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Mercredi soir, la Franco-Américaine Cécile McLorin Salvant a abordé avec une véritable fraîcheur son premier passage à Jazz à Juan, juste avant George Benson. Avant même d'avoir eu trente ans, la chanteuse avait déjà été récompensée par trois Grammy Awards du meilleur album de jazz vocal. Vertigineux? Visiblement pas pour elle.
Côté scène, au premier soir de la 61e édition de Jazz à Juan, elle affichait tous les atours d’une diva. Robe fuchsia, large collier, souliers aux lignes rétrofuturistes. All eyes on her.
Et une setlist éclectique, entre les morceaux de son dernier album, Ghost Songs, Le Temps est assassin, reprise d’un titre de Véronique Sanson, ou encore une nouveauté mariant l’occitan et le créole. De quoi bien préparer l’arrivée de George Benson, en deuxième partie de soirée.
Quelques heures plus tôt, dans le préfabriqué climatisé lui servant de loge, Cécile McLorin Salvant se présentait sous un autre jour. Totalement accessible, jonglant avec ses incertitudes et son goût immodéré pour la création, sous de multiples formes.
On commence par lui rappeler qu’elle a récemment déclaré dans une interview avoir “embrassé toute sa bizarrerie” sur son dernier projet, histoire de savoir ce qui se cache sous son chapeau.
“Je ne sais pas. En général, je ne suis plus d’accord avec ce que j’ai dit dans une interview quelques mois plus tôt. Là, en fin de compte, je trouve que cet album n’est pas si bizarre que ça. Et en réalité, je crois que je n’ai pas encore complètement embrassé toute ma bizarrerie. Même si j’hésite moins à mettre des chansons qui ne sont pas connues pour appartenir au répertoire du jazz, à prendre des choses qui viennent du XIVe siècle, d’autres écrites en occitan ou à reprendre du Kate Bush a cappella dans une église… Je n’ai pas voulu me censurer, j’ai tenté d’accommoder toutes ces influences.”
Née à Miami, fille d’un Américain d’origine haïtienne et d’une Française venue de Guadeloupe, Cécile McLorin Salvant a rencontré le jazz dans la région, à Aix-en-Provence. Alors, jouer à Jazz à Juan un an après avoir goûté au Nice Jazz Festival, cela veut dire beaucoup pour elle.
“Jamais je n’aurais cru pouvoir chanter dans de grands festivals comme ça, c’est énorme. Quand j’étais encore en France, je faisais pas mal de petits concerts, avec mon professeur. Je crois même que j’avais fait une date ici, au Perroquet [un restaurant situé de l’autre côté de la Pinède-Gould, antre de Jazz à Juan, ndlr].”
À bientôt 33 ans, Cécile McLorin Salvant a déjà tout d’une grande, avec trois Grammy Awards du meilleur album vocal récoltés, d’autres pelletées de récompenses et des collaborations avec Wynton Marsalis, Brad Mehldau ou Archie Shepp.
Ce succès, dévastateur pour certaines étoiles filantes, elle le gère à sa manière.
“Je crois que je n’y pense pas trop. Après, j’ai beaucoup de chance, donc c’est un peu facile de dire ça. C’est très important pour moi de m’isoler de tout ça. Tous mes prix sont chez ma mère… Je suis juste une personne qui écrit deux ou trois chansons à la maison. Ma famille et mes amis ne sont pas musiciens, ils m’aident à continuer à être dans la réalité.”
Parfois, la chanteuse s’évade de la réalité pour nourrir son Ogresse. D’abord pensé comme un conte musical, joué à plusieurs reprises avant la pandémie, ce projet prend désormais la forme d’un film d’animation.
“Je travaille avec une animatrice belge, Lia Bertels. Cela prend beaucoup de temps, c’est très méticuleux et cher. J’espère qu’on aura fini dans cinq ans. Mais peut-être qu’il en faudra dix… C’est un conte qui traverse toute ma musique. Il parle d’une ogresse qui vit à côté d’un petit village, ressemblant assez à celui de ma grand-mère du Tarn, Saint-Antonin-Noble-Val.”
Puisque l’heure est aux rêves, on lui propose de choisir avec quels artistes passés par Juan, morts ou vivants, elle aimerait chanter.
“Louis Armstrong ! C’est peut-être un peu cliché, mais dans l’avion, entre New York et Paris, Sullivan Fortner, le pianiste de mon groupe, était en train de regarder le film High Society. Je n’avais même pas le son, mais j’étais totalement dedans ! Ce type était un punk radical de tout, du spectacle, de la musique, de l’art. Et en plus, il avait l’air trop sympa.”
Elle évoque ensuite Dee Dee Bridgewater.
“On passe toujours un bon moment quand elle est là. Au tout début de ma carrière, elle m’a beaucoup encouragée.”
Le Cécile McLorin Salvant Sextet en concert
Le 24 juillet au Festival de Saint-Paul-de-Vence, place de la Courtine. Tarifs : 35 euros, réduit 15 euros. Rens. festivalsaintpauldevence.com 
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