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Les Catalans ont choisi le 11 septembre comme fête nationale, en souvenir de la chute de Barcelone.
Huit mille mètres carrés de vieilles pierres. Les toitures ont disparu, mais les murs de 55 maisons quadrillent encore la ville. On imagine, facilement, le cadastre de ce petit bout de Barcelone au début du XVIIIe siècle et le quotidien de ses habitants. La vie en 1714, par exemple, juste avant le 11 septembre et la prise de Barcelone par les troupes des Bourbons. «Avant que ne s’abatte le terrorisme d’État», dit notre guide. Le ton est donné. Quim Torra est le directeur du centre culturel El Born, un ancien marché couvert, où les fouilles – huit ans de travail et 74 millions d’euros investis par la mairie – ont fait réapparaître «un monde perdu», selon l’expression de Torra.
Les Catalans ont choisi une défaite en guise de fête nationale. La Diada, ou jour de la Catalogne, commémore la chute de Barcelone lors de la guerre de Succession au trône d’Espagne. Les Catalans soutenaient en majorité l’héritier Habsbourg, qui s’était engagé à respecter certains privilèges et institutions de la région. Ils opposèrent deux mois de résistance au siège des Bourbons.
Le 11 septembre 1714, «la victoire de Philippe V suppose la fin de l’État catalan», explique, en catalan, en espagnol et en anglais, l’un des panneaux au Born. Un terme qui ferait bondir à Madrid, où le gouvernement explique que la Catalogne n’a jamais été un État. Le Born et sa présentation particulière de l’histoire catalane ont drainé deux millions de visiteurs en un an. Pas si loin des 3,2 millions de la Sagrada Familia. Cette vision, reproduite dans les manuels scolaires à quelques variations près, correspond à l’imaginaire collectif des nationalistes catalans.
Une interprétation pourtant contestée par certains historiens en Catalogne et par une majorité d’hispanistes. Ces derniers dénoncent, au mieux, une simplification manichéenne ; au pire, une manipulation politique. Ricardo García Cárcel, professeur à l’Université autonome de Barcelone, dénonce «trois distorsions de la réalité historique». Le fait de présenter la guerre de Succession au trône d’Espagne comme un conflit entre la Castille et la Catalogne, d’abord. «L’overdose de victimisation», ensuite, et notamment l’oubli de la période de croissance économique en Catalogne après 1714. «La sublimation, enfin, de la Catalogne disparue, d’une espèce d’Arcadie heureuse structurée par un État catalan.»
La querelle d’historiens n’est pas circonscrite à l’université, ou aux musées. En décembre, un symposium analysa l’histoire de la région sous le titre évocateur: «L’Espagne contre la Catalogne». La semaine dernière, c’est une antenne de l’Institut Cervantes aux Pays-Bas qui, sur instruction de l’ambassade d’Espagne, reportait la présentation de Victus, un succès de librairie inspiré du siège de Barcelone. Le gouvernement espagnol a taxé le livre de «manipulation historique». Une énième bataille dans la guerre de l’histoire. Un dernier exemple de l’incompréhension grandissante entre deux sociétés éduquées depuis plus de trente ans dans des cosmogonies contradictoires.
r.d.v.
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– La Catalogne , va jusqu’ à Perpignan , soit : le Roussillon , mais à ce jour il ne le revendique pas comme en Espagne !
Carq
le
Certes la Catalogne est régie par la Constitution de 1978 mais aussi comme les autres régions par un Statut d’autonomie, à valeur constitutionnelle qui date de 2006. C’est justement les nombreuses remises en question de ce statut par le gouvernement Rajoy à Madrid qui font prendre conscience à de plus en plus de catalans jusqu’alors mesurés “qu’avec Madrid, ce n’est plus possible”. Le premier responsable fut le garant des institutions, le trop vieux et fatigué Juan Carlos, Roi “des Espagnes” qui a laissé faire les nostalgiques sans talent du franquisme au pouvoir à Madrid, au lieu de faire évoluer l’Espagne vers un véritable état fédéral à l’Allemande. Son fils semble guère plus inspiré … Dommage ….
Saint Amand de Bois-Le-Duc
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un fait est certain: un français peut comprendre ce que dit un catalan, les deux langues sont plus proches que l ‘espagnol.
ANALYSE – Les élites russes sont divisées face aux décisions de Vladimir Poutine dans le contexte de l’offensive contre l’Ukraine.
LE POINT SUR LA SITUATION – La Russie interdira à partir du 1er février 2023 la vente de son pétrole aux pays étrangers qui utilisent le plafonnement du prix de l’or noir russe, fixé début décembre à 60 dollars par baril par l’UE, le G7 et l’Australie.
TÉMOIGNAGES – Vivre dans la capitale britannique est devenu un véritable cauchemar pour certains expatriés qui ne peuvent plus faire face à la hausse, ces derniers mois, des loyers mais aussi des prix de l’électricité et du gaz.
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Espagne: la bataille de l’histoire fait toujours rage
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