Cet été, quand Cécile est allée cueillir des fruits et légumes dans le potager de sa maman Brigitte, en Seine-et-Marne, le sol était tapissé de petites capsules blanches. « Au milieu des courgettes et des framboises, ma mère avait jeté ses dosettes de café biodégradables. Mais après des mois passés dehors, elles ne s’étaient pas du tout dissoutes dans la terre », observe cette banlieusarde, qui met elle-même un point d’honneur à fabriquer son propre engrais de jardin à partir de déchets organiques.
À la lecture de l’avis rendu ce mardi 29 novembre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), Cécile risque une nouvelle désillusion, elle qui recycle dans son terreau maison des sachets de thé et des sacs de course en plastique estampillés « biodégradables ». Car l’Anses recommande purement et simplement de « proscrire les matières plastiques du compost domestique ».
« Plus d’un Français sur trois recycle ses déchets dans des composteurs domestiques ou collectifs, explique l’Anses. En plus d’y mettre les épluchures de légumes, certains y ajoutent des déchets plastiques, et notamment des sacs plastiques à usage unique dits biodégradables ou compostables. Or, la dégradation totale de tels matériaux n’est pas garantie dans ces composteurs. »
Ce qui peut conduire à ingérer des morceaux de plastique (censés être dégradés naturellement sous l’action de micro-organismes) non digérés par le temps lorsqu’ils ont été répandus sur des terres cultivées. « L’emploi des composts peut alors présenter un risque pour l’être humain comme pour l’environnement », souligne l’Anses.
« Même pour celles se revendiquant biosourcées, biodégradables ou compostables, il n’est pas garanti que ces matières plastiques se dégradent totalement dans les composteurs domestiques, d’autant plus qu’il est difficile d’en maîtriser les conditions de fonctionnement, explique Aurélie Mathieu, adjointe à la chef de l’unité des risques liés aux substances chimiques. De ce fait, lors de l’épandage par un particulier d’un compost dans son potager pour cultiver des légumes, par exemple, une contamination de l’environnement ou des cultures locales ne peut être exclue. »
« Cette contamination peut provenir des différents constituants des matériaux ou de microplastiques issus de leur dégradation, ajoute Stéphane Leconte, coordonnateur de l’expertise à l’Anses. Les constituants concernés peuvent être des polymères, des monomères résiduels, des additifs ou des charges inorganiques présentant des dangers potentiels aussi bien pour la santé humaine que pour l’environnement. »
Le président de l’Association française des compostables biosourcés (AFCB) n’est pas surpris de cet avertissement de l’Anses. « Pour bien fonctionner, le processus de compostage maison exige une gestion très rigoureuse, demande de vérifier la température et de retourner la terre deux fois par semaine alors que les gens se contentent souvent simplement de déposer leurs déchets organiques sur un tas au fond du jardin », observe Christophe Doukhi de Boissoudy.
C’est pourquoi l’AFCB recommande aux consommateurs qui utilisent des matériaux à base de plastiques biodégradables de « les mettre plutôt dans le bac jaune au même titre que tous les plastiques conventionnels ». « En revanche, si votre commune organise une collecte de déchets alimentaires de cuisine vers une filière de compostage industriel, alors vous pouvez mettre vos sacs compostables avec les biodéchets. »
L’Anses ne dit pas autre chose, elle qui recommande de « privilégier le compostage industriel pour toutes les matières plastiques ». « Comme mon mari a toujours été un peu sceptique sur la dégradabilité des sachets de thé bio, je me contentais jusqu’ici de les recycler dans l’engrais destiné aux fleurs de notre jardin, mais je ne l’aurais pas fait pour un potager », admet Cécile.
« Afin d’interdire toute allusion, voire incitation, à mettre des matières plastiques dans un compost domestique », l’Anses recommande de modifier la réglementation et de revoir le système encadrant le compostage industriel et domestique. Elle propose notamment « d’instaurer une norme unique intégrant une évaluation de la biodégradabilité dans tous les milieux de l’environnement » et de fixer « des critères plus contraignants tels que l’absence de perturbateurs endocriniens, de substances cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques ».
Guide Shopping Le Parisien
Jeux Gratuits
Mots fléchés
Mots coupés
Mots croisés
Mots mêlés
Kakuro
Sudoku
Codes promo
Services
Profitez des avantages de l’offre numérique
© Le Parisien

source

Catégorisé: