« Je pense que c’est l’histoire qui veut ça et pas uniquement les politiques de QBO, lance d’emblée, modeste, Alain Decourchelle, vice-président de QBO chargé, entre autres, de l’habitat. Les Quimpérois ont toujours eu cette volonté de bien aménager leurs maisons, ont été rigoureux en la matière. Il faut savoir que ce sont des économies derrière ».
Se basant sur les données de l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), NamR, un producteur de données géolocalisées, a réalisé un classement des villes de plus de 1 000 habitants comptant le moins de logements énergivores. Dans le Finistère, Quimper se situe à la troisième place avec 32,71 % de logements énergivores, derrière Brest (27,37 %) et Milizac-Guipronvel (24,04 %).
« Nous sommes sur un territoire qui a construit beaucoup de maisons récentes qui, par définition, sont aux normes. C’est vrai, aussi, qu’il y a une politique d’aide importante, depuis des années. L’Opah-RU (Opération programmée d’amélioration de l’habitat de renouvellement urbain) a porté ses fruits au point que nous avons lancé, cette année, au mois de mars, une nouvelle Opah sur l’ensemble des quatorze communes de QBO », poursuit Alain Decourchelle. L’opérateur Soliha a été missionné par QBO pour accompagner les propriétaires sur l’éligibilité de leurs projets.
Dans le cadre de sa politique locale de l’habitat, QBO mène, depuis les années 2000, diverses actions favorisant la rénovation et l’amélioration du parc de logements privés sur son territoire. La collectivité avait mené, en 2014 et 2015, une étude approfondie qui avait mis en évidence des indicateurs préoccupants concernant la dégradation du bâti. 786 logements vacants en centre-ville de Quimper (14 % du parc) et 806 immeubles présentant des signes de dégradations (25 % du bâti). Ce constat, pesant sur la qualité de vie, l’attractivité et les conditions de logement au centre-ville, a incité la collectivité à enclencher la vitesse supérieure.
Ainsi est née, en 2016, l’opération « Quimper, Cœur de ville ». « Il s’agit de travailler sur des logements dits dégradés et remettre sur le marché des logements vacants », résume Pierre Ulliac, chef de projet pour Urbanis qui anime le dispositif. Depuis le début de sa mission, Urbanis a accompagné une trentaine de projets par an. « Nous travaillons avec les propriétaires à ressources modestes que nous accompagnons de manière administrative et technique jusqu’à la demande de versement de subventions ». Des subventions venant majoritairement de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) mais aussi, dans une moindre mesure, de la collectivité, de caisses de retraite ou de mutuelles. Le périmètre retenu est celui du centre-ville élargi : cœur historique et avenues pénétrantes.
Le Réseau Tyneo est la déclinaison locale de l’espace conseil France Rénov’, un service national. « Même si, en raison du bouclier tarifaire, le particulier ne voit pas encore tant que ça la répercussion du coût de l’énergie sur ses factures, c’est, néanmoins, une vraie préoccupation des ménages. Nous avons une forte demande depuis 2019 », constate Nicolas Kerloch, responsable du pôle transition énergétique à Quimper Cornouaille Développement dont fait partie le Réseau Tyneo. Il s’adresse à ceux qui n’entrent pas dans les critères de ressources et de localisation établis pour bénéficier de l’aide d’Urbanis. Par exemple, MaPrimeRénov’ permet à tous de financer des travaux de rénovation énergétique. Cette prime est versée par l’Anah.
« Actuellement, la capacité prochaine de pouvoir louer des biens en fonction de leur capacité énergétique questionne beaucoup de bailleurs », souligne-t-il. En effet, le 1er janvier 2023, les logements les plus énergivores seront interdits à la location. Les logements dont la consommation d’énergie finale dépasse « 450 kilowatt-heure par mètre carré de surface habitable et par an » ne pourront plus être loués, selon un décret du 11 janvier dernier.

Logements énergivores : le chantier breton

La loi Climat et résilience se consacre à la lutte contre les passoires énergétiques en interdisant la location des logements les plus énergivores, progressivement à compter du 1er janvier 2023. L’interdiction de la hausse des loyers des passoires thermiques s’applique depuis le 24 août. « Beaucoup de bailleurs s’inquiètent car, très majoritairement, l’énergie qu’ils mettent en œuvre dans leurs logements, pour des raisons de sécurité principalement, c’est l’électricité. Sauf que l’électricité est pénalisée lors du DPE », souligne Pierre Ulliac, chef de projet pour Urbanis. Alors que l’électricité n’est pas forcément considérée comme une énergie polluante. « L’électricité n’émet pas de fumée car sa production vient du nucléaire. C’est d’ailleurs ce qui est mis en avant par la France concernant les émissions de gaz à effet de serre ». Mais on ne se pose pas la question des déchets nucléaires, par exemple. « Quand on voit ce qui se passe à Brennilis, on comprend bien que ce n’est pas si simple », conclut-il.
« L’analyse des data porte sur les DPE (diagnostic de performance énergétique). Lors d’un DPE on regarde ce que l’on appelle l’énergie primaire. C’est l’énergie de la source jusqu’à l’utilisateur. Il y a une très grande différence entre l’électricité et le gaz. Pour une unité de chauffage, on a un équivalent de un pour le gaz et de 2,56 pour l’électricité. Par conséquent, toutes les communes qui n’ont pas de gaz de ville vont apparaître dans le haut du classement comme des villes énergivores », tient à préciser Pierre Ulliac, chef de projet pour Urbanis à la lecture du classement réalisé par NamR et publié dans Le Télégramme. A contrario, les villes de taille moyenne dans lesquelles les habitants peuvent se chauffer au gaz de ville vont apparaître dans le haut du classement. D’où, Brest en seconde position et Quimper en troisième.

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