500 à Concarneau, 500 à Douarnenez et dans le Cap-Sizun, environ 300 dans le Pays bigouden sud, plus de 1 000 à Quimper… Ce sont les logements inscrits sur Airbnb, la plateforme de location de courte durée. Parmi eux figure le bien de Maryse, 75 ans. Habitant les Côtes-d’Armor, elle loue, via sa fille, l’appartement cossu qu’elle possède dans l’hypercentre de Quimper, depuis trois ans. « C’était à mes parents. Je ne veux pas m’en séparer mais je ne suis pas en état pour y vivre toute l’année ». Son bien est pris d’assaut pour le Cornouaille, « par des touristes étrangers ». Ce qui lui permet de récupérer un petit pécule. « Quand tout augmente sauf les retraites, il faut bien trouver de quoi passer outre la fin de l’abondance », raille-t-elle.
Pour Françoise aussi, il s’agit de limiter les frais de son héritage, à savoir une ancienne maison de pêcheur, à Douarnenez, proposée à 42 € la nuit. « C’est la seule façon de la garder car, pour l’instant, je ne veux pas m’en séparer et mes enfants non plus. Elle ne me rapporte pas grand-chose, juste assez pour régler les factures et les travaux à venir ». Pas question, en revanche, de la louer à l’année à cause d’un précédent malheureux.
Échaudée, Nathalie l’a été également. Possédant aussi une ancienne maison de pêcheur, la Douarneniste a totalement mis de côté la location annuelle, privilégiant les courts séjours, pour un revenu annuel de 8 000 à 10 000 €, « avant le passage des charges, le mobilier, le ménage ». Elle apprécie de pouvoir retrouver son bien quand elle le souhaite, comme « une sécurité ».
C’est aussi ce qui a plu à Stéphanie. Capiste, elle vit chez son compagnon et loue, via la plateforme, son appartement situé au Port-Rhu, à Douarnenez. « J’y habitais quand je me suis mise en couple. C’était rassurant pour moi de savoir que je pouvais le récupérer à tout moment ». Elle s’est par la suite « rendu compte de la rentabilité touristique » et gagne environ 14 000 € par an.
D’autres s’offrent les services de conciergerie. Nicolas, 39 ans, gère « entre 30 et 50 logements » en Cornouaille. La majorité est dans le parc courte durée, d’autres sont en « bail mobilité de septembre à juin ». Le Quimpérois assure « garder quelques logements étudiants ou pour les jeunes actifs » mais reconnaît être « extrêmement regardant sur la qualité des locataires », avec « surveillance mensuelle » des biens.
Carhaisienne, Anne-Sophie a, elle, tablé sur Airbnb pour rembourser les traites de sa maison achetée il y a sept ans au Cabellou, à Concarneau. Une « perle rare » affichant complet « dix à quinze semaines par an », avec une nuitée à 100 € en basse saison.
Pour Véronique, la location n’était pas prévue lorsqu’elle a fait construire une maison à Fouesnant car elle travaillait non loin. Début 2021, le travail n’étant plus là et ayant un « prêt assez important », la Nord-Finistérienne s’est inscrite sur Airbnb. « Financièrement, j’ai besoin que la maison s’autogère ». Elle a tablé sur des équipements haut de gamme pour attirer des couples, des « groupes de copines ». Et cela fonctionne. « Si je pouvais la louer à l’année, je le ferais… Je suis rattrapée par la réalité économique ».
« Si j’ai accepté de vous parler, c’est parce que je fais partie de plusieurs groupes sur les réseaux sociaux et qu’à chaque fois qu’il y a une discussion sur Airbnb, sur la crise des logements ou que les gens se prennent la tête en disant qu’ils n’arrivent pas à se loger, j’interviens ».
Âgée de 68 ans, Françoise habite Fouesnant. Il y a deux ans, cette native de Douarnenez a hérité de la maison de sa mère, en face de la chapelle Sainte-Hélène. « Une ancienne maison de pêcheurs, avec sa cour en galets pas droite… Elle a une histoire cette maison, elle a un cachet phénoménal ».
La sexagénaire ne veut pas y vivre, ses enfants non plus mais impossible de s’en séparer. D’où l’idée de la louer quelques semaines par an, via Airbnb, à des touristes voulant s’imprégner d’un pan de l’histoire locale, tout en la laissant disponible quand des membres de sa famille veulent y séjourner quelques jours. L’argent récupéré – entre 5 000 et 6 000 € par an – lui sert à équilibrer les comptes, entre recettes et dépenses : « J’essaie de la remettre en état car elle n’est pas vivable comme ça, à l’année. Je la chauffe toute l’année sinon les murs sont pleins d’humidité, les fenêtres seraient à changer, c’est une vraie passoire thermique ».
Outre le frein de l’énergie, Françoise est aussi échaudée par de précédentes affaires. « J’ai eu une maison neuve à louer, cela a fini devant le tribunal, avec des locataires qui ne payaient pas et le tribunal a effacé la dette ». Elle reprend son souffle : « On est en France, je ne vois pas pourquoi, en tant que propriétaire, on n’aurait pas le choix de son bien. C’est difficile de voir quelqu’un qui ne trouve pas de quoi se loger. Mais en quoi c’est la faute de quelqu’un qui a une maison ? » Et de conclure : « Il y a les pouvoirs publics, aussi, qui peuvent agir ».

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