Challenges Entreprise Défense
Par Vincent Lamigeon le 12.07.2022 à 14h18, mis à jour le 26.07.2022 à 16h25 Ecouter 6 min.
Le groupe français va installer à la Londe-les-Maures (Var) un centre d’excellence sur les drones de surface et drones sous-marins. Il ressuscite ainsi une ancienne usine de la DCN fermée en 1993. Une réindustrialisation spectaculaire.
Maintenance sur une torpille, sur le site Naval Group de Lagoubran (Var)
Un grillage rouillé, une usine désaffectée, quelques bâtiments tagués au milieu des hautes herbes. A la Londe-les-Maures (Var), habitants et estivants s'étaient habitués à la friche industrielle du quartier des Bormettes, à quelques mètres des plages de l'Argentière et Tamaris. Presque trente ans après sa fermeture, cet ancien site de la DCN (Direction des constructions navales) s'apprête à connaître une renaissance spectaculaire. Naval Group, son propriétaire, a officialisé début juillet l'installation sur place de son future centre d'excellence dédié aux drones de surface, drones sous-marins et systèmes autonomes. "Ce site a de nombreux avantages, explique une source proche du dossier. Il est situé à proximité de nos grands clients, la Marine nationale et la DGA, présents notamment à Toulon. Il dispose également d'un accès direct à la mer, ce qui est extrêmement rare."

Vue aérienne de l'usine désaffectée des Bormettes, en 2001 (crédit : Monuments nationaux)
Entièrement rénové, le site de la Londe (22 hectares) accueillera à l'horizon 2026-2027 les activités de drones du groupe naval français, mais également la fabrication des torpilles de Naval Group, aujourd'hui conçues sur le site de Gassin, près de Saint-Tropez, dont les salariés rejoindront le nouveau site. Le groupe dirigé par Pierre-Eric Pommellet va également muscler son autre grande implantation varoise, le site d’Ollioules. Ce dernier va accueillir 200 salariés du site de Bagneux (Hauts-de-Seine), et devenir le centre d'excellence de l'activité systèmes de combat de Naval Group. Ces systèmes informatiques ultra-complexes sont en quelque sorte le cerveau opérationnel des navires : ils gèrent à la fois les capteurs (radars, sonars…), et les "effecteurs" (missiles, torpilles, canons…), présentent les situations tactiques et proposent des actions (tir d’armement, contre-mesures…) au commandement. L’investissement total sur les sites de la Londe et celui d’Ollioules est estimé à 140 millions d’euros.
Sacrée histoire que celle de l’usine des Bormettes. C’est le groupe Schneider, les maîtres de forges du Creusot, qui ouvre le site en 1907, pour expérimenter de nouvelles torpilles. En 1912, la société construit une grande halle de type Eiffel de 1.000m2, au toit en sheds caractéristiques des usines du nord de la France. Un îlot de lancement artificiel, construit en béton armé, est installé à quelques centaines de mètres, près du cap Léoube. Baptisé la "machine à coudre", il sert à tester les prototypes. Ses fondations sont toujours visibles par les promeneurs et les plaisanciers.
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L'îlot artificiel de lancement de torpilles de la Londe (DR)
Le site, fort de commandes importantes en France et à l’étranger, atteindra 750 salariés. C’est une véritable cité ouvrière, village quasi-indépendant du bourg voisin de la Londe. Ce coron, rarissime dans le sud, comprend une dizaine de villas et une centaine de maisonnettes alignées, dotées de jardins potagers. Le site vit jusqu’en 1933 en quasi-autarcie : il dispose d’une coopérative alimentaire ravitaillée par deux fermes appartenant à Schneider, mais aussi d’une école, d’une boulangerie, d’un bar, d’un bureau de poste et d’une salle de sport. Les maisons, modernes, sont équipées de l’électricité et de l’eau courante.
L’usine est nationalisée en 1937 sous le Front Populaire, et jumelée avec le site de Gassin/Saint-Tropez. Ce dernier réalise les études et conçoit les prototypes de torpilles. La Londe fabrique quant à elle les pièces mécaniques, et prend en charge le montage et le réglage. En 1993, l’usine n’a plus que 280 salariés. Face à une conjoncture difficile et une baisse des budgets de défense, le ministère de la Défense décide de sa fermeture. Les salariés seront envoyés sur d’autres sites des armées : Cuers, Hyères, Toulon, Saint-Tropez.
Presque 30 ans plus tard, la réindustrialisation du site des Bormettes est une belle victoire pour les élus locaux. Le maire de la Londe, François de Canson, avait toujours refusé de céder aux avances des promoteurs immobiliers, qui lorgnaient ce site unique depuis des années. "Depuis le début de mon mandat, je me suis battu pour une issue favorable à la réouverture de ce site magnifiquement situé de 22 ha, éloignant systématiquement tout projet immobilier dénué de valeur ajoutée", indiquait François de Canson le 8 juillet.

Le prototype de drone océanique de Naval Group (Naval Group)
L’investissement de Naval Group confirme le choix du Var comme pilier du groupe. Selon Laurent Moser, directeur du site de Toulon, le champion français y emploie 4.300 salariés : 2.400 à Toulon, 1.500 à Ollioules et 400 à Gassin. A l’hôtel de région, à Marseille, on veut voir encore plus loin. "Le choix de Naval Group renforce notre ambition de devenir la première région européenne de la défense", assurait Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le 8 juillet.
Armée française Marseille
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