Tous les samedis, depuis trois semaines, c’est la même musique. Pour plusieurs millions de téléspectateurs, c’est plateau télé devant la Star Academy, émission culte de TF1, pour voir l’évolution des jeunes artistes en compétition. Pour une famille du Lot-et-Garonne, c’est plateau télé aussi, mais en vrai. « On monte à Paris tous les week-ends, quelques places sont réservées à la famille. On essaie d’amener les gens qui l’aiment » avance fièrement Frédéric, le papa de Louis, le candidat lot-et-garonnais de cette nouvelle saison. Crinière blonde et gueule d’ange, sa personnalité et sa sensibilité à fleur de peau ont rapidement attiré l’œil – et l’oreille – des aficionados du programme. Un garçon de 20 ans en pleine lumière, sa famille l’est beaucoup moins et cherche à rester discrète. C’est à Boudy-de-Beauregard, village de 400 âmes coincé entre Cancon et Monflanquin, que nous avons rencontré les premiers supporters de Louis.
Cette aventure télévisuelle, ils s’y sont préparés dans le plus grand secret, depuis plusieurs mois. Confidentialité oblige, ils ont dû attendre la première émission avant de pouvoir en parler à leur entourage. « Deux jours après son anniversaire, en mai, il était sur le canapé quand une pub annonçait le retour de la Star Ac’. Nos yeux se sont croisés » se souvient Valérie, la mère de Louis. Sans un mot, elle devine sa volonté de passer les castings. Une étape après l’autre, la production de l’émission jette son dévolue sur Louis et contacte alors son frère Grégoire pour « manigancer » l’annonce officielle, dans la maison familiale. « Je devais gérer ça à distance » sourit le jeune homme. « Il fallait qu’on soit prêt à 9 heures, mais ça c’est impossible pour Louis », l’artiste en herbe n’étant pas forcément du matin. La surprise décalée à midi, le candidat n’était pas encore pas prêt cinq minutes avant l’arrivée des caméras. Finalement, tout se goupillera au mieux et les équipes de tournage resteront 5 heures sur place. « La production, qui est très jeune, est adorable » lancent les parents.
Un rêve qui se réalise pour Louis (lire ci-contre), l’académicien lot-et-garonnais est aussi là pour travailler. Francesca, professeure de chant à Monflanquin, suit l’aventure d’un œil avisé, elle qui l’a connu à l’âge de 11 ans. « Il écoute, il est conscient de ses lacunes » analyse celle qui est connue sous le nom de scène de Fran Ray. « Il sait qu’il doit gérer ses émotions. Mais il a fait beaucoup de progrès sur sa voix, il a un talent naturel de fou ». Comme ses proches, elle a été épatée par ses performances en direct. « On sent depuis 1 ou 2 ans qu’il se libère, qu’il prend confiance » révèle la professeure de chant. Pourtant, les premiers jours de la Star Ac’, Louis fend l’armure devant les caméras. « Il s’est toujours senti illégitime » détaille son père, « même après avoir décroché son ticket pour l’aventure parmi 20 000 candidatures ». Cette émission, ses parents la voient comme un tremplin. « Qu’il profite, ça ne peut que lui ouvrir des portes. » Quoi qu’il arrive par la suite, ils seront toujours là. Mais l’épopée est loin d’être terminée, et ils seront une nouvelle fois, samedi soir, dans les gradins du studio de la plaine Saint-Denis pour supporter leur graine de star.
Dans sa bulle, Louis l’a toujours été. Comme ce jour où, tout petit, il a échappé à la vigilance de ses parents pour aller cueillir des fleurs dans le champ d’à côté. « Il vit dans le monde des bisounours » sourit Valérie. La mère de famille se souvient du jour où, revenant de chez sa nounou, Louis entonnait « Laissez moi danser », chanson de Dalida et hymne de la 4e Star Academy. « Il n’avait que trois ans », s’étonne toujours sa mère. Le début d’un tour de chant en continu dans la maison familiale. « Il chante tout le temps » souffle son frère, qui subit parfois les envolées lyriques de Louis, tard le soir.
