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Au procès du 14-Juillet, celui qui a réussi à procurer un pistolet automatique au terroriste de la promenade des Anglais a cherché à minimiser son rôle. Quitte à créer le malaise.
Ramzi Arefa n’est guère tendre avec le terroriste de la Promenade des Anglais qu’il décrit comme un “blédard”, un “coké” (1).
Depuis le début du procès de l’attentat du 14 juillet, le Niçois de 27 ans cherche à minimiser son rôle auprès de Mohamed Lahouaiej Bouhlel. Une simple relation de dealer à toxico en quelque sorte. Un “tox” auquel il a tout de même fourni un pistolet automatique.
Ce mercredi, Arefa a de nouveau été passé sur le gril. Pourquoi un terroriste, prêt à commettre un massacre, prend-il la peine d’envoyer un SMS à Ramzi Arefa, à 22h27 le 14 juillet 2016, à quelques minutes seulement de perpétrer l’impensable? Il l’y remerciait pour le “pistolet”, tout en commandant cinq armes pour un projet – d’attaque? – le mois suivant, le 15 août.
“Jusqu’au jour d’aujourd’hui, ce message est incompréhensible. Je suis habitué aux trafics, jamais on n’écrit ça. Certains disent “il est dans la manipulation”, qu’il veut nous entraîner dans sa perte. Il a essayé de me piéger », affirme Arefa.
Le président fait mine de s’étonner: “Pourquoi? Jusqu’à présent les relations se sont bien passées avec lui?”
Ramzi Arefa ne tombe pas dans le piège tendu, esquive: “Quand je vois la haine que cette personne avait contre l’humanité, c’est peut-être un peu logique. Il en voulait à la terre entière.”
Le président Raviot, incisif, ne lâche rien. Bien décidé à le placer face à ses innombrables contradictions. Notamment son rapport à la religion.
Le Ramzi Arefa de garde à vue avait indiqué prier une fois par jour. Il avait décrit la mosquée de la rue de Suisse comme un repère de djihadistes, puis affirmé que l’imam était surnommé “Ben Laden”. Le Ramzi Arefa qui se trouve dans le box se décrit comme “athée”.
Samia Maktouf, avocate des parties civiles, puis le président de la Cour, s’étonnent. “Je ne priais pas, je ne fréquentais pas du tout cette mosquée, explique Ramzi Arefa. Pendant la période de garde à vue, j’étais totalement désorienté, choqué. Je ne faisais qu’inventer la plupart des choses. Ben Laden, tout ça, c’est des réputations (sic) que j’entendais sur cette mosquée, mais ce n’est pas la vérité. Je veux m’excuser auprès de ces personnes, en disant ça, j’ai pu leur causer des problèmes.”
Son comportement, au soir de l’attentat, et le lendemain, interroge également. Il affirme n’avoir jamais cherché à savoir ce qui s’était passé sur la Prom’. Il s’y trouvait pourtant avec ses frères en soirée. Il avait même été pris dans le mouvement de foule.
Selon ses explications, il serait rentré chez lui sans se poser de questions. Sans jamais chercher à savoir. Idem le lendemain où il fréquentera une plage de Juan-les-Pins, fera du jet ski, sans s’intéresser au drame.
“Vous êtes la seule personne à Nice qui n’était pas au courant qu’il y avait eu un attentat”, ironise Me Chalus. Les explications de l’accusé, confuses, ont laissé planer un véritable sentiment de malaise que son avocate tentera de dissiper, sans véritablement y parvenir. Tout juste admettra-t-il en avoir été indirectement informé au restaurant de plage.
Depuis hier soir et à partir d’aujourd’hui, la cour étudie le rôle de Artan Henaj, le pourvoyeur d’armes.
 
1. “Coké”: drogué à la cocaïne / “Blédard”: terme péjoratif, désignant un immigré dont les coutumes et la culture différentes sont encore visibles par manque d’intégration.
L’association des musulmans du centre-ville de Nice a fait part de sa consternation et de sa « grande émotion » à la lecture des déclarations durant l’enquête de Ramzi Arefa.
Elle évoque de « graves accusations », « mensongères et calomnieuses » à l’encontre de la salle de prières de la rue de Suisse et de l’imam de l’époque, décédé depuis.
Elle affirme que l’association ne cesse de prôner le « vivre ensemble, de propager un message de paix, de fraternité, de partage ».
Elle indique se réserver le droit de saisir la justice « afin que ces déclarations calomnieuses et mensongères soient condamnées à la hauteur de l’émotion que cela a pu causer au sein de la communauté ».
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