Publié le 11/09/2018 à 09h38
Julien Rapegno
La Montagne limousine hérissée de résineux  et engluée dans la brouillasse et le de la mauvaise saison. Le Temps des Forêts s’ouvre sur ces images froides et silencieuses. Il y a des réalisateurs comme Yves Jacquet ou Jacques Perrin qui filment la nature, et en particulier nos forêts tempérées, en les sublimant. Les spectateurs ne devront pas s’attendre à une telle démarche, esthétisante, en allant voir Le Temps des Forêts. Ce documentaire, c’est du brutal.
Le temps des forêts est compté. Ce n’est pas à une jolie balade d’1 h 40 sous la frondaison que convie François-Xavier Drouet, un réalisateur installé en Creuse, sur le plateau de Millevaches.
François- Xavier Drouet
Le temps des forêts rétrécit. La vie des arbres des forêts de France raccourcit.
Ce n’est pas le réalisateur qui le dit mais les forestiers, qu’ils soient du camp des naturalistes ou de celui des productivistes. François-Xavier Drouet a retenu une douzaine de témoignages après quatre ans d’enquête à travers les massifs forestiers français, des Landes aux Vosges.
Un premier documentaire de 52mn diffusé l’été dernier sur France 3
En partant de son propre environnement : les plantations de résineux de la Montagne limousine, devenues l’archétype d’une sylviculture intensive.
Alignement d’épicéas et de douglas, sous lesquelles toute vie biologique disparaît. Abatteuse filmée comme « une ogresse », qui, méthodiquement avale et débite « 150 à 200 stères par jour » (contre vingt pour un bûcheron avec sa tronçonneuse). Débardage par temps de pluie : les énormes roues des porteurs défoncent tout, bouchent les ruisseaux.
LE TEMPS DES FORÊTS, – Un film de François-Xavier Drouet

Dans Le Temps des Forêts, des hommes des bois expliquent devant la caméra qu’il leur faut travailler par tous les temps « pour rembourser la machine », qu’il leur faut répondre instantanément « à la demande des usines ». Il y a ce gros chêne « qui va partir en Chine, car il n’y a pas une scierie intéressée en Limousin ».
Pas de voix off didactique, juste la parole des hommes (et de quelques femmes).
Tous sont des forestiers, qu’ils soient naturalistes, experts, propriétaires, agents de l’ONF, bûcherons ou exploitants. Ils décrivent parfois de façon critique ou juste en exposant la réalité économique, ce qu’est « non pas la déforestation mais la mal-forestation », pour reprendre l’expression d’un défenseur de la biodiversité sur le plateau de Millevaches.
La seule chose que je n’ai pas pu filmer c’est l’épandage des pesticides sur les plants de douglas
Industrialisation, monoculture, artificialisation : le parallèle avec les dégâts de l’agriculture productiviste brûle toutes les lèvres.
Coupes rases, dessouchages… Le Temps des Forêts détient la preuve en images de ce que dénoncent depuis des années des élus et des associations environnementalistes : le « château d’eau » qu’est le plateau de Millevaches est dévasté par les engins forestiers. « La seule chose que je n’ai pas pu filmer c’est l’épandage des pesticides sur les plants de douglas », confie le réalisateur. 
L’une des forces de ce film est l’absence de commentaire : images et témoignages sont assez édifiants par eux-mêmes. Le réalisateur refuse l’étiquette « militante » : « C’est un documentaire de création, j’assume une subjectivité, un point de vue ».
Une partie du film est d’ailleurs consacrée à la lutte des agents de l’ONF contre la recherche de « rentabilité » immédiate dans les forêts domaniales. Comme le rappelle un agent vosgien de l’ONF : « Quand j’ai signé mon arrêté de nomination, il est marqué noir sur blanc que la priorité du forestier est d’assurer la pérennité de la forêt publique, sa régénération ». 
Le Temps des Forêts. Documentaire (1 h 40) de François-Xavier Drouet, en sortie nationale ce mercredi 12 septembre.
Limousin.  Limoges : sortie nationale à partir du 12 septembre à l’Ester. Projections en présence du réalisateur en octobre : 9/10 : Guéret, 12/10 : Aubusson, 15/10 : St-Junien, 16/10 : St-Yrieix-la-Perche, 17/10 : Saint Léonard de Noblat, 19/10 : Eymoutiers. Courant novembre à Egletons, Neuvic et Meymac.
Auvergne. Clermont : sortie nationale à partir du 12 septembre au Rio. Cournon D’Auvergne à partir du 26/09, La Bourboule à partir du 10/10, Brioude à partir du 10/10, Saint-Flour à partir du 26/09, Saint-Chély-d’Apcher à partir du 19/09. 
Julien Rapegno
Soyez le premier à commenter cet article
50 invitations à gagner !
Jouez et gagnez vos deux invitations pour les rencontres de l’Info de TF1 

Aidez-nous à améliorer notre site en répondant à notre questionnaire.

source

Catégorisé: