« La prison m’a ouvert les yeux » assure Sofiane, 21 ans, dans son tee-shirt blanc immaculé. Interpellé à Pau pour détention de stupéfiants, il a découvert pour la première fois l’univers carcéral. Et ce lundi, face au tribunal, il fait la promesse de ne pas y retourner.
Ce prévenu au visage juvénile n’a pas supporté d’être « enfermé 22 h sur 24 h dans une pièce plus petite que [sa] chambre ».
« Maintenant, je sais que je ne veux pas passer ma jeunesse…
Ce prévenu au visage juvénile n’a pas supporté d’être « enfermé 22 h sur 24 h dans une pièce plus petite que [sa] chambre ».
« Maintenant, je sais que je ne veux pas passer ma jeunesse dans une cellule » ajoute celui qui a pourtant risqué gros en se lançant dans le trafic de stupéfiants.
Chez lui, lors d’une perquisition menée en mai dans le cadre d’une autre enquête, les gendarmes ont ainsi saisi 4,3 kg d’herbe, 3,5 kg de résine, 90 g de cocaïne, 8 045 € en numéraire, deux véhicules Audi et BMW, deux téléphones, des balances, une compteuse à billets, une machine à mettre sous vide, des armes de type Airsoft…
Mais Sofiane assure qu’il n’était qu’une simple « nourrice » (la personne chez qui la drogue est stockée).
En bon soldat, lors de la garde à vue, il n’a rien dit des personnes qui lui ont confié la marchandise, ni même donné les codes pour déverrouiller les téléphones.
« Mon rôle était uniquement de stocker. Au début, c’était chez ma mère puis j’ai eu cet appart » affirme ce prévenu presque parfait qui « touchait entre 500 et 1 000 € par mois » dit-il.
La vice-procureur Marie Hirigigoyen tique un peu. Comment a-t-il pu se payer les deux berlines dont l’Audi achetée 9 000 € à Cannes. « Ma grand-mère m’en a payé la moitié » assure-t-il.
Malgré son bégaiement, ce « garçon sympathique » tient un discours assez fluide et peu courant dans un tribunal correctionnel. Son histoire serait celle d’un échec scolaire, une mauvaise orientation.
« Depuis que j’ai eu le bac, j’ai commencé une fac de bio » se lance-t-il. « Mais j’ai tenu 3 mois. Ensuite, je suis revenu sur Parcoursup pour faire un BTS à Bordeaux… » détaille le jeune homme. Mais là aussi, le plan échoue. « Je me suis fait voler mon scooter, ça m’a démotivé ».
Sofiane rentre à Pau, travaille comme livreur. « Et puis il y a eu le Covid… »
La démonstration ne s’arrête pas là. « Le fait que je bégaie, ça m’a détourné des études et du travail » ajoute-t-il. Mais aujourd’hui, Sofiane a retrouvé la motivation.
Il explique vouloir « reprendre ses études » et faire une formation « d’assistant dentaire » en alternance. Il a prévu de s’associer avec une amie qui va ouvrir un cabinet…
Son avocat intervient pour préciser que cette option-là a d’ores et déjà avorté : Sofiane va intégrer un lycée hôtelier. Ce qui n’a rien à voir mais semble lui convenir aussi.
La présidente Myriam Dasté veut bien croire à l’erreur de parcours mais lui rappelle qu’il a déjà été condamné pour détention de stupéfiants. C’était le 20 mai 2020, devant le juge des enfants.
« Oui mais j’avais 8 g » relativise le prévenu qui a du mal à se départir d’un sourire en coin. En deux ans, le bachelier est passé à près de 8 kg.
« Il se dit perdu mais il n’est pas si perdu que ça » glisse Marie Hirigoyen qui, au regard des quantités, a du mal à croire à l’erreur de jeunesse. « Il y en avait partout ! Ce n’est pas un petit trafic ! » Elle requiert 18 mois de prison dont un an ferme assorti d’un mandat de dépôt.
Le tribunal a suivi le quantum mais pas l’incarcération : la peine sera aménagée sous bracelet électronique.
Soulagement de satisfaction de la mère du prévenu, présente dans la salle, et de ses amis venus en soutien.
Mais la présidente prévient Sofiane : « Cela ne peut pas marcher à tous les coups ! C’est un pari qui est fait malgré la gravité des faits. C’est à vous de faire des choix ». Les bons cette fois.
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