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Le travail à temps partagé est-il une alternative d’avenir pour l’emploi et pour les entreprises, associant flexibilité et maîtrise des coûts ? Avant d’être perçu comme tel, il faudrait qu’il soit connu. Or c’est probablement là le pire défaut de ce mode de travail qui consiste, pour une entreprise, à partager un salarié avec une ou plusieurs autres entreprises de manière pérenne (et non intérimaire) via un groupement d’employeurs (GE).
« Pour les entreprises adhérentes à un groupement d’employeurs, le temps partagé permet d’accéder à de nombreuses expertises en interne sans pour autant alourdir la masse salariale par l’embauche d’un salarié à temps plein », explique Barbara Atlan, directrice du GEMME Hérault, un groupement d’employeurs multi-métiers et multi-secteurs créé il y a trois ans, et du GEIQ (Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification) BTP Hérault qui lui, existe depuis 25 ans.
Selon la 7e édition du Baromètre national annuel du temps partagé qui vient de paraître et fait le bilan de l’année 2021, les entreprises adhèrent à ce mode de travail pour la flexibilité (27%), l’expertise plus pointue (25%) des salariés en temps partagé qu’elles recrutent, et une meilleure maîtrise des coûts (21%). La majorité de ces salariés sont des professionnels d’expérience (84% ont 40 ans et plus) et voient leur pratique du temps partagé augmenter (25% exercent depuis plus de cinq ans contre 16% l’année dernière). Parmi eux, 95 % souhaitent poursuivre ce mode de travail, 31% afin de profiter de la diversité des missions et 27% afin d’être autonomes. Le travail à temps partagé se pratique sur l’ensemble du territoire national : 37% en régions hors agglomérations, 36% dans les grandes agglomérations, et 27% en Ile-de-France.
Tous les secteurs d’activité ont recours à des salariés en temps partagé : le plus fréquemment dans les ressources humaines (23%), dans la finance-gestion (25%), le commercial-marketing (19%), la communication (7,4%), l’administratif (6,6%), la qualité-sécurité-DD (5,7% ou encore l’industrie (4,5%). Le temps d’intervention cumulé en entreprise est de moins de 10 jours par mois pour 34%, entre 10 et 15 jours par mois pour 27%, à temps plein ou quasi temps plein pour 30%, et aléatoire pour 8,2%.
« Cette forme d’emploi se porte bien, affirme Pierre-Olivier Navarro, directeur du Centre de ressources des groupements d’employeurs (CRGE) d’Occitanie, basé à Montpellier. Notre mission, c’est de créer de l’emploi en s’appuyant sur le dispositif de GE, et non de représenter les intérêts des GE. Selon notre observatoire de l’emploi annuel, on voit une croissance de 10% du nombre d’emplois et du nombre de GE en Occitanie : en 2016, 99 GE hors agriculture et 3.200 emplois, et aujourd’hui 132 GE et 4.200 emplois. La moitié des GE sont des associations sportives car ce modèle fonctionne bien pour ce secteur. Aujourd’hui, le volume d’heures en CDI est plus important qu’en CDD… Nous venons d’accompagner la création d’un GE multi-sectoriel à Tarbes pour pallier les difficultés de saisonnalité des acteurs du tourisme, par exemple. Il existe aussi celui sur la santé, le GE ASOE à Toulouse, qui a une vocation régionale sur la coordination de soin, avec des postes administratifs mais aussi des médecins administrateurs. »
Selon lui, la région Occitanie fait office de « meilleure élève » en France, avec une croissance plus rapide que dans d’autres régions : « Le CRGE Occitanie est un organisme paritaire gouverné par les partenaires sociaux (MEDEF, CPME, U2P, FNSEA, CFDT CFTC CFE-CGC, CGT, FO,  fédérations sportives, CRESS, CUMA et coopération agricole, NDLR) et soutenu par l’Etat et la Région. A la mi-avril, nous avons remporté l’appel à manifestation d’intérêt national lancé en décembre 2021 par la Délégation générale à l’Emploi et à la Formation professionnelle, avec à la clé une enveloppe de 4 millions d’euros : l’Occitanie a été la première région avec le plus de dossiers déposés et a obtenu 1,5 millions d’euros pour les GE de la région ».
Et Pierre-Olivier Navarro insiste, tous les secteurs d’activité peuvent être concernés par le statut de travail partagé : « Aujourd’hui, nous travaillons par exemple sur la création d’un GE à caractère industriel dans le Lot. Dans l’ex-Languedoc-Roussillon, on est plutôt sur des problématiques de tourisme saisonnier, sur le sport et un peu sur du multi-sectoriel. Et aujourd’hui, nous observons une poussée de projets d’entreprises qui viennent nous voir pour créer un GE dans le monde marchand ».
Le dispositif bénéficie d’un double phénomène. D’une part, l’évolution liée à la crise Covid avec des besoins dans les entreprises sur des fonctions de community manager, de communication, de RH, de responsable qualité, etc. : des fonctions essentielles mais inaccessibles en temps plein pour des petites structures. D’autre part, côté salariés, « une ré-interrogation sur la relation à l’entreprise et à leur collaboration avec elle, avec une envie de se confronter à différents univers, d’éviter la routine et de moduler le temps de travail », souligne Pierre-Olivier Navarro.
« Le principal frein, c’est la méconnaissance de l’outil dans les branches, qui connaissent mieux l’intérim et le portage salarial que les groupements d’employeurs, regrette le directeur du CRGE Occitanie. Il y a donc un travail de pédagogie et de l’évangélisation à faire car tout le monde trouve ça intéressant sur le papier mais ça reste difficile à mettre en œuvre… Pourtant, l’outil est très sécurisé. On note également des freins réglementaires : aujourd’hui, il est encore difficile de faire du multisectoriel en raison d’incompatibilité des conventions collectives. »
Parmi les arguments en faveur du travail partagé, Pierre-Olivier Navarro plante le drapeau du territoire et de l’emploi : « C’est toujours l’approche territoriale qui va l’emporter, le bassin d’emploi. Aujourd’hui, les plus gros GE de la région, qui sont aussi ceux qui fonctionnent le mieux, sont dans les territoire les plus reculés d’Occitanie, comme le Gers, le Comminges, le Lot… Car c’est souvent le seul interlocuteur “emploi” et la mutualisation est plus facile. Le groupement d’employeurs, c’est l’outil de la TPE-PME et de la ruralité par excellence, même si ça marche aussi en métropole. On a par exemple un GE industriel spécialisé dans les opérateurs de la chaîne logistique à Toulouse et à Nîmes, ou encore le GE Opep à Toulouse (Groupement d’Employeurs Culture & ESS de la région Occitanie, NDLR)… Notre structure est inscrite dans le Plan Etat-Région et donc dans le schéma directeur emploi-formation de la Région Occitanie. Ainsi, pour son Pacte pour l’embauche, la Région fera appel au CRGE pour répondre aux besoins d’emploi et nous serons directement connectés aux syndicats patronaux ».
Lire aussi les volet 2 et 3 de ce dossier :
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