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Les Turcs vont pouvoir souffler. L’inflation galopante dans le pays semble en perte de vitesse cet hiver. La hausse des prix à la consommation a ralenti pour le second mois consécutif, à 64,3% sur un an en décembre contre 84,4% en novembre et 85,51% en octobre, selon les données officielles publiées ce mardi. Le pic atteint en octobre a même atteint un niveau inédit depuis juin 1998.
Pour autant, l’optimisme est mesuré car ce reflux de l’inflation s’explique par un « effet de base », les prix ayant continué à augmenter ces deux derniers mois, mais moins fortement qu’un an plus tôt ou l’inflation était déjà forte.
D’autant que les chiffres officiels sont contestés par les économistes indépendants du Groupe de recherche sur l’inflation (Enag), selon lesquels la hausse des prix s’est établie à 137,5% sur douze mois en décembre, contre 170,7% en novembre. Pour rappel, l’inflation dans la zone euro (les 20 pays à avoir adopté la monnaie unique) est de 10%, quand elle est de 7,1% (CPI) aux Etats-Unis.
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À l’origine de cette inflation incontrôlée : des taux directeurs sans cesse abaissés. L’an dernier, ils avaient déjà diminué pour passer de 19% en septembre 2021 à 14% en décembre. Restés stables entre janvier et juillet 2022, ils ont à nouveau été abaissés par la banque centrale chaque mois depuis août. Le principal taux turc a notamment été ramené à 9% en novembre contre 10,5% précédemment, tandis que la Banque centrale européenne a augmenté ses taux de 2,5 points de pourcentage et la Réserve fédérale américaine de 3,5 points, depuis le printemps 2022. Ce choix de politique monétaire hétérodoxe a contribué à faire chuter la livre turque de 31,91% depuis le 1er janvier 2022, sachant que la devise avait déjà dévissé de 44% en 2021.
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Si la Turquie s’est entêtée à maintenir une telle politique monétaire, à l’opposé des décisions des autres banques centrales, c’est parce que le président Erdogan estime que les taux d’intérêt élevés favorisent l’inflation. En outre, selon le chef d’Etat, les baisser revient à encourager la croissance, l’emploi et les exportations en détriment de la stabilité des prix. Et ce, car Turquie a privilégié ces dernières années un modèle économique qui repose largement sur la consommation et l’investissement encourageant de vastes projets immobiliers, et qui serait donc mise à mal par une hausse des taux d’intérêts.
Mais la fuite en avant du président turc semble être en bout de course. Le 24 novembre, le Conseil de la banque centrale turque a, en effet, estimé que le taux directeur était arrivé « à un niveau suffisant au regard des risques croissants concernant la demande mondiale », selon un communiqué de l’institution qui a donc « décidé de mettre fin au cycle de baisse des taux d’intérêt entamé en août ». La période de baisse des taux semble donc toucher à sa fin face à une grogne grandissante dans la population. « Bien que la consommation et la croissance restent fortes – bénéficiant notamment du rebond après la crise du Covid-19- beaucoup de catégories de la population sont touchées de plein fouet par la hausse des prix », expliquait à La Tribune Rémi Bourgeot, économiste et chercheur à l’IRIS.
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Face à la crainte d’un revers électoral lors de la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 18 juin, l’actuel président multiplie les gestes en faveur de la population. Le salaire minimum turc a par exemple été relevé pour la troisième fois en un an au 1er janvier, de 55%, à 8.500 livres turques (455 dollars), et le gouvernement doit annoncer ce mardi une nouvelle hausse des salaires des fonctionnaires et des retraites. Dans le même temps, Recep Tayyip Erdogan a martelé sa volonté d’enfin combattre l’inflation. « Notre objectif est de ramener notre pays à des taux d’inflation à un chiffre l’année prochaine » en 2024, a déclaré la semaine dernière le président turc. Ce dernier avait cependant déjà promis de ramener l’inflation sous les 10% « le plus vite possible », en janvier 2022, tout en enchaînant une série de baisses des taux directeurs les mois suivants.
(Avec AFP)
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