulier divise la population. Sur «Rhétais-Rhétaises», les commentaires haineux fusent et les débats sont houleux. Un internaute publiant des photos de ce qu’il voit en allant chercher son pain à la boulangerie s’est ainsi fait reprendre par toute la communauté : «Comment osez vous aller chercher votre pain à la boulangerie? Vous ne pouvez pas prendre plusieurs baguettes au supermarché??», «Vous êtes censé être confiné!». D’autres commentaires de ce genre fleurissent au gré des publications dénonçant l’arrivée des «étrangers» : «Vous aurez la mort de nos parents sur vos bras !», «Rentrez chez vous!».
«C’est une haine que je vois déferler sur les réseaux sociaux depuis 3 ans maintenant. A chaque vacances d’été, on n’échappe pas aux commentaires incessants : on ne sait pas faire du vélo correctement, on abandonne nos poubelles dans la rue…», constate Alexandra, qui a acheté une maison sur l’île il y a quelques années. «Il y a clairement tout un déferlement de haine contre les résidents non permanents sur les réseaux sociaux qui s’est intensifié avec le coronavirus».
«Depuis le début du confinement sur l’île de ré , j’ai l’impression d’être l’incarnation du virus. On me regarde mal, on me parle mal. Je ne me sens même plus chez moi», s’inquiète Audrey sur Twitter. «On ne peut pas critiquer les résidents secondaires, ils ont tout à fait le droit de venir se confiner chez eux. C’est logique de préférer être bouclé dans une maison avec jardin que dans un appartement en ville» tempère Patrice Déchelette, le maire de Saint-Martin. Charlotte acquiesce : «Bien sûr nous condamnons ces comportements irresponsables, mais malgré tout ils sont chez eux, c’est leur maison». D’autant plus que ces «comportements irresponsables» ne sont pas l’apanage de tous les nouveaux arrivants : «Certains clients Rhétais aussi ne respectent pas les mesures de sécurité, ils viennent avec toute leur famille au magasin», rapporte Tiphaine.
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«Ce genre de petites guerres, ce n’est pas nouveau sur l’île. Déjà, quand on a acheté la maison dans les années 50, c’était la guerre des boutons», rapporte au Figaro Cécile, qui vient régulièrement à Sainte-Marie, dans la maison familiale. «Mais c’est avec la construction du pont que tout a vraiment changé : certains Rhétais se sont sentis dépossédés de leurs terres, d’où la rancœur chez certains. Après, tous les estivants ne sont pas les mêmes». Sa sœur, Louise, acquiesce : «Nous sommes dans le village le moins «touristique» de l’île et sommes membres d’une famille qui vient depuis 4 générations. Nous connaissons bien les locaux, ils ont connu nos parents et grands parents, donc en ce qui nous concerne nous sentons au contraire un accueil très amical et une solidarité». Son cousin Alexis assure toutefois avoir essuyé quelques remarques de Rhétais qui regrettaient l’arrivée de Parisiens qui «allaient leur apporter le virus», et qui auraient préféré qu’ils restent chez eux.
Les commerçants seraient également ravis de l’arrivée de ces «secondaires». «Le début de la « saison » devait s’annoncer en l’absence des Parisiens et autres Bordelais. Cela aurait été une catastrophe pour tous les commerçants de l’île qui vivent pendant les périodes creuses sur le business fait pendant les hautes saisons. Ceux que nous fréquentons nous disent plutôt être soulagés d’avoir quelques personnes en plus des locaux», assure Louise.
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«Les Parisiens, comme les Rhétais, sont Français, je ne pensais pas que l’on devait considérer qu’il y a des frontières régionales en France et que certains devraient ne pas être bienvenus dans leur propre pays, dans leur propre maison», estime Louise, «Et beaucoup de résidences secondaires ne sont pas, contrairement aux idées reçues, possédées par seulement des Parisiens mais par des Rochelais ou des Poitevins», ajoute-t-elle. De son côté, Alexis assure avoir la désagréable impression que «les gens restés en ville souhaitent que ces départs soient un grave problème pour valoriser leur sacrifice et que leur pénibilité ne soit pas vaine. On dirait qu’ils cherchent un «ennemi» pour prendre en ces temps de «guerre» le rôle des collabos de la précédente guerre».
Papillon181024
le
Wow.Quelle ambiance.Les “insulaires” reprochent aux parisiens d’avoir dévalisé les supermarchés aux alentours mais si ils allaient rester confinés en famille pendant 15 jours,il fallait bien qu’ils fassent de grosses courses,non?
Ce sont les supermarchés du coin qui auraient dû limiter l’achat à 3 produits par catégorie devant l’afflux des 5000 parisiens,voilà tout.
Coutrot Olivier
le
Une solution : exiger le rattachement à Saint-Vincent-Granadines et Ré !
AZE ARI
le
En voilà un bon exemple..! Elle a tout dit. La migration..!
L’auteur est accusé d’«incitation à la haine» dans son dernier entretien avec la revue Front Populaire sur les musulmans de France.
Dès ce mercredi, Emmanuel Macron avait demandé à son gouvernement «des mesures adaptées de protection» des Français pour faire face à la flambée épidémique en Chine.
ENQUÊTE – Le grand mosaïste slovène, prêtre jésuite qui a restauré de nombreuses églises est accusé de multiples agressions sexuelles sur des religieuses.
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«Allez passer vos vacances ailleurs»: l’île de Ré accaparée par les Parisiens
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