La préfecture des Deux-Sèvres avait interdit la manifestation, craignant la formation d’une ZAD. En pleine sécheresse historique, 3000 à 4000 défenseurs de l’écologie se sont tout de même réunis ce samedi à Sainte-Soline, contre le projet d’une nouvelle réserve d’eau destinée à l’irrigation agricole. Le chantier a commencé en septembre. L’objectif des organisateurs ? « Réussir à atteindre la bassine, à enlever toutes les grilles qui protègent le chantier, à reboucher le début du trou, empêcher la reprise des travaux », selon un tract diffusé sur place.
Répartis vers 14 heures en trois cortèges, les manifestants se sont très vite heurtés aux 1 500 gendarmes déployés pour protéger le chantier. Selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, 61 gendarmes ont été blessés, dont 22 « sérieusement ».
61 gendarmes ont été blessés, dont 22 sérieusement. Ce chiffre démontre que ce n’était pas une manifestation pacifique mais un rassemblement très violent. J’espère que toutes les forces politiques républicaines condamneront ces violences. https://t.co/vQVNAIL2Xx
Des gaz lacrymogènes ont été lancés. Beaucoup de manifestants étaient, selon France Bleu et France 3, vêtus de noir et cagoulés. Peu après 15 heures, les grilles du chantier de la réserve d’eau ont été forcées par les protestataires. Une partie d’entre eux a même réussi à pénétrer à l’intérieur.
Projet de #bassines dans les Deux-Sèvres : 4000 opposants réunis et affrontements violents avec les gendarmes. Les manifestants ont pénétré le chantier. @FabienNouvene notre journaliste est sur place. pic.twitter.com/zjXnUfJ3qC
Mais deux heures plus tard, les militants près des bassines ont été évacués.
Au moins trois manifestants, touchés à la tête, au nez et à une jambe, ont été blessés. Parmi eux Julien Le Guet, l’un des porte-parole du collectif « Bassines Non Merci » qui avait appelé à manifester, avait le visage bandé et un filet de sang le long du nez après une brève interpellation.
Les cortèges ont tous atteint le chantier de la bassine Sainte Soline. Julien Leguet porte parole de #BassinesNonMerci s’est fait salement matraqué par les FDO. pic.twitter.com/WrOscf0y3E
Six personnes ont été interpellées. « Nous constatons des jets de mortier, de boules de pétanque et de cocktail molotov », énumérait devant la presse la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée, rappelant que la manifestation était interdite. Selon elle, il y aurait 3000 à 4000 manifestants « violents ». Vers 16h30, les militants se sont dispersés et la situation s’est calmée.
Bassine à 100 mètres côté manifestant.e.s.
Déploiement des renforts côté forces de l’ordre.
Tentative de couper le cortège en deux.

Nous on reste calmes. Mais déterminés.#BassinesNonMerci #StopBassines pic.twitter.com/pquUOMntmA
Le collectif « Bassines Non Merci », qui rassemble près de 150 associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet « accaparement de l’eau » destiné à l’« agro-industrie », espérait 10 000 personnes. Selon Julien Le Guet, porte-parole du collectif, plus de 2 000 personnes étaient déjà arrivées vendredi soir.
Certains ont planté leur tente dans le campement installé depuis mardi sur le champ prêté par un paysan, à proximité du chantier. La plupart des manifestants sont arrivés à pied pour contourner les restrictions de circulation dans la zone.
Des dégradations et des heurts entre gendarmes et manifestants avaient émaillé un précédent rassemblement en mars, et les autorités craignent que les opposants à la méga bassine ne s’installent durablement, comme d’autres l’avaient fait sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Une interdiction de circuler et de stationner pour les personnes venues de l’extérieur a donc été ajoutée mercredi. Le référé intenté par la CGT et le syndicat Solidaires contre les arrêtés de la préfète a été rejeté vendredi par le tribunal administratif de Poitiers.
Environ 200 élus, avocats ou professeurs ont dénoncé un manquement à « la liberté fondamentale de manifester » dans une tribune publiée par Libération. Parmi les signataires, des élus insoumis ou écologistes comme Mathilde Panot, Clémentine Autain, Alexis Corbière ou l’eurodéputé Yannick Jadot, qui est à Sainte-Soline ce samedi, accompagné de Sandrine Rousseau et Lisa Belluco, la députée EELV de la Vienne.
« Il faut sortir de cette agriculture qui accapare l’eau pour quelques cultivateurs de maïs », a reproché sur Twitter l’ancien candidat à l’élection présidentielle. « Leurs mots sont agro-industrie, productivisme et fermes-usines. Les nôtres sont nature, biodiversité, cycle de l’eau, respect, partage », a appuyé la députée de Paris.
En soutien à la mobilisation #BassinesNonMerci pour que l’eau reste un bien commun, partagé et non une source de profit accaparé.
Beaucoup de monde.
Leurs mots sont agro-industrie, productivisme et fermes-usines. Les nôtres sont nature, biodiv. cycle de l’eau, respect, partage. pic.twitter.com/ECiGBDQ5K2
La réserve de Sainte-Soline est la deuxième de seize réserves de substitution qui doivent voir le jour sur la Sèvre Niortaise et le Mignon, dans les Deux-Sèvres, la Vienne et la Charente-Maritime, au cœur d’un projet élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l’eau, pour « baisser de 70 % les prélèvements en été », dans cette région qui connaît encore des restrictions d’irrigation après une sécheresse estivale hors norme.
Ces cratères à ciel ouvert, recouverts d’une bâche en plastique, sont remplis grâce au pompage de l’eau des nappes phréatiques superficielles l’hiver et peuvent stocker jusqu’à 650 000 m3, l’équivalent de 260 piscines olympiques. Cette eau est utilisée pour l’irrigation l’été, quand les précipitations se font plus rares.
Les opposants dénoncent des « méga bassines » réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l’exportation et défendent la mise en place d’autres mesures pour mieux partager et préserver l’eau.
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a estimé ce samedi sur France Inter qu’il s’agissait d’une « alternative », le temps que les consommations d’eau baissent.
Christophe Béchu, ministre de la transition écologique, à propos de la nouvelle manifestation dans les Deux-Sèvres contre les mégas bassines : “La mobilisation se comprend dans la finalité, mais on a la moitié des départements encore en situation de sécheresse”#le69inter pic.twitter.com/SvoXsybnyG
Il s’est étonné des « tensions nouvelles alors qu’on entre dans la phase de chantier » quatre ans après un « plan signé par tout le monde », agriculteurs, élus, autorités et associations, au terme d’une concertation qui conditionnait l’accès à l’eau à des changements de pratiques (réduction des pesticides, plantation de haies, conversion à l’agroécologie).
Mais sur dix agriculteurs utilisant la première retenue, « aucun n’a souscrit de réduction de pesticides », selon Vincent Bretagnolle, spécialiste d’agroécologie au CNRS à Chizé (Deux-Sèvres) et membre du comité scientifique et technique de suivi (CST) du projet, interrogé par l’AFP. En réaction, plusieurs associations se sont déjà retirées du protocole.
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