En 2015, Jean-Paul et Carmen, originaires de Saint-Jean-du-Gard, ont acquis une Fiat X1/9 sortie d’usine en 1972. Depuis, la passion pour cette auto, objet de plaisir, est restée intacte.
Elle vrombit et, pleine de charme, déboule dans la Grand-rue comme le ferait une petite bombe de rallye. D’ailleurs, dans le centre de Saint-Jean-du-Gard, les têtes se retournent sur son passage. Rouge et rutilante, cette Fiat X1/9, sortie d’usine en 1972, fait le bonheur de Jean-Paul Filhol, président des Bielles saint-jeannaises (lire par ailleurs) et nouveau gérant de la station-service du Planet. Certes, dans le registre des véhicules anciens, il possède aussi une estafette. Mais, celle-là, c’est autre chose… Elle l’a fait basculer dans le petit monde des voitures de collection, à tel point qu’il regrette, aujourd’hui, de ne pas avoir conservé les autos qu’il conduisait dans les années 80, une Renault Fuego et une Fiat 128 coupé sport blanche.
Ceci dit, cette X1/9 incarne une véritable histoire d’amour. Jean-Paul Filhol parle d’emblée d’un “coup de cœur”. Même sa femme, Carmen, s’y met : “Pour moi aussi c’en fut un. Je l’ai poussé à l’acheter car c’est une décapotable et la couleur rouge m’a séduite.”
Le garagiste, mécanicien de formation (ce qui est un atout lorsque l’on possède une ancienne), garde en mémoire ses premiers contacts avec cette Fiat, en 2015. Son propriétaire venait d’arriver à L’Estréchure et s’était adressé à lui parce qu’il avait relevé une fuite d’eau. “Cette voiture, à l’origine, était blanche. Ce client l’avait découverte dans un jardin en train de pourrir. Il l’a achetée pour une poignée de figues. Puis, il a fait entièrement refaire la carrosserie ; la mécanique, en revanche, était restée dans son jus, explique-t-il. Il l’a gardée deux ou trois ans et a voulu la vendre pour acheter une moto ancienne.” Jean-Paul Filhol a alors sauté sur l’occasion. Et s’est installé derrière le volant de cet engin de 600 kg propulsé par un quatre cylindres, 1 300 cm3, de 95 ch/din. “C’est un karting. C’est super à conduire !”
Le Saint-Jeannais en a presque oublié les galères. Lors de sa première virée, voyant que le cœur de la bête fumait et ne cessait de réclamer de l’eau, il a compris que le moteur était hors service. “Le moteur était “fusillé” ; l’ancien propriétaire ne le savait même pas.” Du coup, le mécano de Saint-Jean-du-Gard l’a remplacé par un autre, puis a revu toute la mécanique, des suspensions jusqu’à l’embrayage, en passant par le freinage. “Tout ça n’a rien gâché à mon plaisir. Au contraire. C’est comme si un sculpteur reprenait une pièce et poursuivait le travail entrepris par son prédécesseur, sourit-il. Elle va avoir 50 ans l’année prochaine ; c’est génial de la voir tourner.”
Et elle tourne effectivement sur les routes des Cévennes et de la région, lors de balades, en couple ou avec les Bielles saint-jeannaises, voire lors de virées jusqu’au Grau-du-Roi, comme ce fut le cas, dimanche dernier, après avoir fermé la station-service du Planet. En fait, ce couple de commerçants a seulement besoin de temps. Du coup, partir en vacances, loin, avec la Fiat X1/9 n’est pas encore à l’ordre du jour. “Et puis, vous savez, avec une voiture ancienne, on ne fait pas 1 000 km d’un coup. Il faut la ménager”, rit-il, en se souvenant de quelques anecdotes. Une ascension du mont Ventoux, par exemple, durant laquelle “avec les collègues, on s’est tiré sur la couenne et la voiture a fini par rester à l’hôtel, car on y avait laissé un piston”. Ou lors de l’ouverture du rallye qu’organise l’Écurie des Camisards, effectuée avec des pneus vieillots, qui s’est soldée par un tête-à-queue. “J’ai eu peur pour la voiture”, lâche, d’un air taquin, le conducteur. Autant de bons souvenirs qui s’accompagnent d’un rêve : “Avec, j’aimerais faire le tour de la Corse. Et je le ferai… mais il faut avoir du temps.”
En conséquence, avant que cette petite Fiat rouge ne sillonne la route des vacances de ces Saint-Jeannais, ce sont les estivants, de passage dans les Cévennes, qui risquent fort de croiser ce petit cabriolet sportif sur leur propre route des vacances. Attention. Il est inutile de les arrêter pour leur proposer de la céder. “La vendre ? Non, sûrement pas. Vous pouvez m’amener du monde, ils ne l’auront pas. Ce n’est pas possible, assure Jean-Paul Filhol. Même si je voyais une autre Fiat X1/9, plus propre, je n’en changerais pas.” On le dit depuis le début : entre ceux-là, il s’agit d’une véritable histoire d’amour.

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