Le coup est terrible pour David Grigorciuk, qui exploite un espace test à la zone des Nebouts de Prigonrieux (Dordogne). Jeudi 2 juin, en arrivant à son exploitation, ce maraîcher a découvert un paysage de désolation. « Les courgettes sont hachées, les melons sont bons à jeter, les plants de tomates, d’aubergines : tous sont fichus. »
Ce matin-là, entre 6 et 7 heures, un orage d’une rare violence a remonté d’ouest en est la vallée de la Dordogne. Plus que les 1 000 éclairs recensés en trente minutes par Météo France, c’est la grêle qui a durement éprouvé le territoire. Au-delà des carrosseries de…
Ce matin-là, entre 6 et 7 heures, un orage d’une rare violence a remonté d’ouest en est la vallée de la Dordogne. Plus que les 1 000 éclairs recensés en trente minutes par Météo France, c’est la grêle qui a durement éprouvé le territoire. Au-delà des carrosseries de voitures ou des salons de jardins, ce sont les activités agricoles qui ont particulièrement souffert.
Au Jardin des Nebouts, « les pépinières en verre ont été atomisées », constate David Grigorciuk. Dans les serres, les semis ont été un peu protégés, mais le compte n’y est plus : « Pour en faire repartir, on va compter sur la solidarité des maraîchers alentour. » Mais pour lui, pas question d’assurer la vente à la ferme qui était programmée vendredi 3 juin. « Et il va falloir que je voie ce que je fais pour le marché de Prigonrieux. »
« C’est toute la production des mois qui viennent qui est en péril, explique David Grigorciuk. C’est du chiffre d’affaires qui ne rentre pas et des circuits commerciaux qui sont brisés. » Lui qui se lançait avec cet espace test a vu « des centaines d’heures de travail parties en fumée ». « Cela ne remet pas en question mon projet, mais ça le rend plus difficile et compliqué », indique-t-il.
Les vergers aussi ont souffert. Quelques heures après le passage de la grêle, c’était l’heure des comptes pour la société Castang et ses 380 hectares de pommiers. Les fruits de ceux qui n’étaient pas protégés par des filets « ne sont plus commercialisables sous cette forme », regrette le directeur Jean Champeix. Ils seront mis en valeur sous forme de jus ou de compote. »
Ailleurs, certains filets n’ont pas tenu le coup, « à cause du vent ou du poids de la grêle ». Son verger est déployé sur plusieurs communes, mais il estime que « c’est à Lamonzie-Saint-Martin que c’est le plus tombé ». Après le gel record du début du mois d’avril, « ça fait beaucoup », soupire-t-il.
Dans les vignes, le bilan est plus contrasté. Celles situées dans le fond de la vallée et sur ses flancs ont pris de plein fouet l’orage. Vigneron à Creysse dans l’appellation pécharmant, Éric Chadourne a été « plutôt épargné ». « Mais à Mouleydier et surtout à Saint-Sauveur-de-Bergerac, il y a eu des vignes grêlées à 100 %. »
Au sud, à Pomport, sur les coteaux du monbazillac, Anthony Castaing est à peine rassuré : « Les grappes n’étaient pas complètement formées. La même chose sur les grains un mois plus tard, cela aurait été catastrophique. » Il n’empêche : « L’épisode stresse les vignes et il faut voir ce que cela donnera sur les rameaux des bois de taille de l’année prochaine », ajoute-t-il.
Maire de cette commune située sur les hauteurs, il a vu arriver l’orage de loin : « La cellule était spectaculaire. Elle venait de Sainte-Foy-la-Grande [NDLR : Gironde] et remontait la vallée. Sur les hauts de Pomport, les grêlons étaient très épars, mais plus on se rapprochait de la vallée, plus c’était intense. »
En dessous, Gardonne et Lamonzie-Saint-Martin étaient sous les trombes. Pascal Delteil, premier magistrat de la première, a observé « des grêlons jusqu’à la taille d’œufs de pigeons ». Du « jamais vu » pour cet enfant du village. Son homologue de Lamonzie, Thierry Auroy-Peytou, évoque « presque des balles de tennis » qui auraient été précédées « d’une tempête de sable ».
À Bergerac, Jonathan Prioleaud parle de 17 véhicules de la mairie à la carrosserie touchée. Surtout, la grêle a haché les feuilles qui sont venues obstruer les avaloirs, empêchant l’écoulement des eaux. Plusieurs rues de la ville ont donc été inondées, comme celle du port, fermée durant une demi-heure. Les dégâts sont suffisamment importants pour préparer une demande de déclaration de catastrophe naturelle : « Les habitants doivent tout recenser, prendre des photos, souligne Jonathan Prioleaud. Cela sera utile pour les assurances et pour étoffer notre demande. »

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