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À 79 ans, la propriétaire d’une villa à La Garde a fait expulser des squatteurs. Une procédure qu’elle avait déjà lancée en 2018. Elle nous raconte son calvaire et son soulagement.
“SOU-LA-GÉE”. C’est le premier mot qui vient à cette grand-mère de 79 ans, dont la maison située à La Garde était squattée depuis fin septembre. Soit la deuxième fois en quatre ans. Ce vendredi, elle a appris que les occupants avaient quitté les lieux, soumis à un arrêté préfectoral confirmé par le tribunal administratif de Toulon. Dans la foulée, elle a fait bloquer toutes les entrées pour éviter une nouvelle intrusion. “Ils ont tout cassé en partant. Remarquez, ça évitera des travaux de démolition”, en plaisante-t-elle, aujourd’hui. Pourtant, il n’y avait pas de quoi en rire.
“Je ne pensais pas pleurer. Mais là, je pleure”, nous avait confié quelques jours auparavant cette propriétaire, qui attendait de prendre sa retraite dans le Var après avoir fait carrière en Martinique. Connue dans le milieu de l’immobilier, celle-ci tient à garder l’anonymat. Nous l’appellerons par son troisième prénom Joséphine. “J’ai vécu un cauchemar, lâche notre interlocutrice, qui touche 870 euros de retraite mensuelle. J’avais mal à la tête. J’étais crevée, crevée, crevée. Mais dans deux trois mois, je serai dans mon nouveau chez moi. Enfin.”
Rembobinage. Le 25 septembre, ce sont des voisins de La Garde qui la préviennent d’une nouvelle intrusion. Aussitôt, elle porte plainte en Bretagne, où elle était en transit chez un de ses fils. “Ça suffit maintenant. Sans mes enfants, je ne sais pas où je dormirais, lance-t-elle, alors. À l’aéroport?”
Joséphine fait également appel à sa sœur varoise pour accompagner la police sur place et constater la situation au plus vite. “Pour avoir la loi de notre côté, il fallait que la procédure soit lancée avant 48 heures, précise celle qui a effectué les démarches sans aide juridique. Je me bats depuis que j’ai 16 ans. Et à bientôt 80 ans, je vais devoir encore me battre.”
Ses squatteurs, nous les avions rencontrés. Hamidovic (Croate de 32 ans) et sa femme Amela (Bosniaque de 28 ans), nous avaient présenté leurs six enfants, âgés de 10 mois à 11 ans, avant de nous guider de pièce en pièce insalubre, qu’ils commençaient à “retaper” à coups de peinture et de papier peint.
“On a sorti tous les meubles détériorés et des tas de poubelles qu’on a jetés à la déchèterie, racontait le jeune père de famille dans un français approximatif. Il y avait même des cacas de chien partout et des seringues. On a mis deux jours pour ouvrir la maison et dix jours pour la nettoyer.” Sans papier, ce dernier vit de déménagements “payés au noir”.
Pas vraiment le profil de voyous. “On vivait tranquillement à Mulhouse dans un appartement avec quatre chambres loué 800 euros grâce aux aides de la CAF, mais on m’a tout coupé début juillet”, déplorait Amela en attente de son passeport bosniaque et du renouvellement de son titre de séjour français.
Cet été, elle a habité quelques jours dans le studio de sa mère près de Tours, avant d’être logée par d’autres membres de la famille dans le Sud-Est, “au soleil”. C’est là qu’ils tombent sur la maison de Joséphine, qu’on leur présente comme “ abandonnée depuis 20 ans”. Ils pensent alors pouvoir remettre l’eau et l’électricité, n’imaginant pas une expulsion si rapide.
Recontactée le jour de leur départ, Joséphine poursuit son récit: “Cette maison, je l’ai payée avec mes tripes. Je rêvais d’y recevoir mes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Mes amis aussi. Au lieu de ça, je voyais l’horloge tourner. Il ne me reste plus beaucoup de temps.”
Pour notre retraitée, l’enfer a commencé en mars 2018, juste après une lourde opération du cœur qui avait déjà repoussé son projet de nouvelle vie de plusieurs années. À l’époque, son jardinier l’avertit, “par hasard”, de l’occupation illégale de sa maison de 120m2. “Il a trouvé la porte d’entrée fracturée”, a-t-elle rapporté à la police.
Partout, des “traces d’occupation”. “Cinq hommes avec leur femme squattaient là, poursuit Joséphine, née à Toulon en 1943. Ils ont cassé mes beaux meubles pour faire du feu et trafiqué l’arrivée d’eau. J’en ai eu pour près de 5.000 euros de facture.”
La justice ordonne finalement l’évacuation des lieux pour fin novembre 2019. Quand la propriétaire découvre les dégâts, des mois plus tard, c’est un nouveau choc. “J’étais effrayée. Ma maison était devenue épouvantable, déplore la septuagénaire qui en avait fait l’acquisition en 1992, d’abord pour la louer puis pour s’y établir. À l’intérieur, je retenais ma respiration. Les chiens avaient fait leurs excréments sur les tapis. Et à l’extérieur, il y avait ceux des squatteurs.”
S’ensuit une procédure conflictuelle avec son assurance afin d’être indemnisée, l’obligeant à mandater un huissier et un avocat. Après des mois de bataille, elle obtient réparation mais “pas à la hauteur du préjudice”. “Ils m’ont proposé 47.000 euros, juste de quoi remplacer les fenêtres”, se rappelle notre interlocutrice, qui n’a rien lâché. Jusqu’à mi-septembre de cette année, où les deux parties tombent sur un accord. Juste avant le deuxième squat.
“Combattante”, Joséphine nous a accordé son témoignage pour “aider les autres personnes” dans son cas: “J’aimerais monter un collectif à travers la France. Malgré ma petite santé, j’ai un fort caractère. Je pense à ceux ou celles qui sont plus faibles. On pourrait, par exemple, abriter les propriétaires victimes de squat. Les guider, les aider. Ou mettre en place une collecte pour des nouveaux meubles. Il y a plein de choses à faire.”
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