L’actualité à portée de main
Abonnement à partir de 1€
Sorties – Loisirs
Maria de Medeiros : “Avignon ponctue ma vie…

Par Fabien BONNIEUX
  Photo Ange Esposito
1/2
 
2/2
Recevez chaque semaine toute l’actualité de votre région
Un oiseau fragile. Une petite chose dont les ailes auraient du mal à se déployer dans ce monde si empesé. Ça, c’est pour la première impression. Erronée. Et pas qu’un peu. Maria de Medeiros, lorsqu’elle se présente devant vous, avec sa voix fluette, sa silhouette sylphide et son air de ne pas y toucher, transbahute avec elle un torrent de soyeuse sérénité.
Se conformer à l’image apparente serait sans doute une poussive méprise. Car sans cesse les doigts dans la prise créative depuis trois décennies, cette actrice et réalisatrice portugaise a montré qu’elle avait du répondant. “Quand j’ai réalisé ‘Capitaines d’avril’ (sorti en 2000 et primé dans de nombreux festivals), je devais diriger des centaines de figurants, dans un contexte tendu (le film se passe au Portugal lors de la Révolution des oeillets, ndlr).”
Une anecdote censée raconter qu’elle est certes cet écrin de douceur au long cours. Mais pas que. À 52 ans, Maria de Medeiros a un parcours fort peu linéaire, même si les films d’auteur dessinent au fil du temps les contours d’un désir multilingue. À ce jour, celle qui parle six langues, a tourné dans plus de 80 films, portugais, français, brésiliens, ou américains. Les cinéphiles ne l’ont pas oublié depuis “Henry & June” (1990) mais surtout depuis “Pulp fiction” (1994), qui la fit entrer dans une autre dimension. Les jurys des plus grands festivals, aussi, lui font montre d’une admiration sans bornes, avec, en tête de gondole, le prix d’interprétation reçu à la Mostra de Venise (pour “Deux frères ma soeur”, ndlr).
Un jour à Lisbonne, sa ville natale, un autre à Paris, la cité de son coeur, un troisième au Brésil, “le pays frère“, Maria file à toute allure d’un port d’attache à une maison-refuge. Avec une classe éternelle, il faut bien l’avouer. Artiste pour la paix Parmi les villes françaises où elle se sent chez elle, et dont elle connaît la lumière de chaque ruelle, Avignon figure au sommet. “Cette ville ponctue ma vie depuis 30 ans “, raconte-t-elle, avec un enthousiasme juvénile. “Quand je suis venue jouer la première fois, en 1985, pour le Festival d’Avignon, c’était à Villeneuve, “La nuit des rois”. J’étais encore élève à l’École de la Rue blanche (Paris). Depuis, Avignon est un de mes fils conducteurs. J’étais, jusqu’en 2008, la marraine du festival du film indépendant créé par Jerry Rudes. À chaque fois que je reviens ici, je redécouvre cette ville fascinante à travers ses petites rues médiévales qui vous emmènent on ne sait où.
L’an dernier, elle a vécu un mois en centre-ville de la cité des papes, pour répéter la pièce “Les Bêtes”, qu’elle a ensuite créée au Théâtre des Halles, sous la direction d’Alain Timar. “Je jouais une femme très riche, une sorte de fauve, qui s’ennuie avec son mari, et qui invite chez eux un SDF.” Et d’ajouter : “Alain Timar est le seul metteur en scène qui sait coudre (rire). Il est très à l’écoute de ce que les acteurs ont à proposer. Il n’est pas dans une perspective de plaquer sur les acteurs une idée préconçue. Et puis, il est conscient de l’importance du langage corporel dans l’espace.”

