Publié le 17/09/2020 à 19h28
Thomas Ribierre
Quatre hommes âgés de 26 à 58 ans étaient jugés, ce jeudi 17 septembre 2020, par le tribunal judiciaire d’Auxerre, pour des faits de vols aggravés, vols par ruse, vols en réunion, commis principalement au cours de l’année 2017 mais aussi en 2015, 2016 et 2018, dans le Tonnerrois, le Chablisien et le Florentinois. Quatre profils aux degrés d’implications très variables et au système de défense diamétralement opposés.
Au total, 43 vols ont été perpétrés dans des habitations individuelles, hangars agricoles, sur des chantiers, dans des garages… Le fruit de ces vols a été découvert en grande partie au cours de plusieurs perquisitions menées chez le plus âgé des quatre prévenus, qui est aussi le père d’un des trois autres mis en cause. “Chez vous, c’est une véritable caverne d’Ali Baba qu’on a trouvé”, résume Didier Ducoudray, président du tribunal judiciaire : une dizaine de tracteurs-tondeuse, des quads, des gyrobroyeurs, une voiture sans permis, des remorques, des compresseurs de chantier et une grande quantité de matériel électroportatif, ont, entre autres, été dérobés. 
À la barre, le quinquagénaire suspecté d’avoir orchestré la majeure partie des vols, est inébranlable. “Je ne sais pas. Je n’ai rien volé”, répète-t-il incessamment. 
“Vous avez décidé, jusqu’au bout de nier l’évidence. Votre femme dit que vous êtes un voleur, votre fils dit que vous êtes un voleur, de même que votre belle-fille et les co-prévenus. Arrêtez de vous moquer du monde comme ça, ce n’est pas tolérable cette façon de faire !”
Didier Ducoudray (président du tribunal, au quinquagénaire)
Les juges ont du mal à comprendre comment ce quinquagénaire au casier vierge,  qui disposait au moment des faits de seulement 650 euros de ressources, aurait pu acheter tout ce matériel, comme il le prétend, afin de le stocker chez lui. “Vous n’avez aucune facture, aucune preuve à apporter ! Comment vous préparez votre défense ?”, s’agace le tribunal. 
Son fils, qui reconnaît une grande partie des faits, explique avoir été sous l’emprise de son père qu’il avait, un temps, perdu de vue. “Je suis né là dedans, j’ai connu ça toute ma vie”, explique-t-il à propos des vols, en tentant de minimiser son implication. Il a pourtant participé à un grand nombre d’entre eux comme il le reconnaît, aidant à forcer les portes, couper les grillages ou charger le matériel. Aujourd’hui le jeune homme est gérant d’une entreprise qui répare les pare-brises de voiture. “C’est plutôt bien de voir que vous avez fait des efforts d’insertion et que ça fonctionne pour vous”, note Didier Ducoudray, le président du tribunal.
“C’est peut-être lui qui l’a fait…”
La plupart des engins ont été retrouvés avec des numéros de série meulés ou effacés. “C’est peut-être lui qui l’a fait”, n’hésite pas à dire le père de famille, à propos de son propre fils. “Vous avez bien peu de considérations envers lui…”, s’étonne le tribunal. 
Dans l’après-midi, le parquet cherche à comprendre cette rupture entre les deux hommes. “Ça ne vous pose pas de problèmes que votre fils reconnaisse et que vous, vous niez tout ? Qu’il n’y ait aucun soutien de votre part ?” Encore une fois l’homme reste muet. “Comment expliquez vous que votre fils ait les larmes aux yeux quand Mme le Procureur pose la question”, renchérit, dans la foulée, un assesseur. Toujours pas de réponse. Alors le tribunal la donne : “Votre comportement à l’audience aujourd’hui lui fait honte. Il a honte que vous soyez son père !”
