Après les premières pluies sur l’arrière-pays, est-ce le moment de partir aux champignons ? La canicule a-t-elle changé la donne ? Faut-il faire confiance aux applis d’identification ? Nous avons posé toutes ces questions à un spécialiste.
La première pluie d’automne est tombée, enfin, sur les Alpes-Maritimes et le Var, samedi dernier. Avant de vous précipiter ce week-end, panier au bras, sur les sentiers du haut-pays à la cueillette des champignons, voici quelques conseils que nous avons recueillis auprès d’un spécialiste passionné, Jean Bossu.
Le président de l’ABMS 06, l’Association botanique et mycologique de la Siagne, organise ce samedi 1er octobre sa première sortie d’initiation à partir de la Roquette-sur-Siagne (Alpes-Maritimes).

A lire, pour vous éviter quelques déceptions, ou indigestions.
Jean Bossu : “Oui et non. Disons que si il n’avait pas plu, la saison n’aurait pas démarré ! Mais comme il y eu une sècheresse très prononcée cette été, le mycélium, c’est-à-dire pour simplifier la racine du champignon, est desséché. Il faut pourtant qu’il soit bien mouillé pour que le carpophore, le champignon en lui-même, réapparaisse. Dans le secteur de La Siagne, le sol n’est pas assez mouillé en profondeur. Il faudrait attendre au moins une dizaine de jours avant d’envisager des récoltes, si il pleut encore entre temps et si le mistral ne vient pas dessécher le sol. En revanche en montagne, il a plu plus souvent et plus abondamment. Si on va dans le Mercantour, il y a certainement déjà des champignons !”
“Vous parlez des champignons comestibles !  Les premières espèces à sortir, ce sont habituellement les russules. Si on n’a rien d’autre à manger, on peut en faire une poêlée. Aux prochaines pluies, il y aura peut-être le champignon local : le sanguin, très prisé.
Pour les cèpes, les bolets… peut-être une petite poussée en certains endroits, mais ce n’est pas encore l’abondance. En revanche, je peux vous dire que traditionnellement, entre le 1er et le 15 octobre, il y a dans l’Estérel une poussée d’amanites des Césars (oronge), le champignon que les empereurs romains faisaient cueillir par les légions.”
“Oui ! Le sol est sec en profondeur. Le mycélium, qui constitue la vie du champignon dans la terre, est fortement réduit. Il y en a qui ne reprendront pas. C’est tout un cycle de vie à relancer. C’est très difficile à prévoir.”
“Il y a quatre conditions :
“Méfiez-vous ! Même pour un expert, la détermination d’un champignon sur le terrain est souvent aléatoire. Quand on ne connait pas un champignon, il faut le regarder au microscope, étudier les spores, se référer aux livres, c’est toute une science ! Avec un logiciel d’identification, je me suis moi-même fait piéger début septembre, en croyant avoir découvert une nouvelle espèce de plante qui n’était pas répertoriée dans les Alpes-Maritimes, avec confirmation, deux fois, par les logiciels ! L’informatique, comme les livres seuls, ce n’est pas suffisant pour identifier un champignon avant de le manger.
Quant aux pharmaciens, malheureusement, ces derniers n’ont actuellement plus de cours de mycologie.
Vous avez des associations de mycologie qui organisent des réunions et des sorties. L’Association botanique et mycologique de la Siagne (ABMS 06) que je préside, organise tous les lundis d’octobre et de novembre, au lendemain des week-ends, des séances de reconnaissance de champignons ouvertes à tous. C’est de 18 h à 20 h dans la salle des roses à la Roquette-sur-Siagne. Les premiers samedis du mois -donc dès ce samedi 1er octobre !- et les 3e dimanches du mois, nous organisons des sorties d’initiation, pour faire dans de bonnes conditions ses premiers pas de cueilleur de champignons dans la forêt.”

Si votre terrain de cueillette se situe davantage du côté de l’arrière-pays niçois, sachez qu’il existe une seconde association de mycologie dans les Alpes-Maritimes, basée à Nice : l’ANNAM organise les 15 et 16 octobre 2022 son Salon des Champignons et des plantes sauvages à Tourrette-Levens.
Parmi les associations qui regroupent des passionnés de champignons dans le Var, notez notamment le groupe mycologique et botanique de Lorgues. 

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