Joël Castany, aujourd'hui à la tête du conseil d'administration de Cordier by In Vivo revient sur les dernières heures du groupe Vinadeis, et trace des perspectives d'avenir. Il dénonce la rumeur de vente de l'Uccoar.
Que devient le site narbonnais du Val d'Orbieu ?
Le site de Narbonne est vendu. Les bâtiments de l'ex-entreprise Vignerons de la Méditerranée ont été vendus il y a quelques jours à Gérard Bertrand.
Pourquoi à lui ?
Nous avions plusieurs propositions. Parce que c'est une entreprise narbonnaise, que Gérard Bertrand est un acteur leader du coin et qu'il collait à notre cahier des charges économiques. Il récupère un outil en bonne forme, tant au niveau de la cuverie que de l'embouteillage et du stockage.
Je voudrais revenir sur votre départ de Narbonne l'an dernier.
Nous étions face à l'obligation de restructurer notre industrie qui portait sur les trois sites  : Maureilhan, Narbonne et Carcassonne ; c'est celle de Narbonne qui a été malheureusement choisie. À partir de là, le personnel a fait l'objet de procédures assez longues avec l'appui des pouvoirs publics. Une proposition a été faite aux salariés avec le choix pour Narbonne Jonquières, Béziers ou Carcassonne car une partie du personnel, l'administratif, a été réaffectée dans des bureaux à Jonquières. On a été très attentifs la gestion en amont a été correctement réalisée.
Le siège de Jonquières est-il à vendre ?
C'est compliqué. Jonquières ne nous appartient pas. Les gens parlent de choses qu'ils ne connaissent pas. La propriété de Jonquières appartient au Crédit Agricole. Le foncier, 400 ha de landes et le vignoble, est détenu par une SCI dont le Crédit Agricole est l'actionnaire majoritaire. Nous, aujourd'hui devenus Cordier by In Vivo, avons une petite participation, dont "le château".Le vignoble fait l'objet d'un bail emphytéotique en faveur d'une société civile d'exploitation agricole que nous pilotons et ce bail prend fin en octobre 2021. Nous ne sommes pas enclins à la renouveler en tant qu'exploitant. N'oublions pas que la LGV est redevenue d'actualité et qu'elle passe en plein milieu.
Pouvez-vous revenir sur les raisons de la fusion de Vinadéis avec In Vivo Wines pour devenir Cordier by In Vivo ?
Une entreprise régionale, fruit de la fusion avec l’Uccoar n'est pas rentable, elle a de très faibles moyens de développement en matière de marketing, de commerce, de recherche et d’innovation, à tel point qu’à un moment on décide même de fermer l’usine, et que malgré cette fermeture, elle n’est toujours pas la championne de la rentabilité. Elle est très liée aux producteurs dont elle a pour mission d’écouler la production et d’essayer de la valoriser. Elle s'adosse par l'effet d’un partenariat, puis d'une fusion à un leader de l'agroalimentaire français qui a une bonne rentabilité et qui, dans sa vie récente a vendu Néovia, une société pour laquelle il a reçu un prix très élevé. Ce cousin germain dont on est associés en termes d’union de coopératives, dans des réflexions de réutilisation des moyens récupérés dans la cession de Neovia, décide des priorités.
Quelles sont-elles ?
Le retail, (d’où l’achat de Jardiland), une plus forte présence dans le secteur agro alimentaire, (c’est le rachat de groupe Soufflet en cours), l’amélioration de ses performances en matière de trading, être un grand acteur du bio contrôle et devenir effectif dans le vin. Pour ça, il met des moyens au service de la filière vin.
D'où la fusion ?
Ces moyens s'expriment par de la croissance externe, c'est le cas de Vinadéis avec la fusion, et par des moyens amenés dans le marketing, la recherche, etc.
Mais pourquoi acheter des sociétés déficitaires ?
Si elles étaient hyper rentables peut-être n'auraient-elles pas été à vendre ? C'est un mythe qu'on gagne beaucoup d'argent ; la rentabilité globale du groupe Vinadéis est faible à négative suivant certains arrêtés comptables. Car de quoi était constitué Vinadeis ? Trois sociétés plus importantes : Uccoar, Trilles, et Vignerons de la Méditerranée. Puis de Sud Vin et VSI à Béziers, et de la marque Inno'vo. 
Trilles, historiquement, fait preuve d'une rentabilité récurrente, en revanche ne le sont ni Uccoar ni VIM, ni Sud Vin. Aucune société n'est largement bénéficiaire.
Pourquoi ?
C'est le drame de l'activité. Les producteurs qui ont une partie importante à charge sont payés au prix du marché, et n'ont pas de rentabilité.
Et la société hollandaise Baasma Wines, c'est elle qui achète tout le vin des coop du groupe en Languedoc  ?
Pas du tout, son activité est ridicule, In Vivo l'a acheté, pensant à un ancrage en Europe du Nord, mais ils ont déchanté. ça ne représente rien pour nous, à peine 7/8000 hl.  
Vous n'allez pas vendre l'Uccoar ?
C'est totalement l'inverse. Les sites de Carcassonne, Maureilhan et Béziers vont être renforcés au profit de ce développement.
Donc aujourd’hui, les sociétés composant Vinadéis sont déficitaires, mais, au profit de cette fusion, quelles sont les perspectives d'avenir ?
Cela ne peut pas rester déficitaire. L'effet escompté de la fusion, c’est de maintenir cette mission auprès de ses actionnaires, ses sociétaires,  pour arriver à un niveau de rentabilité acceptable pour maintenir l'investissement, une chose, qu'on a connue à une époque. Et qui pour des raisons de marché est difficile aujourd'hui.
 
