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Les collectivités travaillent à recycler l’eau épurée de leurs stations, en vue d’arroser les espaces verts, de laver les rues et les engins Les particuliers peuvent-ils en faire autant? Comme envisager un équipement adapté qui leur permettrait de faire un geste pour la planète en plus de faire baisser leur facture d’eau. Récupérer l’eau de la douche pour l’utiliser dans la chasse d’eau des wc, par exemple: mythe ou réalité? Tout le monde peut-il s’équiper? Nous avons creusé la question…
Au Japon, l’eau de la douche est réutilisée pour la chasse d’eau. Un modèle que prône notamment Nicolas Roche, professeur à l’université Aix-Marseille expert des problématiques de l’eau, et notamment en pays aride. Il souligne que la chasse d’eau c’est 30 à 40% de notre consommation d’eau journalière. Quand la douche se positionne à environ 40% également. 
Nous, on “chasse” à l’eau potable. “Modifier l’existant pour s’équiper autrement peut s’avérer complexe, coûteux, parfois impossible. Mais sur les nouveaux quartiers, en revanche, tout peut être envisagé.” 
Les écoquartiers – ces aménagements urbains qui intègrent des objectifs de développement durable et de réduction de leur empreinte écologique – sont passés experts en revalorisation de l’eau en énergie. Nous en avons quelques exemples dans les Alpes-Maritimes. De l’Arenas à Nice Méridia pour Nice, en passant par Cap Azur à Roquebrune-Cap-Martin ou Marenda-Lacan à Antibes, on capte les eaux usées – ou grises – des stations pour se chauffer.
On n’en est pas encore à révolutionner nos salles de bain mais on se pose la question d’une gestion plus intelligente de l’eau avec force.
 
Recycler l’eau à plus petite échelle, à l’échelle du particulier est une vraie solution.
Du coup, pour l’arrosage ou d’autres postes? Romain Salza, microbiologiste, biochimiste, expert en réutilisation de l’eau, dresse un constat sans appel: “Techniquement, on peut mettre plein de choses en place mais on se heurte à la réglementation française.”
Fondateur d’ACQUA.ecologie, inventeur d’Acqua SMart Reuse, milite pour “le traitement et la réutilisation de l’eau au point d’usage”. C’est-à-dire directement sur le site où l’eau est consommée. Il sort “du modèle de la station d’épuration”, qu’il juge, entre autres, “particulièrement énergivore”. Il détaille: “80% de l’énergie dépensée par la station provient du transport de l’eau du point d’utilisation jusqu’à la station.”
Si les villes recyclaient l'eau des stations d'épuration pour arroser les espaces verts et nettoyer les rues
Romain Salza  recycle donc l’eau à plus petite échelle. C’est, pour lui, une vraie solution pour améliorer notre gestion de l’eau. “Un particulier peut, par exemple, envisager de transformer sa fosse sceptique en micro-station hyper performante membranaire“, souffle-t-il. Et ainsi arroser son jardin, laver sa voiture avec cette eau non-potable mais néanmoins épurée? “Complètement.” Mais il martèle: “La réglementation française doit évoluer pour que l’on puisse aller plus loin, avancer.”
Parce que les technologies ne manquent pas. Avec sa start-up basée dans la région de Montpellier, Romain Salza a développé “Le Recover”; un appareil compact qui récupère les eaux usées issues des douches et des bains, les nettoie, les filtre et les recycle afin de les réutiliser pour les chasses d’eau des toilettes. Mais il suffit de faire un petit tour sur Internet pour dénicher d’autres modèles. Il y en a même qui sont primés, comme l’Hydraloop, par exemple. Il y a aussi Ecovision d’Aquartis. On en passe… Avec ces appareils, on peut recycler et réutiliser jusqu’à 85 % de l’eau domestique totale.
Sur les forums de discussions, les conseils et recommandations pleuvent. Certains  s’équipent de douches en circuit fermés, quand d’autres installent des cuves pour récupérer l’eau de la douche, la filtrer et l’envoyer vers la chasse d’eau. 
Il y a des systèmes plus archaïques qui consistent à placer une bassine sous son évier pour récupérer l’eau et la jeter dans les wc au lieu de tirer la chasse d’eau. Mais selon les experts, un équipement valable n’est pas hors de portée. Surtout, on peut l’adapter à l’habitation et au besoin. Sans compter que pour éviter les risques sanitaires, mieux vaut passer par un professionnel.
 Et je ne vous parle pas du bénéfice écologique qui, lui, n’est pas quantifiable
Le résultat de tout ça c’est que l’on préserve l’eau potable mais, qu’en plus, on fait nettement chuter la facture d’électricité. Un reportage de BFM TV, chez un particulier, révèle que sa note est passée de 950 euros à 380 euros en un an.
Le coût d’une installation? Il est très variable, il dépend du lieu, du volume, du besoin, de la technologie utilisée, du système d’épuration choisi, etc. Mais Romain Salza, qui monte des projets pour des structures allant jusqu’à 10.000 personnes environ, estime que l’investissement nécessaire aux installations qu’il propose sont rentabilisées entre 2 et 10 ans. “Et je ne vous parle pas du bénéfice écologique qui, lui, n’est pas quantifiable.”
Il regrette quand même que l’Etat ne propose pas d’aide spécifique pour ce type de transition, comme on le fait pour le système d’isolation et de chauffage. “Cela permettrait à pas mal de monde de prendre la décision de basculer…”
Le port de Sète, dans l’Hérault, notamment, fait confiance à l’expertise de Romain Salza en se lançant dans le projet Acqua Smart Reuse – une innovation nommée aux 10e assises du Port du futur. L’idée c’est de gérer, de valoriser et de recycler les eaux résiduaires du port pour être réutilisées sur les zones de carénage ou pour l’arrosage des espaces verts. Le déploiement est en cours.
“A l’étranger, les choses bougent pas mal et en France, le port de Sète devient précurseur.”
On vous raconte les coulisses de notre dossier "Comment préserver nos ressources en eau?"
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