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EnquêteClimat
La France vue de l’espace, à l’hiver 2015.
La France vue de l’espace, à l’hiver 2015.
Durée de lecture : 30 minutes
Comment le changement climatique se manifeste-t-il en France ? Qu’a-t-il déjà changé ? Quelle quantité de gaz à effet de serre émet la France, et comment ? Reporterre détaille à l’échelle nationale le phénomène de notre époque.
Cliquez pour aller directement à l’un des thèmes :

1. Quels sont les indicateurs du réchauffement ?
2. Comment nous, Français, sommes déjà affectés ?
3. Combien la France émet-elle de gaz à effet de serre ?
4. Quels sont les principaux secteurs émetteurs ?
🔸 Les hivers s’estompent et les vagues de chaleur sont plus fréquentes
Le rythme s’est accéléré depuis les années 1980. La température moyenne annuelle en métropole a atteint 14,1 °C en 2020, dépassant la normale de 2,3 °C (la « normale » étant fixée par rapport à la période de référence 1961-1990).
L’année 2020 s’est ainsi classée au premier rang des années les plus chaudes sur la période 1900-2020, devant 2018 (13,9 °C) et 2014 (13,8 °C).
Celles de l’été 2019, avec 46 °C dans le sud de la France et presque 43 °C sur la région parisienne, étaient une conséquence directe du changement climatique. Et en juin 2022, la France, l’Espagne et les pays du Maghreb ont connu en juin, « une vague de chaleur exceptionnelle par sa précocité », a relevé Météo France. En France comme ailleurs, le phénomène est voué à s’aggraver.
🔸 Le niveau de la mer monte
De tous les effets du réchauffement, c’est le plus inquiétant car il est irréversible (sauf à connaître une nouvelle ère de glaciaire de grande envergure, ce qui n’est pas prévu). Le rythme s’accélère : + 1,3 mm/an jusqu’en 1971, mais + 3,7 mm/an depuis 2006 [4]. Avec 7 000 km de côtes (dont 1 500 km outre-mer), la France est évidemment concernée. Les mesures par satellite, les plus récentes et les plus fiables, indiquent que le niveau de la mer le long des côtes françaises atlantiques et méditerranéennes s’est élevé un peu moins que la moyenne mondiale sur la période 1993-2013.
🔸 Les épisodes méditerranéens se multiplient
🔸 L’enneigement baisse et les glaciers fondent
La température hivernale, elle, y a augmenté de plus de 0,9 °C. Plus globalement, en dessous de 2 000 m d’altitude, la période durant laquelle il y a de la neige au sol l’hiver est passée de 34 à 22 jours dans les Alpes entre 1971 et 2019.
🔸 Les êtres vivants s’adaptent
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🔸 Le littoral prend l’eau
La côte sableuse d’Aquitaine perd 1 à 3 m/an en moyenne, et jusqu’à 20 m par endroits lors d’une forte tempête. Les falaises crayeuses de Seine-Maritime reculent d’environ 20 cm/an, mais des effondrements font perdre 10 à 15 m en quelques secondes.
En bord de Méditerranée, la Camargue est lentement submergée. L’élévation irréversible du niveau des mers va-t-elle amplifier le phénomène ? On peut le penser, mais quantifier l’effet spécifique du réchauffement sur l’érosion des côtes sableuses est aujourd’hui un défi scientifique sans réponse claire.
🔸 Montagne : la fin de l’or blanc, et plus encore
D’après une modélisation d’une équipe Météo-France, CNRS et INRAE conduite sur 129 stations des Alpes françaises, si 45 % du domaine skiable est couvert en neige de culture, alors l’enneigement jusqu’en 2050 sera comparable à ce qu’il était dans les années 1986-2005. Pour ceux qui vivent du ski, la neige de culture est une planche de salut. Mais les besoins en eau seront énormes : en moyenne de l’ordre de 40 millions de m³. La multiplication de retenues d’eau pour alimenter les canons à neige en hiver est vivement débattue.
🔸 Les villes, vulnérables aux vagues de chaleur
🔸 Moustiques, pollens, pollutions : des risques sanitaires au plus haut
Aujourd’hui, une épidémie de dengue en France métropolitaine ne saurait être exclue (cette maladie circule déjà dans les départements et régions d’outre-mer et collectivités d’outre-mer). La réémergence du paludisme, maladie transmise par d’autres espèces de moustiques, semble très peu probable, mais elle n’est pas totalement écartée dans les régions humides. D’autres périls sont portés par les moustiques : la leishmaniose (maladie parasitaire dont le chien constitue le réservoir principal), ou encore le virus du Nil occidental, avec quelques cas dans le Sud-Est français. Avec le réchauffement, la France pourrait ressembler bientôt à la Grèce et l’Italie, aux prises avec de vraies épidémies de ce virus.
🔸 Eau : le ciel de plus en plus capricieux
🔸 Les forêts prises entre deux feux
En métropole, depuis 2018, plus de 3 000 km² de forêts publiques en France (soit 30 fois la superficie de Paris) ont subi un taux de mortalité inédit. En Guyane, la plus grande forêt nationale est également menacée par la sécheresse et la déforestation liée aux activités minières et à l’élevage. D’ici 50 ans, la moitié de la forêt française pourrait avoir changé de visage.
🔸 Phénomènes extrêmes : les assureurs n’assurent plus
Les assureurs sont de plus en plus sollicités. Pour eux, les inondations sont le premier pôle d’indemnisation au titre du régime des catastrophes naturelles avec 21,6 milliards d’euros d’indemnisation cumulée entre 1982 et 2020. Entre 1989 et 2020, le coût cumulé de la sécheresse s’élève, lui, à près de 15,2 milliards d’euros, en grande partie pour indemniser des propriétaires dont les biens ont été endommagés en raison du tassement des sols argileux sous l’effet de la chaleur.
Dans l’avenir, inondations et sécheresse se feront plus fréquentes et plus intenses. Quant aux tempêtes, en métropole, les prévisions scientifiques n’indiquent aucune tendance significative à la hausse sur leur nombre et leur violence. Pour ce qui concerne l’outremer, de grandes incertitudes subsistent sur le futur des cyclones tropicaux.
Plus de la moitié des Français seront directement touchés par le réchauffement climatique
Au total, du fait des avalanches, cyclones et tempêtes, feux de forêt, inondations…, les experts estiment que 62 % de la population est exposée de manière forte ou très forte aux risques climatiques.
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🔸 Il faut distinguer émissions sur le territoire ET émissions importées
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Tous les grands secteurs connaissent désormais une baisse de leurs émissions. Transports, industrie, agriculture, bâtiments : ce quatuor totalise presque 90 % des émissions territoriales. Sans surprise, le principal gaz émis (75 %) est le dioxyde de carbone, ou CO₂, suivi par le méthane (13 %), le protoxyde d’azote (9 %) et les gaz industriels fluorés (3 %).
La France a d’ailleurs moins réduit ses émissions agricoles que ses voisins européens. Par ailleurs, la forêt et les prairies françaises tendent à stocker moins de carbone du fait de l’artificialisation rapide d’une partie des surfaces agricoles (construction de lotissements, de parkings, etc.). Les importations de soja pour l’alimentation animale et d’huile de palme pour le biodiesel contribuent aussi à la déforestation en zone tropicale, et donc à un affaiblissement des puits de carbone dans ces pays.
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• Pour aller + loin

