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Scandale en Espagne. Dans un entretien publié par le quotidien El País, José Barrionuevo, l’ancien ministre de l’intérieur du gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez, a reconnu son implication dans les attentats commis au Pays basque nord dans les années 80.
L’aveu a suscité l’émoi de l’autre côté des Pyrénées. Dans une interview accordée au journal El País , l’ancien ministre de l’Intérieur espagnol José Barrionuevo a reconnu ses liens avec le GAL, quarante ans après les faits. Entre octobre 1983 et juillet 1987, ces Groupes Antiterroristes de Libération ont perpétré une quarantaine d’attentats, dont près de trente assassinats, notamment à Bayonne et Hendaye. Les attentats commis par ces groupes clandestins, créés par de hauts fonctionnaires du ministère espagnol de l’Intérieur, visaient des membres ou des proches de l’ETA vivant au Pays basque nord. Des personnes n’ayant aucun lien avec l’ETA ont également été assassinées et séquestrées. 
José Barrionuevo a été condamné à dix ans de prison pour son implication dans la prise d’otage de Segundo Marey, un habitant d’Hendaye séquestré par erreur. L’ancien ministre de l’Intérieur avait été libéré trois mois après son incarcération. Dans l’entretien filmé publié par El País, José Barrionuevo se targue d’avoir ordonné la prise d’otage de Jose Maria Larretxea Goñi, présumé membre de l’ETA à Hendaye en 1983. “Il était très grand et nos hommes n’avaient pas réussi à le faire entrer de force dans le coffre d’un véhicule. Des gendarmes qui passaient par là avaient fait capoter l’opération. Quelque temps après, nous avions pris en otage Segundo Marey, un habitant d’Hendaye. Mais par erreur. Et lorsque nous nous en sommes rendus compte, neuf jours après, c’est moi qui ai ordonné sa libération” conclut avec le sourire José Barrionuevo.
“L’honneur de nos proches assassinés doit être restauré”
En 1983, dans le Petit Bayonne, des mercenaires avaient enlevé deux militants basques du Gipuzkoa, Joxean Lasa et Joxi Zabala. Quelques années plus tard, leurs corps ont été retrouvés enterrés au sud de l’Espagne. L’ancienne députée de Ahal Dugu/Podemos, Pili Zabala est la sœur du militant disparu. Suite aux déclarations de l’ancien ministre, elle a lancé un appel aux spécialistes du droit international. “Nous devons présenter devant la justice les personnes qui pendant des années ont agi en toute impunité. Nous les victimes, nous devrions enfin avoir un statut juridique spécial. Nous devons récupérer notre dignité. L’honneur de nos proches qui ont été assassinés doit être restauré. Cela donnerait de la sérénité aux familles des victimes du GAL, car nous ne sommes toujours pas reconnues. Les attentats du GAL n’étaient pas un simple hasard. C’était le résultat d’une stratégie bien préparée depuis le ministère de l’Intérieur espagnol. Les déclarations de l’ancien ministre font l’apologie du terrorisme et cela devrait être considéré comme un délit”.
Xabier Manterola est militant et conseiller municipal à Hendaye. En 1985, il avait été blessé dans un attentat à la voiture piégée à Bayonne. L’affaire avait été classée sans suite. Pour Xabier Manterola, pas de surprise. “Ce que vient de dire monsieur Barrionuevo n’est pas nouveau pour nous. Depuis longtemps, nous avons dénoncé la mainmise des services secrets espagnols, avec le soutien des politiques et aussi de certains fonctionnaires de police. Ce sont eux qui ont fait naître le GAL et la guerre sale. Le sourire de Barrionuevo est un mépris total pour tous. S’il devait le refaire, je pense qu’il le ferait sans aucun problème”.
Au Pays basque sud, la gauche indépendantiste critique le silence de la droite, des juges et des principaux médias espagnols. Le parti socialiste d’Euskadi et le gouvernement autonome basque dénoncent “une tentative d’humiliation des victimes du GAL”.
COVITE et la Fondation Fernando Buesa , deux des principales associations de victimes de l’ETA qualifient les faits “d’indignes et d’inacceptables”. Selon elles, défendre et justifier la guerre sale contre l’ETA est tout simplement inconcevable dans une véritable démocratie. 
Les députés du Parti Nationaliste Basque et d’EH Bildu élus au Congrès à Madrid vont demander des explications au gouvernement espagnol. La gauche abertzale a même demandé la comparution de l’ancien ministre. L’actuel ministre de l’Intérieur Fernando Grande Marlaska considère que les mots de son prédécesseur José Barrionuevo sont “d’une extrême gravité, car il se réfère à des attentats terroristes”.
L’ancien sénateur du PNV Iñaki Anasagasti a rappelé qu’il y a quelques années, la gauche et la droite espagnole s’étaient mises d’accord pour dissoudre la commission parlementaire qui devait interroger José Barrionuevo. L’ancien ministre de l’Intérieur était alors député et ses proches portaient un badge en soutien de l’élu qui, aujourd’hui, reconnaît ses liens avec le terrorisme d’état contre l’ETA
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