Les prix de l'essence et du gazole dépassent les 2 euros le litre en cette veille de grand départ en vacances, malgré la ristourne du gouvernement toujours en vigueur. Ceux qui partiront en voiture en feront les frais. Sur certains trajets, le coût du passage à la pompe sera 50 % plus élevé que l'an dernier.
Par Hayat Gazzane
Faudra-t-il laisser la voiture au garage cet été ? A quelques jours des grands départs en vacances, de nombreux Français se posent la question. En cause : des prix à la pompe qui affichent des records et aucun signe d'accalmie à l'horizon. En cette fin juin, le litre de gazole, carburant le plus utilisé dans l'Hexagone, est vendu en moyenne 2,13 euros, selon le dernier relevé du ministère de la Transition écologique. C'est plus que le prix de l'essence la plus vendue, le SP95-E10, qui s'affiche à 2,08 euros le litre. Pour ceux qui ont décidé de prendre leur véhicule coûte que coûte, l'addition s'annonce donc salée.
A titre de comparaison, l'an dernier, à peu près à la même époque, le litre de SP95-E10 était vendu 1,52 euro et celui de gazole, 1,42 euro. Les prix d'aujourd'hui représentent donc des hausses de 37 % pour le SP95-E10 et 50 % pour le gazole sur un an. Une flambée qui se répercute dans les mêmes proportions sur le budget carburant des vacanciers.
Pour ce seul poste de dépenses – donc sans même tenir compte du prix des péages qui ont, eux, augmenté d' environ 2 % en février -, un trajet Paris-Cap d'Agde de 762 kilomètres, par exemple, coûtera 27 à 30 euros de plus que l'an dernier. Comptez une vingtaine d'euros de plus pour un Paris-Bordeaux de 584 kilomètres. Et ceux qui effectueront le long trajet Paris-Nice de 934 kilomètres devront s'attendre à débourser presque 40 euros de plus qu'en 2021 s'ils roulent à l'essence et 34 euros de plus au gazole.
L'addition aurait pu être encore plus salée pour les aoûtiens puisque la ristourne de 18 centimes à la pompe, en vigueur depuis avril, aurait dû prendre fin le 31 juillet. Mais le gouvernement a décidé de la prolonger jusqu'à fin août avant de la remplacer progressivement par un dispositif plus ciblé sur les « gros rouleurs » .
Malgré ces prix à la pompe très élevés, 65 % des Français devraient tout de même partir en vacances au volant de leur voiture personnelle, selon une récente enquête Ipsos pour Roole (ex-Club Identicar). « Un seul conseil pour cet été : il faudra fermer les yeux au moment de faire le plein », prévient Pierre Chasseray, délégué général et porte-parole de l'association 40 millions d'automobilistes.
LE REGARD DU JOUR – Prix des carburants : ce n'est qu'un début
Ce dernier plaide depuis plusieurs mois auprès de l'exécutif en faveur d'une baisse de la fiscalité sur les carburants à 5,5 %. « Oui, c'est un produit de première nécessité pour beaucoup de foyers. Cela aurait évité cette flambée à la pompe », selon lui. Mais cette option reste écartée par le gouvernement : « Moins taxer une énergie polluante est anti-écologique », expliquait en mars dans les colonnes du « Parisien » le Premier ministre Jean Castex.
Certains automobilistes tenteront d'alléger leur budget carburant cet été en partant moins loin ou moins longtemps. D'autres auront opté, en amont, pour un changement plus radical en basculant sur une nouvelle motorisation 100 % électrique, hybride, GPL ou superéthanol. « Vendu à 0,85 euro le litre en moyenne, le Superéthanol-E85 est à l'heure actuelle plus de deux fois moins cher que les carburants fossiles classiques », rappelle La collective du Bioéthanol. « Les automobilistes qui optent pour l'E85 peuvent compter sur une économie de plus de 40 % par rapport à un carburant classique comme le SP95-E10, compte tenu d'une surconsommation de 25 % environ », précise cette dernière.
Les stations-service rurales menacées par la flambée des prix des carburants
Dans tous les cas, les automobilistes doivent s'attendre à devoir payer très cher leur carburant pendant encore de longs mois. Malgré une très forte volatilité qui se traduit en ce moment par une chute des prix, le pétrole se maintient à des niveaux élevés et devrait poursuivre son ascension sur le moyen terme. « Avec une demande de produits de base supérieure à l'offre, les marchés restent tendus », rappelle Goldman Sachs dans une note.
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