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Malgré l’issue tragique de l’opération de sauvetage du cétacé en errance dans la Seine, les équipes reconnaissent avoir tenté le maximum. Parmi elles : un trio de Marineland Antibes.
Il n’a pu revoir la mer. Malgré une mobilisation d’ampleur autour de lui, le béluga égaré dans la Seine n’a pas été transporté jusqu’à la Manche. Trop affaibli, le cétacé – baptisé Lys par l’ONG Sea Shepherd – a dû être euthanasié. Décision prise par les six vétérinaires sur place.
Une opération de la dernière chance à laquelle ont participé pas moins de quatre-vingts personnes. Avec chacune, son rôle prépondérant, son expertise. Parmi les spécialistes animaliers: un trio du parc Marineland d’Antibes. Isabelle Brasseur, responsable éducation, recherche et conservation au sein du zoo marin de la Brague, a répondu à nos questions.
Que ressentez-vous?
Je suis sereine parce qu’on a tout tenté. Toutes les décisions ont été prises de manière collégiale. Nous sommes sûrs d’avoir fait notre maximum en fonction des moyens du bord. Nous avons improvisé en termes de logistique. Et nous avons eu de très belles surprises: je pense par exemple à une entreprise de métal qui a créé une caisse de transport et nous l’a livrée dimanche matin.
Avant d’être présents sur place, vous étiez déjà impliqués…
C’est une grande famille le milieu animalier. Nos yeux étaient déjà là-bas. On était informés, on a mis des protocoles d’observation en place aussi pour ne rien rater. Comme l’évaluation toutes les trente minutes du rythme respiratoire de l’animal et on nous envoyait des vidéos. On a beaucoup observé la zone de l’écluse sur Google earth également.
Que se passe-t-il les heures précédant l’opération?
Sortir l’animal de l’écluse était une évidence pour toutes les structures présentes comme Planète Sauvage, Apex… Fermer l’écluse la nuit nous a permis de ne pas perdre de vue le béluga, car suivre un tel animal la nuit est plus compliqué. Nous avons pris la route avec dans le coffre le filet qui a joué un rôle majeur dans cette intervention.
Vous avez dû faire face à de nombreuses contraintes…
Aucun véhicule ne pouvait arriver au bord des berges. Il y a également des angles morts dans l’écluse. Une fois sur place, cela prend une autre dimension. Je découvre aussi que les portes ne sont pas droites, l’une d’elles est inclinée… On adapte notre plan d’action, on fait une liste du matériel nécessaire et l’on imagine différents plans à adapter. À cela s’ajoute l’artillerie lourde de l’État. Là c’est impressionnant. Le commandant chef des opérations de secours nous fait fonctionner en cercles concentriques. En partant des animaliers et en élargissant autour. C’est une technique qui a été très efficace.
Vous avez donc découvert au fur et à mesure les difficultés du milieu: ce qui explique le retard de l’opération le mardi?
Il a fallu à chaque nouvelle information éditer notre plan d’action. Dans le milieu animalier c’est toujours comme ça: s’assurer que votre plan est le meilleur à la lumière de chaque entité. Il est urgent d’attendre d’être prêt. Il était hors de question de commencer sans être certain à 100% de prendre les meilleures décisions. Et oui, cela prend du temps.
Quel comportement avait le béluga lors de l’opération?
Quand on a commencé à restreindre son espace dans l’écluse, il était assez serein. Sauf dans les derniers mètres. Il a mené quelques tentatives pour s’en extraire mais cela a été extrêmement bien mené. Pour ma part, je coordonnais en haut. Clément Brouste d’Apex a été phénoménal: les bons réflexes ont été pris immédiatement. Une fois dans le filet, le béluga n’était pas agité. Là on a su qu’on pouvait le placer pour qu’il devienne un béluga “volant”. En l’air il a eu quelques mouvements. Mais rien de très grave. Il était calme et depuis le début c’était un point d’interrogation: est-il serein ou en résilience face à son affaiblissement? Le dénouement y a répondu.
Une autopsie a donc été réalisée?
Très rapidement après le décès de l’animal par Pelagis qui publiera prochainement les résultats.
Des hypothèses sur sa venue dans le fleuve?
Cela sera difficile de réellement déterminer ce qui lui est arrivé avant d’entrer dans la Seine. Il y a plusieurs scenarii: un animal qui se retrouve isolé de son groupe peut avoir plus de difficulté à s’alimenter et ainsi fragiliser sa santé jusqu’à développer une maladie. Ou alors c’est un animal malade qui ne peut pas suivre son groupe…
Que retenez-vous de cette expérience malgré sa triste fin?
C’est rassurant de voir que lorsqu’une telle cause apparaît, on peut se rassembler. À l’avenir, il va falloir qu’on se serre les coudes. Ce béluga est l’emblème, l’ambassadeur de cette mobilisation. On doit justement se souvenir de cela.
Pourquoi le béluga égaré dans la Seine a dû être euthanasié à l'issue de son transport dans le Calvados
Faut-il s’attendre à retrouver davantage d’animaux perdus dans nos fleuves? “Ça alerte. Mais nous connaissons nos ressources. Une fiche réflexe en cas de cétacé égaré va être rédigée pour les autorités.
Si la spécialiste ne veut pas s’avancer sur les causes de tels incidents entre réchauffement climatique et pressions liées aux activités humaines, elle rappelle que cela ne date pas d’hier: “ Il y a déjà eu des cas similaires, il y a des dizaines d’années, mais moins médiatisés…
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