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Au crépuscule de la soixantaine, Dominique de Meyer s’offre une seconde jeunesse dans le baquet de la nouvelle Alpine A110. L’insatiable rallyman grassois ne visera plus la gagne. Sa cible ? "Le plaisir".
On l’avait perdu de vue depuis l’arrivée du Rallye du Pays de Fayence 2018. Rangé des voitures de course, Dominique de Meyer? Que nenni… Coucou, le revoilà! “Elle est belle, non? Regardez les finitions. Chaque détail a été étudié, peaufiné. Moi, je pense même qu’elle est trop belle pour l’engager en compétition”. Elle, c’est l’Alpine A110 Rally toute neuve succédant à la Peugeot 206 WRC.
La nouvelle danseuse d’un casque d’or grassois fou amoureux, manifestement, et prêt à redémarrer dans deux semaines du côté de Roquebillière, sur les pentes du Turini, théâtre du Rallye de la Vésubie (4 septembre). Lui qui avait réussi ses premiers coups d’éclat il y a près d’un demi-siècle aux manettes d’une Berlinette s’offre ainsi une savoureuse cure de jouvence. Sans songer un instant à étoffer son déjà fabuleux record de victoires – 127 au compteur, s’il vous plaît! -. Juste pour prolonger le plaisir.
Dominique, ce come-back au volant d’une Alpine, quand l’avez-vous décidé?
L’idée, elle germe dès que j’apprends qu’une version rallye de la nouvelle A110 est en gestation. À partir de là, je me tiens informé de l’avancement du projet. J’ai passé un coup de fil à Manu Guigou (le multiple champion de France 2 roues motrices, en charge du développement de l’A110Rally dont il est devenu l’ambassadeur, ndlr). Au début, j’ai aussi appelé un commercial de l’équipe Signatech (la structure qui a conçu la voiture et qui la distribue) figurant parmi mes connaissances, en pensant qu’il faudrait débourser moins de 100000 euros, hein! (Rire) Bon, finalement, elle coûte plus du double. Un prix justifié car tout est modifié, optimisé, de A à Z. J’ai passé commande il y a un an, ou presque. Et je me suis armé de patience. Beaucoup plus longtemps que prévu à cause de la crise sanitaire…
Est-ce le bout d’essai accompli en octobre 2019 dans le baquet de droite à côté de François Delecour qui vous a définitivement convaincu?
Ah oui, quelle peur bleue! Dans la descente du col de Bleine, on a fait une pointe à 204km/h. Sur ce tronçon bosselé que je connais par cœur, l’auto était collée à la route. Pas besoin de soulager ici ou là comme avec la 206 WRC. On devait enchaîner trois allers-retours ensemble. J’ai dit stop à la fin du premier. Mort de trouille, mais séduit par le comportement de cette A110 moderne.
Au fait, qu’est devenue votre 206 ex-Grönholm?
Vendue! Elle a été exposée environ un an à la collection de voitures anciennes du prince, à Monaco. Et puis elle est partie outre-Manche. J’ai reçu pas mal de propositions. Au moins cinq Anglais, des Belges, un Français… Son acquéreur, qui possède déjà une 206 ex-Burns, compte bien s’en servir. Pas en compétition, mais lors de démonstrations, des roulages “clubs”…
Comment s’est déroulée la première prise en main?
Très bien. On a parcouru une soixantaine de bornes, juste histoire de faire connaissance, d’évaluer le potentiel. Franchement, je ne m’attendais pas à ça. J’ai été estomaqué par le châssis. Extraordinaire. Pareil pour le freinage. Elle se laisse apprivoiser assez vite. On apprécie le confort de conduite, le niveau de sécurité. On a l’impression qu’elle n’a pas de limites…
C’est une propulsion, donc vous devez retrouver un peu le caractère de la BMW M3 groupe A, non?
Il y a quelques ressemblances, en effet. Mais l’A110, elle, est bourrée d’électronique. Des aides au pilotage comme l’antipatinage. L’ABS, aussi. Tenez, les freins, on peut les régler au volant. Et on a l’embarras du choix car il y a douze positions! Moi, je n’ai jamais couru avec l’ABS. Il faudra s’adapter car c’est un gros progrès. L’autre jour, Cédric Robert me disait qu’au bout d’un an, il ne l’exploite toujours pas pleinement. Il freine toujours trop tôt. Vous enfoncez la pédale sur des graviers, l’auto s’arrête sans le moindre écart. Incroyable!
Près de trois ans sans chasser le chrono… Pas trop de fourmis dans les semelles?
Si, quand même. Je commence à trouver le temps long. Aller voir les autres cravacher dans une spéciale, comme au col Saint-Roch, fin juin (Rallye de Nice Jean-Behra), ça ne fait qu’amplifier le manque. Que voulez-vous? Le pilotage, cette adrénaline, je ne peux pas m’en passer. Toujours pas. C’est grave!
Et le champagne de la victoire, il ne va pas vous manquer?
(Du tac au tac) Non! À un moment donné, il faut savoir tourner la page. Il y a un temps pour tout, malheureusement. Avec l’Alpine, c’est le plaisir qui prime. Pour l’instant, j’ai prévu de disputer le Rallye de la Vésubie et le Pays de Grasse en septembre. Après? L’Antibes m’attire aussi, ça dépendra du budget. Si l’auto n’a pas de soucis de jeunesse, peut-être… J’aimerais bien refaire un tour en championnat de France. Mais je peux aussi me contenter de quelques épreuves régionales dans le coin. À mon âge, ça me suffit.
Disputer un rallye VHC à bord d’une Berlinette quinquagénaire, ça vous tenterait?
Pas du tout. Les voitures historiques, je les laisse volontiers aux jeunes pilotes. Trop physiques à exploiter. Il y a deux ans, un ami m’a prêté sa Porsche groupe 4. Juste pour faire un bout de route sans chronomètre. Après cinq kilomètres à peine, je n’en pouvais plus! Et puis, de toute façon, vous savez, je serais bien incapable d’aller aussi vite qu’à l’époque!
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