Malgré la mise en place d’une coopération franco-britannique, 250 réfugiés ukrainiens auraient été refoulés par Londres car dépourvus de visa. La France fustige violemment l’attitude de Londres, mais s’attire elle aussi des critiques pour son traitement différencié des réfugiés.
A Calais, le ton monte une énième fois entre les autorités françaises et britanniques. Déjà divisés sur la prise en charge des réfugiés non-européens, les deux pays s’affrontent désormais sur le sort réservé aux réfugiés qui fuient la guerre en Ukraine. Selon un communiqué diffusé par la préfecture du Pas-de-Calais, “depuis le 28 février, 517 ukrainiens ont tenté de se rendre au Royaume-Uni pour rejoindre leurs familles. (…) En dépit des conditions particulièrement dramatiques que rencontrent ces personnes amenées à fuir leur pays, 250 d’entre elles, dépourvues de visas, ont été refoulée par les autorités britanniques.”
Ces personnes sont donc contraintes de se rendre à Paris, ou Bruxelles afin d’obtenir des visas en règle. “Cette situation n’est pas réaliste” jugent les autorités françaises, qui affirment avoir demandé à leurs homologues britanniques de “faire évoluer leur dispositif (…) en adéquation avec l’urgence et la précarité de ses déplacés.”
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, dans une lettre rendue publique à son homologue Priti Patel, a fustigé une “réponse totalement inadaptée” et un “manque d’humanité” de la part du Royaume-Uni. Londres a répondu, sa préoccupation principale résidant dans l’impossibilité de faire un tri entre les réfugiés du littoral. “Si nous ouvrons simplement la porte, nous n’avantagerons pas les personnes que nous devons avantager, les véritables réfugiés, mais je pense que nous minerons aussi le soutien populaire”, a déclaré le ministre de la Justice, Dominic Raab, sur la BBC. Il faut le rappeler : le gouvernement pro-Brexit du Royaume-Uni a été élu en grande partie sur une promesse de maîtriser sa frontière avec l’Union Européenne, et les flux migratoires qui vont avec

Au Royaume-Uni, comme en France, les biais racistes dans le traitement de la question migratoire sont de plus en plus pointés du doigt. “Gérald Darmanin demande aux réfugiés de Calais de donner leur tente aux réfugiés ukrainiens” titre par exemple le journal satyrique Le Gorafi, rappelant la polémique des tentes lacérées. A Calais, la différence se fait sentir entre la logistique mise en place pour accueillir les réfugiés ukrainiens et le traitement réservé aux réfugiés non-européens. Venus du Soudan, d’Érythrée, d’Afghanistan ou de Syrie, ils sont également nombreux à avoir fui des zones de guerre.

Pourtant, l’organisation Human Right Watch, dans un rapport paru en octobre 2021, mettait en avant le “traitement dégradant” qui leur était réservé, citant les opérations répétées d’expulsion massive, le harcèlement policier quasi quotidien et les restrictions pesant sur la délivrance d’aide humanitaire et sur l’accès à cette aide”. Les ukrainiens victimes de la guerre, eux, ont trouvé sur place des hébergements, de la nourriture, et des produits de première nécessité fournis par des habitants solidaires. Et, même encore houleuse, une coordination franco-britannique a été mise en place.
“On aimerait que tous ceux qui fuient la guerre soient traités ainsi. Si les autorités britanniques ouvrent un bureau à Calais, pourquoi serait-il réservé aux Ukrainiens?” plaide ainsi auprès de l’AFP François Guennoc, président de l’Auberge des migrants. 

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