L’objet de prestige vaudrait 400 millions de francs. Ces dernières années, la banque en difficulté a déjà vendu plusieurs immeubles de grande valeur au centre de la capitale financière
C’est un objet de prestige auquel Credit Suisse semblait fortement tenir. Des rumeurs sur une éventuelle vente de l’emblématique Hôtel Savoy, à la Paradeplatz, de l’autre côté du siège de la banque, avaient déjà circulé ces dernières années au fil de ses déboires juridiques et financiers, et des cessions d’autres immeubles de grande valeur.
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Elles avaient toujours été écartées par la banque, dont on dit que ses responsables considéraient un peu cet établissement de luxe comme son bureau élargi. Ce n’est visiblement plus le cas. Jeudi, un porte-parole confirmait une information parue sur le site InsideParadeplatz: «Credit Suisse examine régulièrement son portefeuille immobilier dans le cadre de sa stratégie immobilière globale. Dans le cadre de cette dernière, la banque a décidé de lancer un processus de vente pour l’Hôtel Savoy.»
Premier «vrai» hôtel de Zurich, selon son fondateur, un boulanger autrichien, le Savoy Baur en Ville émerge en 1838, alors que la Paradeplatz et la Bahnhofstrasse sont encore loin de représenter les joyaux du Monopoly helvétique. Credit Suisse, qui occupera le bâtiment à quelques mètres, n’existe pas encore. On ne connaît d’ailleurs pas la date exacte de son acquisition, si ce n’est qu’elle se trouve dans son portefeuille immobilier depuis plusieurs décennies.
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Ce cinq-étoiles est géré par le groupe Mandarin Oriental. Fermé cette année pour rénovation, il doit rouvrir en 2024. Le nombre de chambres, qui deviendront plus spacieuses, doit être réduit de 104 à 80. Sa valeur avait déjà été estimée à quelque 400 millions de francs par des experts de l’immobilier. D’après le blog financier zurichois, la banque aurait fait une offre au milliardaire Götz Bechtolsheimer, qui dirige aussi le groupe hôtelier de luxe Tschuggen. «Nous évaluerons soigneusement toutes les offres et les investisseurs potentiels, et communiquerons toute décision en temps voulu», a seulement commenté la banque.
Cette dernière décennie Credit Suisse s’est séparée d’un certain nombre d’immeubles au cœur de la capitale financière du pays. En 2012, elle avait vendu à l’assureur allemand Axa, l’ancien siège de la Banque populaire suisse. Non dévoilé, le prix était estimé à 350 millions de francs. La même année, la Banque nationale suisse reprenait des mains de Credit Suisse l’immeuble Metropol à la Börsenstrasse pour un montant là aussi non communiqué.
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Deux ans plus tard, c’est à Swatch qu’elle cédait un autre joyau immobilier de la plus grande ville de Suisse, l’immeuble Grieder. Puis, cela a été au tour du «Leuenhof», siège de la Banque Leu que Credit Suisse avait rachetée. Là non plus pas de montant officiel, mais des estimations de plusieurs centaines de millions de francs. Transaction la plus spectaculaire: les bureaux Uetlihof, un peu plus excentrés, que la banque occupe toujours mais loue au fonds souverain norvégien qui les lui a achetés pour 1 milliard de francs. Credit Suisse n’est pas la seule à se séparer de bâtiments prestigieux. En 2008, UBS avait vendu l’Hôtel Widder, également situé au cœur de Zurich.
Dans la tourmente, Credit Suisse doit présenter une nouvelle stratégie le 27 octobre prochain. Les rumeurs se sont multipliées ces dernières semaines sur l’orientation qu’elle prendra: retour de l’enseigne First Boston pour la banque d’affaires, séparation de cette dernière en trois, coupes massives dans les effectifs, sollicitations d’investisseurs, augmentation de capital. A l’exception de cette dernière, niée par la banque, les autres spéculations n’ont, en général, pas été commentées. L’établissement a néanmoins affirmé la semaine dernière être en bonne voie dans sa revue stratégique et précisé envisager des ventes d’actifs. Via des mémos au personnel, les responsables de la banque ont aussi voulu rassurer sur la santé financière de la banque. Ce qui n’a pas toujours eu l’effet escompté car l’action a plusieurs fois tangué ces derniers jours. Depuis le début de l’année, elle a même perdu plus de la moitié de sa valeur. Jeudi, elle gagnait néanmoins plus de 3%.
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