Du haut de ses 12 m, elle a vu défiler cinq siècles d’histoire locale. Mais à 543 ans, l’heure d’un petit rafraîchissement est venue pour l’emblématique halle de Milly-la-Forêt, en Essonne. Des travaux de rénovation XXL sont sur le point de démarrer, afin de renouveler la toiture de cet édifice classé Monument historique depuis 1923, et changer des pièces de la structure. Pour ce travail hautement qualifié, la mairie a suivi les conseils de l’architecte du Patrimoine. « Les travaux vont durer entre 10 et 14 mois, indique Virginie Flaux, adjointe au maire en charge de la communication. Ils seront réalisés par une toute petite équipe car ils nécessitent un savoir-faire bien particulier. »
Avec les années, l’eau a fini par s’infiltrer, des problèmes sur la structure sont apparus et certaines réparations du passé, parfois maladroites, n’ont pas résisté à l’épreuve du temps. « En termes d’architecture, cette halle est remarquable, poursuit Virginie Flaux. Avec celles d’Arpajon et de Méréville, elles sont trois à être construites sur le même modèle. Après la guerre de 100 ans, le bois est venu à manquer. Les plus belles pièces étaient utilisées pour construire des navires. C’est donc avec des morceaux plus courts que ces trois halles ont été réalisées. »
« J’adore cette halle, lâche Bruno, un habitant de 62 ans. Sa construction est exemplaire. De nos jours, on ne réalise plus de telles choses… sauf quand il s’agit de Notre-Dame de Paris. » Ce que Bruno admire par-dessus tout, c’est l’indéniable savoir-faire des artisans du Moyen Âge. « Je suis curieux, j’aimerais tellement pouvoir travailler quelques heures avec l’entreprise en charge des travaux. »
Chose incroyable, depuis plus de 500 ans, la halle n’a jamais perdu sa vocation première. « Elle a été construite par l’amiral de Graville, après autorisation du roi Louis XI par lettres patentes du 5 mai 1479, précise Éric Gachot, président de l’association Les Amis de Milly-en-Gâtinais et Environs, qui lui a consacré l’ouvrage La halle dans tous ses états. Son rôle était d’accueillir le marché du jeudi. À l’époque, les communes alentour avaient même l’interdiction d’organiser le leur le même jour. » Aujourd’hui encore, le marché de Milly-la-Forêt se tient, tous les jeudis après-midi, sous la halle. Le temps de travaux, il est déplacé, comme toutes les activités qui se déroulaient sous l’édifice, sur la place du Colombier.
Devant les échafaudages qui couvrent désormais les imposants piliers de chêne, Toni, 74 ans, confirme que la halle fait toujours office de « point de ralliement ». « Pour nous qui la connaissons depuis longtemps, elle est comme un phare, fait remarquer le retraité. Elle est le marqueur de cette place, il ne faut surtout pas la laisser se détériorer. »
Toujours incontournable au fil des siècles, la halle a été contemplée par les plus grands : les rois Louis XI, Henri IV et François 1er mais Richelieu, Madame de Sévigné, et le jeune officier Napoléon Bonaparte alors qu’il était élève de l’école de Brienne en 1786 ont posé leurs yeux sur cet incroyable édifice. « À l’époque, Milly-la-Forêt était une halte sur la route entre Paris et Lyon, continue Éric Gachot. Il y avait de nombreuses auberges autour de la halle. » Plus proches de nous, Jean Cocteau, Jean Marais, Christian Dior, Françoise Sagan ou encore le chanteur Claude François, lorsqu’il séjournait au Moulin de Dannemois, sont passés par la halle.
D’un coût global de 713 000 euros, ces travaux sont subventionnés à hauteur de 196 000 euros par la direction régionale des affaires culturelles (Drac), de 78 000 euros par la région et de 39 000 euros par le département de l’Essonne. Une enveloppe issue de la Mission patrimoine dont le montant n’est pas encore connu viendra prochainement compléter le financement.
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