–  Les dossiers de Reporterre : Climat, Climat : de COP en COP, Agriculture et climat.
–  Rapport du Giec Climate change 2021 : the physical science basis, Résumé pour les décideurs (en anglais) ; analyse résumée par Reporterre.
–  Rapport du Giec Climate change 2022 : Impacts, Adaptation and Vulnerability, Résumé pour les décideurs (en anglais) ; analyse résumée par Reporterre.
–  Présentation en vidéo des principaux éléments du rapport Climate Change 2021 : the physical science basis du Giec par sa coprésidente Valérie Masson-Delmotte.
–  Rapport de synthèse du Giec, Changements climatiques 2014 (en français).
–  Data Lab 2022, chiffres clés du climat, ministère de la Transition écologique, pp.32-33.
–  World Energy Outlook 2021, Agence internationale de l’énergie (en anglais).
–  Rapport d’Oxfam, Combattre les inégalités des émissions de CO₂ (résumé) ; analysé résumée par Reporterre.
–  Article de l’université de Cambridge, The unequal distribution of household carbon footprints in Europe and its link to sustainability (en anglais).
–  Lucas Chancel, Paris School of Economics : Climate change & the global inequality of carbon emissions (en anglais).
–  Vidéo Science étonnante sur l’effet de serre
–  Global Carbon Project
–  Global Carbon Atlas.
–  GHG emissions of all world, rapport 2021 du Joint Research Center de la Commission européenne.
–  Le climat en questions, site pédagogique du CNRS sur le climat.

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