Gouvernance ? "La question fondamentale, c'est la gouvernance. Celle d'In Vivo est assurée à 100 % par des agriculteurs, je n'ai jamais vu un CA aussi bien structuré et qui fonctionnait aussi bien. La gouvernance de la nouvelle société, dont le siège est à Paris, est une organisation pyramidale des producteurs."
Rémunération des producteurs ? "Je fais un constat, prenons la carte de l'arrachage de ces dernières années, on voit une corrélation entre la survie et le développement des caves qui étaient membres de Val d'Orbieu et celles qui ont disparu ou été absorbées. La question n'est pas de savoir si on paie le vin deux fois le prix, mais que, dans des périodes aussi compliquées que celle qui nous connaissions avant le gel, chaque mois, le producteur reçoive des acomptes. En soi ça paraît ridicule, mais c'est le fondement. A l'intérieur de ça, c'est jamais bien payé, sauf qu'on se rend compte que sur la durée il y a eu une réponse, même si je la considère insatisfaisante souvent, mais qui est la réalité. Ceux qui étaient associés à X ou Y ne sont pas mieux lotis. On mélange souvent le prix payé par un négociant à un autre prix, celui payé par les coopératives, qui ne concerne pas l'unité centrale. Les coopératives distribuent à leurs adhérents en fonction de leur propre gestion. Certains confondent le prix payé de la coopérative avec le prix du marché". 
 
 
 
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Le Val d'Orbieu, une union de viticulteurs qui survivaient en sous-payant les vins des vignerons non adhérents, en oubliant le plus longtemps possible de les payer et en faisant de la plus-value sur les importations de vins espagnols et argentins.

Pire que les pires des négociants : tu faisais une affaire ou deux avec eux, pas trois !
Gérard Bertrand a su mener sa barque et offre des vins de qualités … Son domaine de l' Hospitalet tourne super bien et il a l'esprit d'entreprise et c'est un commercial hors pair . Il en a fait un complexe hôtelier avec spectacles ( avant le covid ) et en plus c'est un beau mec …

En attendant, Gérard Bertrand est l'un des rares qui progresse dans cette région, il est un des seul à porter haut la qualité de nos vins et de notre image. Tout le reste, les coop en tête ne survivent qu'en vendant des bouteilles à bas prix. . .

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