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Après les premières perquisitions révélant la présence de plus de 300 objets d’origine frauduleuse chez le quinquagénaire, les gendarmes qui avaient laissé une partie du matériel présumé volé sur place, se sont aperçus qu’une partie des scellés avaient disparu. Le quinquagenaire aurait retiré les cartons de scellés pour revendre certains objets volés. “Je ne savais pas que c’était des scellés”, dit-il encore, sans convaincre…
Un troisième homme, âgé de 26 ans et sans lien de parenté avec les deux premiers, aurait pris part à une grande partie de ces vols. Une autre série de perquisitions a permis de retrouver chez lui un certain nombre d’objets, comme une hotte et des plaques de cuisine, volées dans une maison en construction d’Auxerre, en janvier 2018. “Je connaissais le père. Je l’ai aidé à voler lorsqu’il me l’a demandé,  pour lui rendre service.” “Quitte à devenir un cambrioleur ?”, demande le tribunal. “Sur le coup, ça ne m’a pas gêné. En plus, j’avais de l’argent. J’avais tout pour faire et j’ai tout détruit”, répond simplement le prévenu. 
“Ce n’était pas pour faire de l’argent, c’était pour équiper ma maison.”
Un prévenu (poursuivi pour 30 chefs de prévention)
Avec l’aide du quatrième prévenu aujourd’hui détenu à Joux-la-Ville, ce dernier aurait commis quatre autres vols, équipé de cagoule, capuche et gants, à Chablis et Villon, sans l’aide du père et du fils. Dans cette commune, les deux hommes ont dérobé dans la grange d’une maison tout un système de chauffage central prêt à être installé. “Je suis passé devant chez vous par hasard. J’ai vu qu’on vous livrait, j’ai accédé à l’aide d’un manche à balai et je lui ai donné le tuyau”, explique le jeune homme en s’adressant directement à la partie civile, éclairant le tribunal sur le repérage effectué en amont. “Je n’en avais aucune utilité dans la maison que je venais d’acheter car j’avais déjà un système de chauffage”, explique son comparse. 
De quoi interroger le tribunal sur l’intérêt de ces vols. “Voler pour voler, ça s’appelle de la prédation, que ça vous plaise ou non!”, lance Didier Ducoudray à l’un des deux prévenus. Une remorque dérobée a également été retrouvée au fond d’une rivière. “Pourquoi ne pas l’avoir laissé au bord de la route pour qu’elle soit rendue au propriétaire ?” “On n’avait pas de gants ce soir-là, et on ne voulait pas que nos empreintes soient retrouvées.”
Me Diégo Tedesco, avocat de l’une des parties civiles, l’entreprise chargée d’installer le système de chauffage chez cette victime de Villon, a rappelé le préjudice moral de son client, qui “a aussi eu l’impression d’être violé, même s’il ne s’agissait que de son chantier. Il s’est retrouvé dans l’impossibilité de travailler.” Il a demandé 1.000 € pour le préjudice moral, 1.000 € au titre de l’article 475-1 et 3.760 € au titre du préjudice matériel. 
D’autres victimes, qui se sont constituées parties civiles sans prendre d’avocat, ont demandé la réparation de leur préjudice. L’une d’entre elles a demandé un renvoi sur intérêts civils.
Après un peu moins de sept heures de débat, le tribunal a suspendu l’audience, ce jeudi 17 septembre, vers 17 heures. Elle reprendra, ce vendredi 18 septembre à 9 heures, avec les réquisitions du procureur de la République, puis la plaidoirie de la défense (un seul des quatre prévenus est assisté d’un avocat) avant un délibéré attendu dans l’après-midi.
Trois des quatre prévenus encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour ces vols en raison des trois circonstances aggravantes que sont la réunion, l’effraction et la dissimulation du visage (pour deux des trois plus jeunes) ou le détournement des scellés (pour le quinquagénaire). Le fils encoure sept ans de prison puisqu’il n’est concerné que par deux circonstances aggravantes (la réunion et l’effraction). 
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Thomas Ribierre
thomas.ribierre@centrefrance.com

1 commentaire
Christophe Naso a posté le 18 septembre 2020 à 10h12
Moi qui cherchais un tracteur tondeuse sur le bon coin, je ne sais pas d’où est cette famille, mais il y en a beaucoup dans le secteur St Florentin
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