Ils s’appellent Clara, Maxime, François, Camille, Mathieu, Séverine… Leur point commun ? Avoir quitté la métropole lilloise pour s’installer sur la Côte d’Opale. Depuis le premier confinement, sur le littoral, la même histoire revient souvent. Celle d’un couple lassé par le rythme de la ville et qui choisit de vivre la « dolce vita » à la mer.


Si on ne voit pas encore débarquer de charters bourrés à craquer de Lillois venus s’installer sur la côte, c’est certain, ils sont nombreux sur le littoral depuis le premier confinement. Sur les digues, dans les cafés, on croise de plus en plus de métropolitains venus goûter aux plaisirs d’une vie à la mer.
« Au départ, notre projet c’était plutôt d’aller vers Hendaye (sud-ouest, près de la frontière espagnole). Et puis, il y a eu le confinement, et on a réalisé qu’on voulait rester pas trop loin de nos familles et de nos potes, racontent Clara et Maxime Poupart. J uste après le confinement, on s’est fait un week-end entre copains à Escalles, et on a adoré, alors on s’est dit que c’était le bon compromis. » Pour ces adeptes de sport et de nature, la côte d’Opale s’est imposée naturellement.

Moins d’un an plus tard, alors qu’ils ont à peine 30 ans, les voilà partis pour Saint-Inglevert, à six kilomètres tout juste de la mer et à huit seulement de la gare de Calais-Fréthun. « J’adore mon boulot, et pour moi, il n’était pas question de le quitter », explique Clara, ingénieur produit chez Décathlon. Trois matins par semaine, la cadre prend sa voiture pour rejoindre la gare, direction Lille. « C’est vrai que la possibilité de télétravailler deux jours par semaine simplifie les choses. »

« On voulait commencer une nouvelle vie avec de la nature, la mer »

Ce qui a séduit ce jeune couple ? La nature, bien sûr, mais aussi la possibilité de continuer à travailler à Lille.
Ce qui a séduit ce jeune couple ? La nature, bien sûr, mais aussi la possibilité de continuer à travailler à Lille. - Photo Sébastien Jarry

Ce trajet, elle n’est pas la seule à le faire. À Wimereux, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Inglevert, François Delaunoy emprunte la même ligne. En avril 2021, François et sa femme Camille Delaunoy-Tricart, se sont installés dans la cité balnéaire avec leur fils, Édouard. « On venait de se marier et on voulait élever notre fils en dehors de la ville. On voulait commencer une nouvelle vie avec de la nature, la mer. » Si jusqu’ici, ils avaient choisi de louer un appartement, le couple de 26 ans a jeté son dévolu sur une maison à Wimille à quelques kilomètres de la mer.
Comme eux, Mathieu Verhaeghe et Séverine Lavignon ne regrettent rien. « On y voit que des avantages », insiste Mathieu, 43 ans. Poussé par sa femme, originaire du Montreuillois, ce Lillois a quitté sa ville de cœur pour s’installer à Beaurainville à une trentaine de kilomètres de Berck. « Ma femme a été élevée là-bas et elle voulait offrir le même confort de vie à notre fille de quatre ans et demi. Dès qu’on a une journée de repos, on en profite pour aller à la plage. »
Autre avantage non négligeable celui du prix de l’immobilier. « On a pu acheter une maison beaucoup plus grande que ce qu’on aurait pu s’offrir à Lille avec un grand terrain. » Si le marché commence à subir de plein fouet l’arrivée de ces nouveaux acheteurs qui ont les moyens, dès qu’on s’éloigne des grosses cités balnéaires comme Le Touquet, Wissant, Wimereux ou Neufchâtel-Hardelot, on reste loin des prix appliqués en métropole lilloise. Pour le moment…
Dans certaines villes de la côte, l’arrivée de ces nouveaux acheteurs a eu un effet immédiat. Et ça ne concerne pas que les cités balnéaires réputées comme Wimereux, Wissant, Hardelot ou Le Touquet. « Maintenant, dès qu’on vend une maison à Fréthun ou dans le pourtour de la commune, c’est quasiment systématique, les acheteurs sont des gens qui travaillent à Lille. Aujourd’hui, sur ce secteur précisément, on a des prix qui flirtent avec ceux appliqués dans la métropole lilloise. » L’argument de la commune ? Sa gare. Les TERGV permettent de rejoindre Lille en 28 minutes. Depuis la crise sanitaire, et surtout le développement du télétravail, l’immobilier a augmenté de « 15 voire 20 % sur la commune ». Un bond qui s’explique aussi par la pénurie de biens à vendre sur le secteur.
Bien sûr, Fréthun n’est pas la seule touchée. Il y a aussi ces nouveaux arrivants qui veulent goûter aux avantages de la plage à deux pas. Et sur un marché où les biens se font rares, les métropolitains raflent souvent la mise. « Ils sont capables de mettre 350 000 € à 450 000 € sur la table, pour eux, ce sont des prix classiques si on les compare à la métropole lilloise », confirme Valentin Laporte, agent immobilier chez Square Habitat à Wimereux. Dans une commune comme Wimille, à trois kilomètres à peine de la mer, « on trouve des maisons trois pièces avec jardin et garage à 350 000 € alors qu’il y a deux ans, on tournait plutôt autour de 250 ou 280 000 €. »
– Une nature à couper le souffle : impossible pour la métropole lilloise de rivaliser avec les falaises de la Côte d’Opale et ses longues étendues de sable. Sans parler du spectacle qu’offre la mer. Et même un peu plus dans les terres, on peut profiter de pépites naturelles comme les marais de l’Audomarois.
– C’est kif-kif en termes de transport : si certains de ces nouveaux habitants ont fait le choix de chercher un emploi sur la côte, d’autres ont décidé de continuer à travailler dans la métropole lilloise. Alors que le secteur autour de la capitale des Flandres est réputé pour ses embouteillages aux heures de pointe, grâce à la ligne TERGV entre Lille, Calais et Boulogne, porte à porte, le temps passé dans les transports est quasiment identique. « C’est transparent pour moi, parce que je peux travailler dans le train », confirme François Delaunoy. Et, bien sûr, le télétravail a pesé dans la balance. Cette pratique qui s’est généralisée dans les entreprises à la suite du confinement, facilite la transition de ces nouveaux arrivants.
– On peut s’offrir plus grand pour moins cher : « L’immobilier dans la métropole lilloise flambe, sur la côte, pour le même budget, ces acheteurs peuvent s’offrir mieux », explique maître Samuel Delforge, notaire à Calais et membre de la chambre des notaires.
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