Le manque de foin impacte bon nombre d'éleveurs de l'Hérault, en cette période estivale. 
Nul besoin d'être en expert pour se rendre compte qu'il n'a pas plu depuis longtemps dans les prés. La couleur terne et blanchâtre de l'herbe en est une preuve bien visible. "Quand on arrive devant le pré et que l'on voit ce désert, c'est à vous faire sauter au plafond", explique André Vitou, gérant de la manade du Levant sur la commune de Marsillargues. Depuis le mois de juin, l'herbe manque et ce manadier, exploitant agricole et éleveur, puise dans ses ressources hivernales pour nourrir son bétail. "La majorité des manadiers du coin sont également dans ce cas", déclare-t-il, l'air grave. 
Taureaux et chevaux manqueront-ils de foin dès la rentrée ? Si André Vitou semble avoir trouvé une solution avec un collègue agriculteur du département pour ses 200 bovins et trente chevaux, il s'inquiète pour ceux qui ont déjà des difficultés à se réapprovisionner. "On est sur deux tonnes par jour en hiver, ce qui représente approximativement 50 000 à 60 000 euros à débourser par an." Un prix qui pourrait être revu à la hausse dans les mois à venir. "Tout le monde est en demande, on ne sait plus où chercher pour en trouver, et à quel prix on pourra l'acheter. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on n’arrivera pas à mai prochain à cette allure."

André Vitou, inquiet pour la rentrée de septembre.
André Vitou, inquiet pour la rentrée de septembre. Midi Libre – ANASTASIA BARBARENKO

Une épreuve supplémentaire à surmonter, après deux années de covid, particulièrement difficiles pour la profession. "On est coupé dans notre élan. On a dû demander de l'aide pendant la crise sanitaire. Maintenant qu'on pensait laisser ça derrière nous, on se retrouve de nouveau face à une problématique qu'on ne sait pas comment régler." 
Les manadiers connaissent pourtant un été plutôt fructueux. Les fêtes votives battent leur plein depuis début juillet et les communes comptent sur leurs services pour attirer du monde. "On sent un vrai engouement autour des fêtes cette année, les gens ont besoin de sortir et de penser à autre chose", souligne André Vitou, qui perçoit une volonté des comités et des municipalités de soutenir les éleveurs de la région. "Les prix des prestations ont augmenté, ce qui nous permet de compenser de notre côté. On est très sollicités, on est dans le rush comme on dit."
Au cœur de la Camargue, les manadiers maintiennent un pan très large des traditions locales. Entre tourisme et sauvegarde des espèces, le monde de la bouvine participe activement à faire vivre le territoire. "La race des taureaux Camargue est une race relique, menacée. Il n'existe que 15 000 têtes, toutes régions confondues. Alors nous espérons vraiment ne pas devoir en éliminer cette année." Sous sa casquette de membre de la fédération des manadiers, André Vitou espère pouvoir compter sur les pouvoirs publics. "J'ai confiance. Ils nous ont prouvé qu'ils nous soutenaient pendant la crise du Covid-19, que ce soit au niveau de la Région Occitanie, des Communautés de communes de Lunel ou du Pays de l'Or, et des municipalités, comme Mauguio par exemple."
Des aides financières seront sûrement nécessaires pour permettre aux manadiers de garder la tête hors de l'eau. Il y a quelques jours, Jérôme Bertrand, de la manade du Gardon, annonçait ne plus sortir son bétail sur les manifestations votives, sous les fortes chaleurs, alors que les quantités de foin s'amenuisent. 
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