02 janv. 2023
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Sur ce territoire aux multiples enjeux entre littoral et montagne, les maires de Grosseto-Prugna-Porticcio, Albitreccia et Pietrosella ne sont pas franchement menacés par l’échéance des municipales de 2020. Éclairage.
Paradoxalement, c’est peut-être le plus âgé d’entre eux, Henri Antona, le maire de Coti-Chiavari, 84 ans, qui malgré son demi-siècle de mandat pourrait être stoppé net pour cause d’opposant, une première au long cours de son odyssée politique.
Pour les trois autres maires des plus grosses communes de la rive sud que sont Grosseto-Prugna-Porticcio, Albitreccia et Pietrosella, en revanche, les fauteuils de premier magistrat ne devraient pas changer d’occupant, sauf incident de parcours toujours possible mais dont le risque semble, néanmoins, limité.
Valérie Bozzi, Pierre-Paul Luciani et Jean-Baptiste Luccioni, les trois sortants qui briguent un nouveau mandat devraient ainsi pouvoir mener une campagne ciblant la continuité des projets de développement de leur commune respective, tout en gardant un oeil sur leur adversaire potentiel, comme ce fut le cas en 2014 pour chacun d’entre eux. Actuellement, seule la maire de Grosseto-Prugna – Porticcio enregistre une liste d’opposition.
Porticcio, un boulevard pour Valérie Bozzi
À Grosseto-Prugna – Porticco, siège de la communauté de communes de la pieve de l’Ornano et chef-lieu de l’ex-canton Taravo Ornano (qui administrativement existe toujours, ndlr), Valérie Bozzi – devenue conseillère territoriale, présidente du groupe La Corse dans la République, dans l’intervalle de son deuxième mandat décroché en 2014 – se représente face aux 3 500 habitants comptabilisés au dernier recensement, dont 450 sur Grosseto.
Une commune sur laquelle persiflent les détracteurs du premier magistrat, la maire a beaucoup ( trop) fait construire côté littoral.
Une critique que Valérie Bozzi démonte tranquillement arguant que “ce reproche est très subjectif dans la mesure où nous avions un plan d’occupation des sols qui a été révisé régulièrement avant qu’il ne tombe comme l’ensemble des autres POS et que la commune ne s’attelle à l’élaboration d’un plan local d’urbanisme (PLU). De surcroît, nous avons besoin de diversifier l’offre de l’habitat sur Porticcio où il n’y avait que du résidentiel, et nous avons souhaité, effectivement, faire du petit collectif à des prix attractifs dès lors qu’il y avait une vraie difficulté à trouver des locations à l’année sur Porticcio. Cetteoffre manquait incontestablement. Ceci étant, en dix ans de mandat, un seul permis a été attaqué par U Levante sur la commune, je ne pense donc pas avoir fait des choses aberrantes. J’ai aussi recruté un urbaniste conseil au sein de la mairie, parce qu’il m’apparaît important de justifier les zones constructibles, d’autant que Porticcio est un hameau qui s’est développé sans centre-ville historique et que nous avons, de fait, construit ex nihilo en densifiant au fur et à mesure le centre-ville que l’on connaît aujourd’hui”.
Pour cela, il a notamment fallu redéfinir les espaces stratégiques agricoles et proposer une nouvelle cartographie dont la démarche de validation est en cours.
Par ailleurs, en matière de concession des plages, accordée par l’État, la commune fait figure de précurseur depuis douze ans.
Face à la sortante, Louis Giordani (il siège dans l’opposition avec deux autres conseillers sur un total de vingt-trois), qui s’était déjà aligné sur la grille de départ en 2014, sera à nouveau candidat (il s’en était ouvert dans notre édition du 4 novembre 2019), sans étiquette mais de sensibilité politique de centre-droit. Un slogan à la clé, “Le devoir d’agir autrement !”
En revanche, pas de liste nationaliste en vue, ce que Valérie Bozzi explique par le fait que “les nationalistes, au regard d’une élection qu’ils connaissent peu pour ne l’avoir pas vraiment pratiquée, ont préféré se recentrer sur les grandes villes comme Ajaccio et Bastia. Et apparemment, ils n’auront guère de candidats estampillés comme tels sur les autres communes de la com’com”.
Pietrosella, Jean-Baptiste Luccioni devrait convaincre à nouveau
À quelques encablures littorales de là, à Pietrosella, Jean-Baptiste Luccioni, élu depuis 2001 sous une bannière gauche autonomiste, repart, lui aussi en campagne auprès de quelque 1 500 habitants qui vivent sur une commune particulièrement bien équipée en services publics et infrastructures.
