À compter du 1er janvier 2023, les agents immobiliers devront indiquer dans leurs annonces de vente et de location, en vitrine comme sur internet, si le logement est situé dans une zone exposée au recul de trait de côte. Le cas échéant, ils devront mentionner le site www.georisques.gouv.fr afin que les acquéreurs ou locataires intéressés par le bien puissent se renseigner plus précisément sur les risques encourus.
Si cette mesure de la loi Climat et résilience n’a pas encore fait de bruit dans le Landerneau, c’est que le décret, publié le 1er octobre dans le Journal officiel, est tout frais. Et que, fondamentalement, elle ne bouleverse pas l’ordre des éléments portés à la connaissance du client. « L’état des risques miniers et technologiques est un document joint systématiquement au dossier, en amont de la signature du compromis de vente », souligne Christophe Guéguen, responsable de l’agence Terre d’Immo, à Quimper. « S’il s’agit d’une maison en zone inondable, l’information est donnée dès le premier rendez-vous, ce qui évite les visites inutiles », abonde, à Bénodet et Sainte-Marine (29), Mathieu Monfort, de Littoral Ouest Immobilier.
Ce qui change la donne, c’est, dans les zones exposées au recul du trait de côte, l’affichage de ce risque dans l’annonce. « Trop d’info tue l’info », lâche Christophe Guéguen. « On avait déjà le DPE (diagnostic de performance énergétique) à exposer. Si l’on doit ajouter le risque de submersion, on n’aura bientôt plus de place dans nos vitrines pour montrer la photo de la maison » (*).
L’agent immobilier formule aussi la crainte qu’à croiser trop de données (description, photo, cartes interactives…), certains finissent par localiser les biens et à démarcher les vendeurs directement, passant outre la confidentialité en court-circuitant les professionnels immobiliers.
Placarder la menace d’érosion côtière en vitrine peut-il avoir un effet repoussoir pour les candidats à l’achat ?
Cela n’aura pas d’incidence chez des retraités en quête d’un havre de paix, « en première ligne » dans le golfe du Morbihan, estime-t-on chez Century 21, à Sarzeau (56). Ici comme ailleurs, le rêve d’un bien les pieds dans l’eau prime souvent sur la connaissance du risque. Cela peut-il contribuer à faire baisser les prix ? Sur ce point, les avis divergent. Selon Mathieu Monfort, apprendre qu’un logement est en zone inondable ne fait reculer qu’« entre 20 et 30 % » des acquéreurs. Mentionner le recul de côte dans l’annonce peut « faire gagner du temps », estime le responsable de Littoral Ouest immobilier, mais peut aussi se révéler contre-productif : « À force d’empiler les renseignements tous au même niveau, les clients se perdent et n’arrivent pas à en sortir l’essentiel », observe-t-il.
Andrée Floc’h, consultante à Lesneven (29) pour le réseau megAgence, considère, pour sa part, qu’une « prise de conscience » des risques est amorcée. « Sur la Côte des légendes, les acquéreurs ne recherchent plus autant qu’avant la vue sur mer. Je reçois davantage de demandes pour des biens un peu plus en retrait du littoral. En raison de tarifs plus abordables, bien sûr. Mais également par crainte de la montée des eaux, objet de nombreux documentaires ». Une lente évolution qui lui fait entrevoir une possible érosion… des prix.
* L’information des acquéreurs et locataires dès l’annonce concerne aussi les zones à potentiel radon significatif, dites de niveau 3, particulièrement présentes en Bretagne.

source

Catégorisé: