Ce matin-là, la journée de Patrick Le Roux commence à l’espace Louison Bobet de Quiberon. Le maire de la petite commune balnéaire du Morbihan, située à la pointe de la presqu’île du même nom, accueille aujourd’hui un groupe de “renforts saisonniers”, des jeunes qui vont prêter main-forte aux pompiers, à la gendarmerie ou aux sauveteurs en mer pendant le mois d’août. L’océan est tout proche, et les cris des goëlands et des mouettes ponctuent discours et applaudissements.
Pendant que nouveaux arrivants et agents déjà en place font connaissance autour d’un café, Patrick Le Roux s’échappe quelques instants vers la Grande Plage, un endroit qu’il affectionne particulièrement sur la presqu’île. “Au fond, vous avez Port Maria qui est le port de départ pour Belle-Île et là-bas, vous apercevez le célèbre château Turpault qui complète le paysage et en fait l’une des plus belles baies du monde”, décrit-il en pointant chaque élément de paysage du doigt, sourire aux lèvres. “C’est une plage magnifique dont l’ambiance change tout au long de la journée : le matin très tôt, on y trouve les gens qui cherchent un endroit paisible, la journée ce sont les familles avec leurs enfants, et le soir les jeunes qui viennent discuter entre eux. C’est l’endroit central de notre presqu’île, c’est ici que tout le monde se retrouve.”
Né en 1971 à Vannes, à 45 kilomètres de Quiberon, Patrick Le Roux a passé toute son enfance et son adolescence sur la presqu’île. Aujourd’hui, c’est là qu’il vit avec sa femme et ses deux enfants âgés de 11 et 15 ans. C’est aussi là qu’il est entré en politique, dans l’équipe municipale de Jean-Michel Belz, maire divers droite de la commune de 1995 à 2014. “J’avais 24 ans, c’était le moment des élections municipales”, se souvient-il, “Jean-Michel était le directeur du collège donc je le connaissais quasiment depuis toujours. Il savait mon amour pour Quiberon et mon envie de faire des choses ici donc assez naturellement, il m’a proposé de m’engager dans son équipe.” Avec ses yeux bleus et son sourire facile, Patrick Le Roux s’est rapidement imposé comme maire du “caillou”, comme les gens l’appellent ici. “Ceux qui m’ont connu enfant sont contents que ce soit “le p’tit Le Roux” qui ait été élu”, raconte-t-il en souriant.
En plus de son mandat, Patrick Le Roux est aussi professeur d’économie à l’université de Brest. Un métier qu’il ne voulait surtout pas abandonner et qui lui est bien utile pour gérer une commune à l’activité aussi contrastée que Quiberon. Car la petite commune balnéaire, réputée pour sa côte sauvage prisée des amateurs de surf, passe d’un peu plus de 4 600 habitants en hiver à près de 50 000 à la haute saison touristique. “C’est un mode de vie particulier”, décrit Patrick le Roux. “L’analogie avec les saisons est très juste, avec un moment où cela se ralentit, un moment où c’est plus dynamique. Mais ce mode de vie fait partie de mon identité comme de celle que tout Quiberonnais. Cette différence de rythme me manquerait si cela s’arrêtait.” D’autant que le tourisme représente une vraie manne financière pour la commune : “Il y a environ 400 entreprises avec de nombreux commerces très diversifiés, des restaurants, des hôtels, des entreprises du bâtiment aussi. Mais cela apporte aussi un réseau de résidences secondaires avec des gens qui vivent parfois six mois de l’année à Quiberon, qui ont envie de mener des projets, et donc une vie culturelle et associative très riche.”
Mais un tel afflux de touristes pose aussi de vraies difficultés, comme l’explique Lionel Juran, gérant du restaurant Le Triskell dans le centre-ville. “Les saisonniers nous demandent d’être logés, nos serveurs ou cuisiniers toute l’année ont des difficultés à trouver un appartement compte-tenu du prix de l’immobilier sur la presqu’île”, confie-t-il. “Il y a des gens qui arrivent ici pour passer leur retraite et qui ont des moyens sans commune mesure avec ceux des Quiberonnais. Le prix des maisons, des appartements flambent puisqu’il n’y a pas de produits et beaucoup de clients.”
Pour aider les professionnels à loger leur personnel, Patrick Le Roux et son équipe mettent à leur disposition un camping et ont aussi construit une résidence de jeunes travailleurs. Mais l’immobilier reste un problème sur la presqu’île. “Notre commune fait 883 hectares et la moitié est en zone naturelle protégée et doit le rester”, analyse l’élu. “Pour moi, c’est un vrai sujet aujourd’hui de contenir les résidences secondaires et on peut le faire par les règles d’urbanisme, par les règles fiscales également qui sont un peu naissantes en France mais qui commence à émerger pour pouvoir inciter davantage à la résidence principale qu’à la résidence secondaire.”
Autre défi posé par l’afflux de visiteurs avec la haute saison, et qui tient particulièrement à cœur de Patrick Le Roux, l’enfant du pays : préserver des espaces naturels, plages et dunes particulièrement fragiles. Grâce à la surveillance de brigades de police spécialisées ou d’associations de citoyens, la mairie de Quiberon s’emploie à dissuader des touristes indélicats de laisser leurs déchets derrière eux ou de prélever des plantes, des cailloux ou du sable nécessaire à l’équilibre de la dune.
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Quoi que très attaché à sa presqu’île, “comme une bernique à son rocher” comme il le dit en plaisantant, Patrick Le Roux est aussi très ouvert sur le monde. Il est régulièrement en lien avec le maire du Grand Bornand en Haute-Savoie, ville jumelée avec Quiberon. “Il y a de nombreux éléments de comparaison entre nos deux communes : la respiration entre saison touristique et basse saison, le recours aux saisonniers, la nécessaire sécurisation des pistes de ski pour eux et des plages pour nous”, détaille-t-il. Pour ses vacances, il se rend aussi régulièrement dans d’autres régions beaucoup plus au sud de la France, comme la Corse ou le Pays Basque. Toujours au bord de la mer donc, mais cette fois, de la Méditerranée.
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