Crèche, école, stade, salle des fêtes, bibliothèque-médiathèque maillent le territoire, “une ambition première pour faciliter l’implantation et l’enracinement des familles”.
Le credo du maire ? Trouver les bons points d’équilibre.
Entre autres, en ce qui concerne l’aménagement du territoire et la répartition entre résidences secondaires et principales. “En 2001, lorsque j’ai été élu, la commune comptait 60 % de résidences secondaires et 40 % de résidences principales, aujourd’hui on est à 55 % et 45 %, nous avons un peu rééquilibré , l’objectif étant de pouvoir être a minima à 50 % de résidences principales et a maxima à 50 % de résidences principales à l’horizon 2030″.
La commune fait partie des rares en Corse à avoir réussi à bâtir et faire valider un PLU opérationnel depuis 2007 et dont la révision en cours devrait être terminée en 2021. En outre, elle a fait une bonne opération en récupérant au printemps 2019 la concession des plages avec des autorisations renouvelables à six ans.
Ce à quoi tient également Jean-Baptiste Luccioni, c’est “garder une âme à la commune, un enjeu majeur à mes yeux. Faire en sorte de cultiver au fil des ans un sentiment d’appartenance à une communauté et, surtout, être vigilant de manière à ne pas devenir une commune dortoir”.
Avec le Padduc, le maire est d’autant plus à l’aise qu’il en était le rapporteur dans la précédente mandature, celle de Paul Giacobbi, qui a élaboré, sous la houlette de Maria Guidicelli, le document fondateur en matière d’aménagement du territoire pour la Corse. “Chaque élu doit s’approprier la vision générale du Padduc et la décliner de manière à ce que chaque territoire ait son identité propre. Il n’empêche qu’il y a des endroits sur la commune où le Padduc s’oppose à ce qui pourrait être la volonté du conseil municipal mais il faut prendre acte que certains espaces identifiés doivent être protégés”.
Au sein du conseil municipal de quinze élus, toutes les couleurs politiques se mêlent, “là encore, nous avons bien conscience de travailler ensemble pour l’intérêt des habitants de Pietrosella. Et les deux élus de l’opposition – en 2014, aux dernières municipales, Jean-Baptiste Luccioni avait eu une opposition forte avec la liste conduite par Stéphane Antona, ndlr – ont d’ailleurs été constamment associés. Je crois que sur une commune de 1 500 habitants, on ne fait pas de politique générale, même si on décline une vision collective”.
Comme à Grosseto-Prugna, aucune liste nationaliste ne devrait se positionner.
“J’ai travaillé à la fois au niveau de la commune et au niveau régional avec les nationalistes et nous nous sommes retrouvés sur les grands principes de l’aménagement du territoire, je l’évoquais avec le Padduc, du coup, à partir du moment où cela fonctionne, il n’y a pas de raison qu’une liste d’opposition nationaliste ait envie de se constituer. Personnellement, je privilégie le compromis chaque fois que possible et au final cela nous permet d’oeuvrer ensemble en bonne intelligence”. En agrégeant le meilleur de chacun.
Albitreccia, Pierre-Paul Luciani en piste depuis 1977
À Albitreccia, où Pierre-Paul Luciani préside aux destinées de la commune depuis 1977, ce sont 2 200 habitants qui retourneront aux urnes en mars prochain. “Le conseil municipal (19 conseillers, ndlr) a décidé de remettre cela en 2020, estimant qu’il y avait encore du travail et visiblement après prise de pouls auprès de mes administrés, ces derniers se disent contents de cette décision”.
Comme en 2014, une liste d’intérêt communal -“Union de la majorité communale” – sera en lice dans deux mois et demi. Avec notamment, un fil conducteur consistant en la recherche de “niches d’activités aussi bien économiques que sociales, culturelles ou environnementales afin de permettre à la commune de continuer à progresser en continuant à créer de l’emploi et des logements pour que des jeunes puissent s’installer”.
En attendant, les enfants feront pour la première fois leur rentrée à Albitreccia en septembre prochain dans une école toute neuve.
En 2014, le maire avait eu un opposant en la personne de l’ancien conseiller territorial nationaliste, Paul Quastana, qui siège aujourd’hui dans l’opposition avec trois autres de ses colistiers. Les semaines à venir diront si celui-ci compte à nouveau mener sa propre liste. Une démarche qui s’inscrirait dans un contexte neuf dès lors que les nationalistes sont désormais aux responsabilités, à la tête de la Collectivité, depuis décembre 2015.
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