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Après trois semaines de débats "extrêmement forts et douloureux", la cour d'assises spéciale de Paris doit rendre mercredi son verdict à l'encontre des accusés au procès de l'assassinat du prêtre Jacques Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray, en l'absence des principaux protagonistes.
Les trois accusés présents dans le box sont des membres de l’entourage des deux jihadistes de 19 ans Adel Kermiche et Abdel-Malik Petitjean, qui avaient fait irruption dans l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), le 26 juillet 2016. Ils avaient été tués par la police peu après l’attaque.
Lundi, l’accusation a requis entre sept et quatorze ans de prison pour trois des accusés aujourd’hui âgés de 25, 36 et 27 ans, poursuivis pour “association de malfaiteurs terroriste”. Au fil des audiences, tous ont formellement démenti avoir su que les deux jeunes allaient passer à l’acte.
La perpétuité pour “complicité” du meurtre a été requise contre un quatrième homme, absent: l’instigateur présumé de l’attaque, le propagandiste français Rachid Kassim, présumé mort en Irak.
Le procès aura offert “trois semaines de débats extrêmement riches, sur le plan humain comme sur le plan judiciaire”, a estimé Catherine Favre, avocate du diocèse de Rouen.
Les deux premières journées, consacrées à la personnalité des accusés, ont mis en évidence des points communs aux trois, Jean-Philippe Jean Louis, Farid Khelil et Yassine Sebaihia: un père absent, un parcours scolaire compliqué, une quête religieuse assouvie auprès de “l’imam Google” et un glissement rapide vers la “jihadosphère”.
Puis le procès s’est centré sur le récit du 26 juillet par les enquêteurs et les témoins, la projection des photos des mutilations du prêtre de 85 ans atteint par neuf coups de couteau à la gorge et au thorax, et la diffusion d’un message audio glaçant d’Adel Kermiche, appelant à commettre des attaques en France d’une voix calme à peine sortie de l’adolescence.
Ces “moments extrêmement forts et douloureux” ont aussi alterné avec des “moments lumineux, comme suspendus dans le temps”, a estimé l’une des avocates générales, Saliha Hand-Ouali, saluant les témoignages “d’une humanité exceptionnelle, d’une justesse absolue” de la famille du prêtre assassiné ainsi que de Guy Coponet, le paroissien que les assaillants avaient tenté d’égorger, et de Dominique Lebrun, l’archevêque de Rouen.
Beaucoup ont en particulier salué la “dignité” de Guy Coponet, venu témoigner malgré ses 92 ans. Il avait fait un récit précis des minutes d’horreur dans l’église, raconté comment il “finissai(t) (sa) prière à Marie” quand les secours étaient arrivés.
Ce “Je vous salue Marie” récité à la barre a constitué “un moment de grâce unique dans un prétoire”, a souligné Antoine Casubolo-Ferro, avocat de l’Association française des victimes du terrorisme (AFVT) et d’une partie de la famille Hamel.
A la douleur des victimes avait succédé le désarroi de la famille des deux jihadistes: la mère d’Adel Kermiche, déplorant s’être retrouvée “seule face à (sa) radicalisation”, et la sœur aînée d’Abdel-Malik Petitjean, s’excusant de n’avoir pas “voulu croire” à sa dérive extrémiste. Après elle, sa mère a maudit les “méchants” qui ont “tué (son) bébé”, mais n’a livré aucune explication sur ses messages où transparaissait son inquiétude concernant les intentions de son fils.
Pour les parties civiles, désireuses de “comprendre” ce qui a mené à l’engrenage fatal, il restera une question qui n’a pas été “définitivement purgée”: celle de savoir si l’attentat aurait pu être évité.
On savait déjà que les deux assaillants étaient fichés “S”, qu’Adel Kermiche était sous bracelet électronique, et qu’un service de renseignement l’avait identifié quatre jours avant les faits, derrière le pseudo de sa chaîne Telegram.
A l’audience, la préfète de Normandie de l’époque a souligné que la “dangerosité” d’Adel Kermiche était parfaitement repérée, et des représentants de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) ont révélé qu’un de leurs agents était directement en contact, anonymement, avec Adel Kermiche.
Même si l’alerte avait été donnée, “nous avions affaire à (…) deux individus remplis de haine qui n’attendaient que l’étincelle de la rencontre pour exploser”, a souligné l’avocate générale, mettant en garde contre la tentation de “raisonner à rebours”.
Au cours de leur interrogatoire, les accusés auront oscillé entre “prise de conscience” et “mise à distance” des faits qui leurs sont reprochés. Selon un avocat des parties civiles, “c’était un peu “cachez ce jihad que je ne saurais voir”.”
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