Publié le 06/06/2021 à 08h34
Lydia Berthomieu
À la sortie de l’hiver, la reprise de la végétation laissait entrevoir encore une année précoce. L’hiver a d’ailleurs été “plus doux que la normale”, assure le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (*). Mais l’arrivée d’une “grande masse d’air polaire” début avril a provoqué une dizaine de nuits de fortes gelées de printemps.Photo Marion Boisjot
Depuis, le temps a été globalement froid et pluvieux. “D’habitude en mai, on a plutôt des journées comme [lundi], commente Adrien Michaut, président de la Fédération de défense des appellations de Chablis. Cela fait avancer la vigne beaucoup plus vite”. “Depuis vendredi [28 mai], la remontée des températures a permis de donner du dynamisme à la pousse”, confirme l’observatoire du millésime du BIVB dans le bulletin de santé du végétal de la région, daté du 1er juin.
Gel dans les vignes : pourquoi cette vague d’avril 2021 semble pire que les épisodes de ces dernières années ?
“Ce sont une à deux nouvelles feuilles qui sont apparues depuis une semaine”. Dans l’Yonne, la végétation en est actuellement au stade de deux à trois feuilles étalées, pour les secteurs les moins avancés, et de huit à neuf feuilles au maximum. Dans la région, les vignes les plus avancées atteignent onze feuilles étalées.
Ainsi, d’une parcelle à l’autre, il y a de grande différence : entre celles qui ont gelé ou pas, celles dont les contre-bourgeons ont pu se développer (plus tardivement que les bourgeons primaires donc), et celles qui ont été touchées par la grêle. “Ces deux dernières semaines, il y a eu à peu près une dizaine d’épisodes de grêle, poursuit Adrien Michaut, à Maligny, Beine, Chemilly, Villy… Là où c’est le plus marqué, c’est à Milly et Lignorelles. C’est un coin qui n’avait pas trop subi le gel”.
En février 2021, on craignait un avancement précoce de la végétation dans l’Yonne
“On parle tous de 1991, qui était une année de gel comme celle-ci. Mais a priori en 1991, après le gel, il y avait eu du beau temps et des journées chaudes, donc la vigne avait pu ressortir des bourgeons plus facilement. Cette année, on peut s’attendre à une récolte pire qu’en 1991”. D’autant que le stress causé à la vigne par ces conditions climatiques peut entraîner un phénomène de filage. “Comme il a fait froid, les grappes se transforment en vrille. On observe en ce moment quelques épisodes”, poursuit le vigneron qui attendra de voir si cela se confirme dans les deux prochaines semaines. “Si les quelques grappes qui restent se transforment en vrille…”, craint le vigneron, qui comme ces confrères attend la formation des grappes pour estimer ce que pourrait être le rendement de cette année “compliquée”.Photo Marion Boisjot
Désormais pour permettre à la végétation de s’épanouir, il faudrait “de la chaleur et pas trop de pluie”. Les fortes précipitations perturbent en effet le travail dans les parcelles, notamment de désherbage mécanique.
Mais déjà, le vigneron de Beine estime : “par rapport à une année précoce, il y a un mois de retard. Et par rapport à la moyenne des vingt dernières années, on est en retard d’une à deux semaines”. Or ce retard des stades d’avancement de la vigne pourrait se répercuter sur toute la saison. Dans la configuration actuelle, la floraison pourrait arriver “à la fin du mois de juin, entre le 20 et le 30 juin”, évalue Adrien Michaut. En 2020, la date moyenne de la floraison avait été le 26 mai dans le Chablisien. Mais elle se situait autour du 16 juin en 2019. Or cent jours après la floraison, arrivent généralement les vendanges. “On peut espérer vendanger fin septembre, début octobre”. Soit bien après celles de 2020, débutées fin août dans l’Yonne. Mais, là encore, plus proche de l’année 2019 ou la moyenne se situait au 12 septembre. 

*Une note du BIVB à retrouver en pdf ici.

Lydia Berthomieu
lydia.berthomieu@centrefrance.com
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