Publié le 01/10/2022 à 09h30
Véronique Sellès
L’année du bicentenaire du diocèse de Sens et d’Auxerre s’ouvre à Sens, samedi 1er octobre 2022. Sens en premier, puisque c’est bien la cité du nord de l’Yonne qui fut le siège du diocèse primitif dont les racines plongent profond, au cœur du IIIe siècle, avec les évêques fondateurs, les martyrs Savinien et Potentien. Auxerre se chargera d’en célébrer la fin, le 29 mai 2023. 
Impossible de célébrer le diocèse restauré en 1822 sans évoquer les grandes heures de l’archidiocèse métropolitain de Sens, “l’une des plus illustres circonscriptions religieuses de la France ou du moins de l’ancienne France”, souligne Nicolas Tafoiry, archiviste diocésain.
Un vaste territoire caractérisé au début du VIe siècle par la fameuse devise CAMPONT, acrostiche des initiales des sept évêchés qui le composent : Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers, Troyes.
À l’époque carolingienne, il est écrit dans les Chroniques de Clarius que “Mgr Anségise, archevêque de Sens, obtint du très saint pape Jean et de l’empereur Charles qu’il serait le premier après le pape et exercerait la primatie sur toute la Gaule et la Germanie”.
Au XIIe siècle, durant près de trois ans, Sens devient le cœur de la chrétienté en accueillant le pape Alexandre III, chassé de Rome par l’empereur Barberousse. Un siècle marqué par l’édification de la première cathédrale gothique (1135-1164), mais aussi le palais synodal qui devient archiépiscopal avec Gauthier Le Cornu en 1223. Ce même Gauthier III qui unit Louis IX à Marguerite de France en 1234 en la cathédrale Saint-Étienne et reçoit la couronne d’épines destinée à la Sainte-Chapelle en 1239.
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Enjambons quelques siècles pour évoquer Paul d’Albert de Luynes (1703-1788). Ami du Dauphin Louis, il recueille le dernier souffle de celui-ci à Fontainebleau en 1765 avant, en tant qu’aumonier de la Dauphine, d’accompagner celle-ci dans la mort en 1767. “Une amitié qui vaut à la cathédrale de Sens d’abriter le superbe mausolée”, rappelle Bernard Brousse, spécialiste de l’édifice religieux.
En 1788, le glas sonne pour le cardinal de Luynes… et la fin de l’archidiocèse, bientôt démantelé par les révolutionnaires. La province ecclésiastique de Sens disparaît au profit d’une province de Paris dont le diocèse de Sens devient suffragant. Sens parvient toutefois à sauver le siège épiscopal, tandis que le chef-lieu de département est octroyé à Auxerre. Dont le diocèse se réclame de la figure séculaire de saint Germain, qui fonda l’abbaye en 422, mais aussi le premier monastère dédié aux saints Cosme et Damien, puis à saint Marien. Difficile de passer sous silence Pontigny, fondée en 1114 par Thibaud IV de Champagne et considérée comme la seconde fille de Cîteaux.
À la suite du Concordat de 1801, qui rétablit le culte catholique en France, le pape Pie VII supprime l’archidiocèse de Sens. Son territoire est incorporé à celui du diocèse de Troyes, maintenu pour les départements de l’Aube et de l’Yonne. Le titre d’archevêque de Sens est joint à celui d’archevêque de Paris.
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Avec la Restauration et Louis XVIII, l’archevêque de Sens, Mgr de La Fare, retrouve son siège en 1821. Un an plus tard, il devient évêque d’Auxerre en mémoire. 
En conflit avec l’empereur Frédéric Barberousse, le pape Alexandre III, chassé de Rome, est accueilli à Sens le 30 septembre 1163 par l’archevêque Hugues de Toucy et le roi de France Louis VII. D’après le cardinal Boson qui l’accompagnait, le pape “vint séjourner dans la ville de Sens parce que cette ville était une métropole des plus fameuses et était située dans une contrée fertile et d’accès facile”. Il se dit aussi que ce choix aurait été lié au fait que le pape était originaire de Sienne, ville fondée par les Gaulois Sénons et qu’il “se crut chez les siens en adoptant momentanément pour patrie la souche de la sienne”. Le 18 avril 1164, Alexandre III consacre un autel aux apôtres Pierre et Paul dans le chœur de la cathédrale Saint-Étienne toujours en chantier. Le 26 avril, le pape consacre l’église de l’abbaye royale de Sainte-Colombe-lès-Sens que l’abbé Eudes vient d’achever. La chronique du monastère rapporte que les fêtes se célébrèrent avec une telle ferveur que le nombre de pèlerins atteint en un seul jour les 30.000 ! Enfin, comment ne pas évoquer l’autre fameux exilé, l’archevêque de Cantorbéry. S’opposant au roi d’Angleterre Henri II, Thomas Beckett débarque en France et se dirige vers Sens pour rencontrer le pape qui l’accueille, entouré de ses cardinaux, comme en témoigne ce tableau accroché dans une chapelle de Saint-Étienne. Le pape rejoint Rome en avril 1165.
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Programme du samedi 1er octobre
De 14 h 30 à 17 heures, forum des associations catholiques sur le parvis de la cathédrale Saint-Étienne. Deux jeux de piste pour les enfants : “Juste la première” pour les 4 ans et plus et pour les 7 ans et plus. Rendez-vous au stand catéchèse.
À 14 heures, récital d’orgue par Luc Paganon, organiste de la cathédrale.
À 14 h 50, concert avec l’équipe du Renouveau charismatique sur le parvis de la cathédrale et alentours (en fonction des conditions climatiques).
À 15 heures, conférence “Les grandes heures de l’ancien diocèse de Sens” par Bernard Brousse, historien de Sens et spécialiste de la cathédrale Saint-Étienne, à la chapelle de La Persévérance.
À 15 et 16 heures, stand vitrail avec les Musées de Sens pour un groupe de quinze enfants. Rendez-vous au stand catéchèse.
À 15 h 10, moment musical avec la Famille missionnaire Notre-Dame sur le parvis et à proximité de la cathédrale.
À 15 h 30, les Petits Chanteurs de l’Étoile sur le parvis et autour de la cathédrale.
À 15 h 50, chorale de la cathédrale de Sens.
À 16 heures, conférence “Le diocèse de Sens et d’Auxerre : quelques repères” par Nicolas Tafoiry, archiviste diocésain, à la chapelle de La Persévérance.
À 16 h 10, moment musical avec les Guides et scouts d’Europe sur le parvis et autour de la cathédrale.
À 16 h 30, la chorale Saint-Michel.
À 16 h 45, les sœurs franciscaines du Cœur immaculé de Marie.
À 16 h 55, moment musical avec l’ensemble des formations.
À 17 h 30, messe.
À 18 h 30, pique-nique au marché couvert.
À 20 heures, spectacle retraçant en une douzaine de tableaux “Les grandes heures du diocèse”, avec une soixantaine de participants à la cathédrale Saint-Étienne de Sens.
Véronique Sellès
veronique.selles@centrefrance.com

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