« Surtaxer les résidences secondaires ? J’y pense, en effet », livre, sans détour, Dominique Guillou, maire de Névez, commune où près d’un logement sur deux (48,1 %) est occupé à titre secondaire. Cette réflexion est rendue possible grâce à un amendement au budget 2023 qui autorise 4 000 nouvelles communes, « en zone tendue », à majorer, jusqu’à 60 %, le montant de la taxe d’habitation pour les résidences secondaires. La liste, publiée par décret, intégrera très probablement les villes littorales du Pays de Concarneau (Concarneau, Trégunc et Névez), où la tension immobilière est à son comble.
« Augmenter la taxe d’habitation de 5 % à 10 % va permettre de faire rentrer de l’argent dans les caisses de la commune. Cette contribution paraît justifiée au regard des dépenses générées? par la surpopulation, en période estivale. Les frais d’entretien de la voirie et certains investissements, menés dans des quartiers essentiellement secondaires, sont loin d’être anodins pour les finances de la Ville », détaille le premier édile qui cite, notamment, le raccordement au réseau d’assainissement collectif, de Kerangall à Raguénez, qui a coûté cinq millions d’euros.
Pourquoi se cantonner, alors, à une surtaxe de 5 % ou 10 % ? « Pour ne pas tomber dans la surenchère », rétorque le maire de Névez. « Les résidents secondaires sont désormais les seuls à s’acquitter d’une taxe d’habitation. En leur expliquant pourquoi on applique cette majoration, et dans quelles proportions, la mesure peut être acceptée. N’oublions pas qu’ils font aussi beaucoup travailler nos artisans et commerces locaux? », explique Dominique Guillou.

Mais comme son homologue, Olivier Bellec, maire de Trégunc et président de Concarneau Cornouaille Agglomération, exprime quelques réserves. « Cette majoration permettra-t-elle de libérer des résidences secondaires au profit de résidences principales ? J’en doute », tranche l’élu, pour qui cette mesure « ne va pas révolutionner le marché immobilier ».
Pas question pour autant de balayer d’un revers de main le dispositif. « On va rester attentif. En attendant, ça ne sert à rien d’émettre des hypothèses. Attentons d’abord de voir si l’on sera intégré dans la cartographie. Et si ce n’est pas le cas, nous verrons avec l’ensemble des élus si l’on doit se mettre ou non en zone tendue », abonde Olivier Bellec.
Enfin, du côté de Concarneau, le maire Marc Bigot se dit également intéressé. « C’est un levier parmi d’autres. Mais bien évidemment qu’en fonction du contenu du texte et si nous sommes éligibles, on ne va pas s’interdire d’étudier tout cela ».
« À Pont-Aven, l’enjeu est de repeupler le centre-ville et les trop nombreux logements vacants, plutôt que de surtaxer les résidences secondaires », explique Christian Dautel, maire de la cité des peintres qui compte 318 logements secondaires (15,6 % de l’habitat). « La moitié des résidences secondaires est utilisée au-delà de la période estivale. Ce sont souvent des actifs qui conservent un appartement dans une métropole et viennent télétravailler régulièrement à Pont-Aven. On rentre dans de nouveaux usages. Je pense qu’il ne faut pas leur créer une nouvelle difficulté, car ces nouveaux habitants participent au dynamisme de la ville et font vivre les commerces », indique-t-il.
Une récente étude a permis d’identifier les logements inoccupés. « Ce travail d’inventaire n’avait pas été mené depuis dix ans. Cela nous a permis de constater que beaucoup d’appartements, au centre-ville, n’étaient pas habités. Situés au-dessus des commerces, ils ne disposent pas d’un accès extérieur, ce qui empêche leur mise en location. Nous allons mettre en place des incitations fiscales, pour que des travaux soient menés, afin de réintroduire du logement, et une population active au centre-bourg », prévoit Christian Dautel.
Le premier édile évoque également « la transformation de l’habitat vacant en Airbnb. C’est un vrai souci. Face à la pénurie considérable de logements, il faudra trouver les moyens d’encadrer ces locations de courte durée », conclut-il.

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