Et aussi Christophe Cazenove, un Istréen créateur de gags en série

A chaque fois qu’elle revient à Avignon, l’actrice-réalisatrice a des adresses chéries. “J’aime siroter un thé à la Mirande, un havre de paix où je profite du silence et où je voyage dans les pensées. Récemment, j’ai découvert un restaurant fabuleux, ‘Entrée des artistes’, place des Carmes. Non seulement c’était délicieux mais en plus j’ai pu parler portugais avec le chef qui a vécu à São Paulo, au Brésil.” Elle poursuit par un désarmant : “Vous êtes journaliste, vous devez connaître Philippe, qui est journaliste à ‘La Provence’. C’est un copain.” Lequel ne démentira pas l’information, ultérieurement, racontant, avec Maria de Medeiros et les autres, ces longues séances de pétanque-apéro jusqu’au bout de la nuit, pendant le feu festival avignonnais de cinéma indépendant, lequel vit passer Tarantino entre autres futurs grands.
Fille d’une journaliste et d’un père compositeur-chef d’orchestre, l’artiste a, très tôt, connu le nomadisme. Sa famille lisboète fuit la dictature de Salazar et part vivre à vienne, en Autriche. Un demi- siècle plus tard, elle déclare : “Je crois peu aux frontières, dans l’art comme dans la vie, le repli identitaire est une route qui mène à l’ignorance.” Le genre de déclarations qui ont sans doute poussé l’Unesco à la nommer très officiellement artiste pour la paix. C’était il y a dix ans déjà, en 2007. Une fois de plus, se conformer à l’image béate d’une artiste polie et souriante qui dirait, le cœur sur la main, que “La guerre, c’est moche” ou que “Les gens doivent se mélanger”, ne correspond pas à la réalité de cette comédienne, sans cesse portée vers un ailleurs salutaire.
Preuve s’il en faut, au printemps dernier. Maria de Medeiros jouait, sur la scène du Théâtre de l’Odéon, une pièce de la sulfureuse Christine Angot, qui plus est dans les méandres de la relation tumultueuse mère-fille. Dans “Un amour impossible”, elle donnait la réplique à bulle Ogier. “Christine Angot avait commencé à nous lire la pièce lors d’une réunion de travail à Avignon à l’été 2016. Il y a eu des changements jusqu’à la veille de la première, ce qui est difficile mais exaltant. J’avais l’impression de travailler avec Molière !” A nos yeux, chez Jean- aptiste Poquelin, Maria de Medeiros serait, de toute évidence, une femme savante.
Oui, c’est vrai, c’est une rencontre humaine et artistique qui a réellement changé ma vie.” Début de l’été 1992. À Avignon, la comédienne Maria de Medeiros vient présenter un film au festival franco-américain du film indépendant créé par Jerry Rudes. Entre projections en salles obscures et parties de pétanque endiablées en plein soleil, la comédienne portugaise rencontre un réalisateur américain de 29 ans, alors inconnu, qui présente son tout premier long-métrage, le génialissime “Reservoir dogs”. “Avec Quentin Tarantino, on a rapidement eu une amitié cinéphilique, on passait des heures à discuter de cinéma, de ce qu’on aimait, de ce qu’on n’aimait pas.
Féru de cola, le yankee Tarantino squatte alors le McDo de la rue de la République pour aller se rassasier en breuvage pétillant. Le soir, avec d’autres invités du festival du film, dont le réalisateur culte Samuel Fuller (à qui on doit “Shock corridor”, ndlr) et Maria de Medeiros, tout ce petit monde passe, “éthyliquement”, aux choses sérieuses, dans un palace du centre-ville… Quatre mois plus tard, en octobre 1992, De Medeiros et Tarantino se recroisent au festival de São Paulo (Brésil). Bingo, c’est à elle que le metteur en scène proposera le rôle de Fabienne, la petite amie de Bruce Willis, dans son prochain film, “Pulp fiction”. Mai 1994 : le film obtient la Palme d’or à Cannes. Avignon a joué son meilleur rôle : celui d’entremetteur.
Extrait du magazine Gens du Sud n°65, disponible sur notre boutique en ligne pour 3,50€.
Audiences télé : France 2 en tête avec la série judiciaire “Le code”
Marseille : la série “Pax Massilia” réalisée par Olivier Marchal recherche des figurants
Netflix annule la suite de “1899”, la nouvelle série des créateurs de “Dark”
Audiences télé : beau succès pour son lancement de la série “Vortex” sur France 2
Télé : Fanny Cottençon et Didier Bénureau, nouveau couple de “Scènes de ménages”
César 2023 : l’Académie mettra en retrait toute personne accusée de “faits de violence”
Audiences 2022 : le leader TF1 au plus bas malgré le Mondial, à 18,7% de part d’audience
“Les Guignols de l’info” pourraient faire leur retour sur une web TV
Votre journal numérique disponible sur tous vos supports.
Vidéo : à Marseille, des boulangers débordés par la hausse des prix de l’électricité
Des établissements scolaires évacués après des menaces d’attentat sur internet, dont un à Marseille
Le Tholonet : Alain espère retrouver le propriétaire d’une enveloppe d’étrennes oubliées à un distributeur
Toute l’actu directement par mail

source

Catégorisé: