Favorisé par la réglementation RE 2020 et la stratégie nationale bas carbone (SNBC), la construction bois commence à se développer dans le tertiaire. Mais pour répondre aux besoins des opérations immobilières, la filière forêt-bois doit accroître ses capacités de transformation du matériau et gagner en compétences.
Par Bruno Mouly
« Après dix ans d'innovation qui ont hissé le bois en matériau de construction compétent et décarboné, ce procédé constructif est à une période charnière, capable de couvrir toutes les hauteurs de bâtiment et tous les programmes de construction », indique d'emblée Paul Laigle, associé à l'agence d'architecture Leclercq Associés. Selon les professionnels, la construction bois affiche un bon potentiel de croissance dans l'immobilier tertiaire.
D'après la dernière enquête en 2021 du comité professionnel du développement des industries françaises de l'ameublement et du bois (Codifab) et de France Bois Forêt, sa part n'était que de 16,8 % en 2020 sur le marché des bâtiments non résidentiels. « Favorisée par la réglementation environnementale 2020, qui impose une réduction de 30 % du poids carbone des bâtiments en 2030, la construction bois pourrait prendre une part de marché importante à cette échéance », estime Céline Laurens, déléguée générale de Fibois, l'association interprofessionnelle de la filière forêt-bois.
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C'est d'autant plus le cas dans le secteur tertiaire, « où elle est plus facile à réaliser que dans le résidentiel », ajoute Thomas Péridier, chargé de la promotion tertiaire chez Crédit Agricole Immobilier. Le promoteur développe de petits immeubles de bureaux en bois à Caen, Grenoble, Saint-Etienne, Dijon et Pau, et porte le projet de 60.000 m² d'immobilier tertiaire en bois, porte de Montreuil, à Paris.
L'usage du bois dans la construction a de sérieux atouts pour s'imposer comme une solution majeure de bâtiments bas carbone. En captant et stockant le carbone, le bois permet d'éviter l'émission de tonnes de CO2 par rapport au béton. La préfabrication de murs et de planchers à ossature bois et de poteaux ou poutres génère moins de nuisances sur les chantiers que le béton et ne nécessite pas de séchage. Le bois, plus léger que le béton, est aussi bien adapté à la réhabilitation et à la surélévation des bâtiments. Sur ce créneau, son utilisation double chaque année, selon Fibois.
Promoteurs et constructeurs commencent à s'engager dans ce type de construction, notamment à travers la signature des pactes « bois biosourcé » de Fibois. Ces pactes aident les maîtres d'ouvrage à réaliser des constructions avec une proportion de bois et de matériaux biosourcés. « Ils donnent une visibilité sur les volumes de bois à commander pour les opérations de construction et mettent en mouvement toute la filière », explique Frank Hovorka, directeur technique et innovation de la Fédération des promoteurs immobiliers. Les projets se multiplient.
En témoignent la réalisation de la tour Hypérion de bureaux et de logements, à Bordeaux,portée par Woodeum et livrée par Eiffage, celle du campus Arboretum de 100.000 m² de bureaux à Nanterre porté par Wo2, ou le projet de la tour Albizzia de bureaux et de logements à Lyon, géré par Woodeum et livré par UTEI fin 2023.
La construction bois montre néanmoins des limites économiques et structurelles. Son coût est 10 % à 30 % plus élevé que la construction en béton. Mais son plus gros frein est le changement culturel qu'elle engendre. L'enjeu est de mieux structurer la filière forêt-bois pour répondre aux besoins croissants de la construction en formant les ingénieurs. Il faut aussi accroître la capacité de transformation du bois français, qui ne représente que 30 % de l'approvisionnement.
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