La pierre angulaire de cette vocation artistique, c’est sans nul doute Clara, sa meilleure amie depuis les bancs de l’école de Boudy-de-Beauregard. C’est elle, lors du 2e prime de la Star Ac’, qui est montée le rejoindre sur scène. « Ils m’ont appelé mardi et m’ont envoyé le texte le jour même » raconte la jeune femme. Une belle surprise pour le candidat, alors en duo avec sa complice de l’aventure, Enola. « C’est quelque chose d’évident, ils peuvent dégager quelque chose ensemble » avance Clara. Ils ont commencé les cours de chant ensemble, à l’âge de 9 ans. Depuis, ils ne se sont jamais lâchés et ont progressé ensemble. « Sans Clara, il n’aurait pas fait tout ça » affirme Valérie. « Il avait toujours besoin de moi pour commencer quelque chose » enchaîne l’étudiante. Tous les deux, ils se sont produits sur la scène du petit théâtre de Boudy jusque dans la cour du château de Monviel. « Quand il était petit, il voulait être sur scène » poursuit sa mère, qui l’a toujours entendu dire « quand je serai célèbre ». Chanson ou théâtre, l’important pour Louis c’est « de donner du plaisir. » « Il a toujours fait pleurer les gens, il a toujours dégagé beaucoup d’émotion » se remémore son père. Une prestance qui se voit aujourd’hui aux yeux de millions de téléspectateurs. Et l’aspect « compétition » de l’émission, Louis n’en a cure. « Quand il faisait de l’athlétisme, de la danse ou de la gym, il y allait toujours en dilettante. Pour les copains, et pas pour la compet’ » assure Frédéric. Pourtant, le garçon a un caractère bien trempé. « Avec lui, ce n’est jamais gris, c’est soit noir ou blanc » s’amuse sa maman. Elle comme son père l’ont toujours soutenu dans ses choix, malgré les obstacles. A commencer par l’accès à la culture en milieu rural. « Malgré un super dossier et une mention Très Bien au brevet, il n’a pas été pris au lycée Palissy à Agen où il aurait pu avoir des options culturelles. Ça a été un méga traumatisme pour lui » se souvient Valérie. Tant pis pour cette fois, il ira du collège de Monflanquin au lycée de la cité scolaire de Fumel pour passer son bac. Il partira ensuite à Bordeaux pour poursuivre ses études en psychologie, vivre sa vie et enfin de réaliser son rêve, « celui d’intégrer le château ». Comme pour son frère Grégoire, qui avance ses gammes au sein de l’équipe de basket de l’ABC tout en continuant ses études, les parents ont toujours poussé leurs petits à s’épanouir : « On est fier de ce qu’ils sont, pas de ce qu’ils font ».
Il l’a annoncé dès la première émission : l’académicien est fier de ses racines de la vallée du Lot. « Louis, de Boudy-de-Beauregard » crie, avec son ton inimitable, l’animateur vedette de TF1 Nikos Aliagas en ouverture du prime de présentation. « Il a tenu à ce que ça soit Boudy qui soit annoncé » assure le papa. La famille est implantée dans ce petit village du nord du Lot-et-Garonne depuis plusieurs générations, alors Louis tenait à le faire savoir. Une fierté pour la maire de cette commune, Isabelle Andrac. Ici, tout le monde se connaît – ou presque -, alors quand la nouvelle de l’apparition d’un jeune de Boudy sur de TF1 s’est répandue, c’est devenu le sujet de conversation n° 1. « Le village entier regarde l’émission » sourit l’édile. Car Louis est loin d’être inconnu. Des années au sein de l’école communale, il a également fait partie du club de basket du village : le BBC, le Boudy Basket Club. Une évidence, sa famille est investie dans la vie du club.
Pour se rappeler le pays – ou peut-être pour se porter chance – il a emporté dans ses valises un pull aux couleurs du BBC, dont le logo est apparu à l’écran. La consécration pour ce club incontournable des terres du Haut-Agenais. Les voix de ce coin du Lot-et-Garonne, on les entend parfois dans l’émission quotidienne, lorsque Louis passe un coup de fil à sa mère – les candidats n’ont pas accès à leur portable et ont droit à une minute de téléphone par jour. « Mais il les donne ses minutes ! » peste Valérie. Elle peut néanmoins le suivre en direct tout au long de la journée sur internet, même si elle y reconnaît « un côté un peu intrusif. Par contre, le mardi, je ne peux pas rater les évaluations ». De sa famille aux amis, Boudy attend le retour de son enfant prodige.
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